Une décision irréfléchie qui aura certainement des conséquences

La rupture du bail du MTC au Champ-de-Mars par la mairie de Port-Louis ne sera pas sans conséquences sur les écuries, les employés du secteur hippique et le public turfiste. Ces derniers montent au créneau pour dénoncer une « décision irréfléchie ».

Nous avons eu la réaction du turfiste bien connu, Soun Gujadhur, l’un des propriétaires de l’écurie Gujadhur, qui est la plus ancienne écurie de Maurice. L’écurie Gujadhur avait importé son tout premier cheval en… 1904, et cela fait déjà environ 118 ans qu’il existe.

Soun Gujadhur nous indique d’emblée qu’il n’y a pas d’autre entité pour organiser les courses hippiques. « C’est malheureux de voir que le gouvernement prend de telles décisions ‘on the spur of the moment’. J’attends de voir qui sera le remplaçant du MTC au Champ-de-Mars et s’il pourra assumer la lourde responsabilité d’organiser les courses sur cet hippodrome et surtout, s’il est crédible ou pas », dit-il.

Par ailleurs, il nous explique que si les courses ne sont pas organisées, toutes les écuries de Maurice vont souffrir. « Les écuries ont encouru d’énorme dépenses pour se maintenir à flot. Les courses constituent notre source de revenus. Or, s’il n’y a pas de revenus, notre avenir sera très sombre. C’est inquiétant ce qui se passe en ce moment », souligne-il.

Soun Gujadhur est un habitué de longue date du Champ-de-Mars, et sent un pincement au cœur quand il pense à l’avenir du plus vieil hippodrome de l’hémisphère sud. « Sans les courses, le Champ-de-Mars sera comme un corps sans vie et il n’y aura pas d’ambiance », résume-t-il sombrement.

Les employés du MTC : « La situation est grave »

Poinen, un employé au Champ-de-Mars, nous explique que cela fait 10 ans depuis qu’il travaille ici. Il envisage son avenir sombrement. « Nous n’avons pas reçu notre paye pour le mois d’avril, et la situation s’aggrave », fait ressortir cet employé. Il dit qu’il ne comprend pas le problème et ne sait plus ce qui va se passer dans les jours à venir. Ce père de famille ne sait plus à quel saint se vouer.

Par ailleurs, Asraf, un autre employé, nous indique que cela aura même un impact sur l’économie du pays, qui sera paralysé si les courses ne reprennent pas bientôt. « Il faut à tout prix reprendre les courses », dit-il.

Les turfistes : « On a mis fin à ce qui constituait une passion pour bon nombre de Mauriciens »

Vyas, turfiste et parieur, pense que c’est une « décision irréfléchie » de la part du gouvernement. Pour lui, il y aura certainement un manquement en ce qui concerne les loisirs à Maurice. Il explique que les courses hippiques se tiennent les samedis et que de nombreux Mauriciens en profitaient pour venir les regarder, en famille ou entre amis. « C’était un moment agréable où beaucoup de Mauriciens se réunissaient pour assister aux épreuves hippiques, tout en soutenant leur monture favorite », fait-il ressortir.

 

« Du jour au lendemain, on a mis fin aux courses hippiques, qui constitue une passion pour bon nombre de Mauriciens. Normalement, lorsqu’il y a des courses, il y une ambiance et un charme extraordinaire qui règne au Champ-de-Mars. Dorénavant, il n’y aura plus de tout cela avec la décision qui a été prise par la municipalité de Port-Louis. On n’a pas pris en considération les turfistes ou le personnel de la MTC. Ce n’est pas possible de venir avec de telles décisions », dit-il.

Il se sent attristé quand il pense que cela fait plus de 200 ans que les courses sont organisées sur l’hippodrome du Champ-de-Mars. « J’ai le cœur brisé », lâche-t-il. « Il ne faut pas oublier la contribution de la MTC dans l’organisation des courses toutes ces années ».

En étant turfiste, il lance un appel aux autorités pour qu’une décision juste et rationnel soit prise. « Il faut agir dans plus de transparence et non pas réagir du jour au lendemain. Il fallait trouver une solution en discutant autour d’une table », dit Vyas. « On ne peut pas prendre des décisions qui met en péril notre patrimoine », dit-il.

Kevin, un autre turfiste qui fréquente le Champ-de-Mars depuis plus de 10 ans, fait lui aussi ressortir que c’est « triste » de voir une chose pareille. Il ne s’était pas attendu à un tel dénouement. Quand il était petit, son père avait l’habitude de l’emmener au Champ-de-Mars pour regarder les courses comme le Maiden Cup. Depuis, pour lui, venir au Champ-de-Mars constituait une forme de distraction et un moyen d’oublier ses soucis. « On ne sait pas si les courses se tiendront ou pas, mais je dois dire que le Champ-de-Mars faisait partie de ma vie », dit le jeune homme.