Vendettas vampiriques

Des millions de roupies par-ci, des milliards de roupies par-là. Mine de rien, d’importantes sommes des fonds de contribuables sont jetées par les fenêtres rien parce que ce gouvernement vampirique avait soif de vengeance. Une vendetta qui a été enclenchée avec l’affaire BAI. Le démantèlement du groupe de Dawood Rawat a coûté au peuple mauricien la bagatelle somme de Rs 25 milliards alors que le régime des Jugnauths, père et fils, nous avait promis que pas un seul sou ne sera pris des caisses de l’État pour colmater les dommages commis à l’économie.

Jusqu’ici, la culpabilité de Dawood Rawat, accusé de tous les maux du monde parce qu’il était jugé proche des Travaillistes bien qu’il ait également financé le MSM à plusieurs reprises, reste toujours à prouver. D’autres sommes astronomiques viendront sans doute s’ajouter à ces Rs 25 milliards une fois que Dawood Rawat et sa famille réclameront dommages et intérêts pour les préjudices subis. Et pour lesquels, ce petit peuple qui est déjà accablé par la hausse vertigineuse du coût de la vie, sera encore appelé à mettre la main à la poche alors que le gouvernement continuera à se la couler douce.

Le jugement du Privy Council en faveur de Betamax a encore une fois prouvé que le gouvernement avait tort d’avoir résilié ce contrat, qu’il ait été en béton ou pas. Le mutisme et la nervosité de certains au gouvernement, comme l’ont démontré le comportement violent et agressif de Bobby Hurreeram et Kailesh Jagutpal au Lunch Room de l’Assemblée Nationale jeudi suite à une plaisanterie de Shakeel Mohamed, sont très éloquents. Ils traduisent le malaise qui s’est installé dans les rangs de la majorité depuis le début de la semaine.

Même le bouillant Attorney General Maneesh Gobin, d’habitude si prompt pour se faire entendre, s’est muré dans un silence assourdissant. Pas de « tap latab » à l’issue de la PNQ sur ce dossier non plus. Ni n’a-t-on vu conférence de presse de Bobby Hurreeram et consorts, sauf celle où ce dernier et le ministre de la Santé admettent avoir « donne li seki bizin donner » en faisant référence au député travailliste Shakeel Mohamed. Pourtant, la population attend toujours à ce que le gouvernement lui présente des excuses pour ces Rs 6 milliards qui sortiront de ses poches et non des caisses du Sun Trust et pour lesquelles elle devra se sacrifier davantage pour rembourser.

Des excuses sont aussi attendues de la part de tous ces anciens ministres faisant partie de l’Opposition qui ont le culot de venir aujourd’hui prétendre « pas moi sa, li sa ». À commencer par Roshi Bhadain, Xavier Duval et Nando Bodha qui jouent à la vierge effarouchée sur ce dossier ces jours-ci, ainsi que les Vishnu Lutchmeenaraidoo et Alan Gayan qui sont désormais en retrait mais tout aussi responsables de cette décision collective prise par le cabinet ministériel. Sudhir Sesungkur, également ministre au moment où la décision de faire appel contre l’‘award’ de la Cour d’arbitrage de Singapour avait été prise, a le mérite de reconnaître, dans un entretien accordé à notre confrère l’express hier, que « tous ceux qui étaient au sein de cette alliance étaient d’accord avec cette décision de résiliation, avec Bhadain en tête ».

Que Duval, Bhadain et Bodha réclament maintenant une commission d’enquête ne relève que de la foutaise. Outre de bouffer davantage de fonds publics, une commission d’enquête n’est qu’une façon claire et nette de faire le jeu du gouvernement alors que le jugement du Privy Council stipulant qu’il n’y avait rien d’illégal dans le contrat est sans équivoque. C’est aussi un moyen de faire diversion sur leur rôle et implication, directs ou indirects, relatifs à ce dossier. Ils auraient été pris plus au sérieux s’ils étaient venus avec des propositions concrètes visant à faire passer les responsables à la caisse, même si ce n’est pas dans le présent cas puisqu’il est déjà trop tard, mais à l’avenir, au lieu de jouer à la politique de l’autruche.  

Au final, c’est la population qui souffre. Cruellement. Car elle voit clairement dans le jeu des politiciens. Elle aura compris que personne ne défend réellement ses intérêts. Elle s’indigne de la désinvolture avec laquelle elle est traitée. Elle suffoque parce qu’elle aura encore et encore à payer les pots cassés d’un gouvernement et d’une partie de l’opposition qui ne songent qu’à leurs intérêts personnels. Elle encaisse tout pour l’instant. Mais son heure viendra. Tôt ou tard, elle fera payer le prix fort aux responsables de ses malheurs.