Partielle au No 18
Le citoyen lambda ne semble toujours pas comprendre jusqu’à présent la précipitation de Roshi Bhadain vers une partielle de la circonscription no 18 basée principalement sur son désaccord avec le projet Metro Express dans sa forme à Quatre Bornes. Par contre, selon plus d’un et certains observateurs politiques, Il est vrai de dire que Roshi Bhadain a joint le geste à la parole. Un panache qui mérite d’être saluér de l’homme.
Sauf que Roshi Bhadain –jeune leader d’un jeune parti politique fondé il y a quelques mois – s’est clairement fait avoir – en voulant par un coup de poker se reconstruire une légitimité politique – principalement par le leader de l’opposition et le PMSD qui sous entendaient depuis [leur] démission du gouvernement lepep, allaient se soutenir mutuellement mais qui, après s’être concertés la semaine d’avant, ont décidé d’y aligner également un(e) candidat(e) pour la partielle… Et oui, le pauvre s’est fait berné en devenant avant tout le dindon de la farce.
On pourrait jacasser de manière interminable que la décision du PMSD d’aligner un (e) candidat(e) est synonyme du syndrome de la grenouille qui se prend pour un bœuf sauf que pour la vedette et le principal déclencheur de tout ce galimatias – le leader du Reform party – il se retrouve maintenant dans une élection partielle face à quasiment tous les partis de l’opposition de l’hémicycle , c’est-à-dire le Parti Travailliste, le MMM, le PMSD ainsi que quelques partis indépendants tel que Rezistans ek Alternativ et le Ralliement Citoyen de la patrie. A chaque parti politique d’aller, par la confrontation, au bout de ses idées afin de donner le meilleur de soi-même et de permettre aux citoyens de choisir en toute clarté. Une situation inattendue pour le jeune leader qui est clairement dû au manque de lucidité et de maturité politique d’un énergumène qui fit un temps – rappelons-le – partie de ce gouvernement comme le PMSD d’ailleurs pendant plus de deux ans et partie prenante des opérations et des décisions qu’ils dénoncent aujourd’hui quand ils sont passés de l’autre côté de l’hémicycle. En d’autres mots, Ils sont passés d’un silence qui était éloquent quand ils occupaient le « front bench » du gouvernement jusqu’à tout récemment à des gabegies qui ont considérablement affaibli la parole politique et rendu l’opposition de l’hémicycle biais. Un changement de langage et de loyauté qui ne semble absolument pas gêner les nouvelles vierges. Ce genre d’impulsion et de prise de risque inconsidéré par des gains hypothétiques pour une partielle fait que celui qui se bombait le torse quelque temps de cela tente aujourd’hui d’utiliser ses adversaires d’hier pour en faire des alliés de demain en comparant son coup de théâtre à une grande épopée indienne qui est la bataille du Mahâbhârata avec des arguments de pacotille vêtu d’un égo surdimensionné pour essayer de se redorer le blason.
Il est clair que tout ceci entraîne aujourd’hui une crise de confiance entre la classe politique et les citoyens avec des politiciens décrédibilisés ainsi qu’une idéologie politique qui ne signifie presque plus rien aux yeux des citoyens lambda. Ce qui est certain, c’est que l’election partielle du No 18 sera sans aucun doute– à moins que le MSM ou le ML décide finalement d’aligner un(e) candidat(e) – un élection entre une opposition qui a légitimement été élu en 2014 et une opposition opportuniste qui décida de quitter un gouvernement qui traine depuis son accession au pouvoir de multiples casseroles, miné par une succession de scandales, de passe-droits et de trafics d’influences, qui croule sous le poids d’une impopularité grandissante , en perte de vitesse et qui souffre d’une profonde crise de crédibilité. Bref un gouvernement qui après deux ans et demi n’a visiblement aucun bilan a défendre n’ayant pu trouver la clé pour faire repartir l’économie et créer un sentiment positif dans la population puisqu’il cherche toujours ses repères.
Mais comme disait Simone de Beauvoir : « Dans toutes les larmes s’attarde un espoir… » puisque les citoyens de Belle-Rose /Quatre Bornes auront l’occasion de redonner les lettres de noblesse à la politique avec en face de Roshi Bhadain et du PMSD [les exilés du gouvernement Lepep]… Un Arvin Boolell requinqué et en forme qui a été désigné à l’unanimité par le bureau politique du parti travailliste pour être candidat a la partielle au no 18 suite à la proposition du leader, le Dr Navin Ramgoolam. Lui qui avait, rappelons-le, en toute sincérité pour le bien-être du pays conseillé Roshi Bhadain de revenir sur sa décision sauf que malheureusement l’ego et l’arrogance ont dépassé le raisonnement -signe d’un manque de maturité politique. Ensuite nous avons Kugan Parapen, économiste et membre de Rezistans ek Alternative (candidat battu de la même circonscription lors des élections générales de 2014) et Alexandre Barbes-Pougnet, avocat et président du Ralliement citoyen de la patrie qui fera quant à lui son baptême de feu et qui ramènera un peu de fraicheur dans cette arène politique.
Bref, tout un espoir d’alternance et de renouveau à l’horizon afin de rééquilibrer le jeu démocratique et fausser l’arithmétique électorale. Eh oui, il se pourrait que cette élection partielle soit la dernière gare pour certain(s) puisque la décision d’aller vers une partielle pourrait leur(s) être fatale. Une période troublée, confuse, fébrile, où nombre d’acteurs politiques semblent avoir perdu tout repère et bon sens, diriez-vous ! Sauf que le coup de bluff n’est pas encore terminé puisqu’au moment de la démission de Roshi Bhadain, la présidente de l’assemblée nationale a entre 15 et 90 jours pour émettre un ‘writ’, suivi du ‘nomination day’ pour le dépôt des candidatures fixé entre 15 et 60 jours après la publication du writ pour enfin confirmer une date pour l’élection entre 15 et 90 jours plus tard. Ce qui nous ramène à un délai qui peut aller jusqu’à 240 jours pour cette partielle. Un délai qui nous pousse à poser la question suivante: Est-ce que le gouvernement ira-t-il de l’avant avec cette partielle ou tentera-t-il le tout pour le tout en allant vers des élections générales anticipées en alliance avec un des partis de l’opposition, avant une décision du Privy Council dans l’affaire Medpoint? Tout peut se jouer à la dernière minute ! Attendons voir…
Alexandre Laridon