[Violences domestiques en hausse] Ambal Jeanne : « L’éducation demeure l’une des solutions principales »

La semaine dernière, soit le lundi 13 novembre 2023, un cas de violence domestique a été signalé : Soovendra Sooriah, âgé de 42 ans, a ébouillanté son épouse Vilasha Sooriah, âgée de 39 ans, avec de l’eau chaude, à Camp La-serpe Moka. La victime a succombé à un choc causé par les brûlures subies. Pour rappel, elle avait été retrouvée morte sur son lit à son domicile.

Prisheela Mottee, la présidente de ‘Raise Brave Girls’, souligne que le problème de la violence domestique est systémique et culturel. Elle affirme qu’il est nécessaire d’examiner la situation de manière globale, en commençant par l’éducation de base dans les écoles. De plus, elle préconise l’introduction de cours de gestion émotionnelle à tous les niveaux. Au sein de ‘Raise Brave Girls’, la présidente plaide également auprès des autorités pour qu’elles proposent des cours et un soutien psychologique aux auteurs de crimes et aux victimes de violence domestique. Sur le plan juridique, l’ONG milite pour le renforcement des lois et la mise en œuvre du bracelet électronique, une mesure qui s’est avérée efficace dans les pays européens. Il est grand temps pour Maurice d’adopter un tel système, selon elle. Il est également important de rappeler qu’une ‘Private Notice Question’ a été adressée à la ministre de l’Égalité des genres, Kalpana Koonjoo Shah, à l’Assemblée nationale il y a deux semaines.

Pour sa part, la directrice de SOS Femmes, Ambal Jeanne, se pose la question de savoir pourquoi les victimes ne dénoncent pas systématiquement les cas de violences domestiques. Elle affirme qu’il est grand temps de faire de la sensibilisation dans les entreprises, car c’est là que se trouvent des femmes qui travaillent. Elle revient également sur le fait que la victime ne veut parfois pas dénoncer les cas de violences domestiques qu’elle subit, car elle ne veut pas quitter ses enfants. Il  faut cependant trouver une solution pour mettre fin à ces problèmes. Notre interlocutrice soutient que son ONG travaille sur ce sujet en mettant en place des cellules de détection des problèmes et en fournissant des formations à ce niveau pour sensibiliser les personnes qui se trouvent en difficulté. Les victimes doivent s’affirmer en dénonçant leur époux, conjoint ou concubin. Elles ne doivent pas garder le silence et vivre dans la peur.

Selon elle, il faut toujours encourager les femmes à se manifester et à dénoncer les menaces qu’elles subissent. Elles doivent savoir qu’il existe de l’aide aujourd’hui et qu’elles peuvent reconstruire leur avenir. « Il est nécessaire de remettre en question et de revoir la situation, ainsi que de continuer à sensibiliser les femmes et la population contre ce problème qui ronge la société. Les femmes et les victimes doivent prendre au sérieux les menaces de leurs partenaires. L’éducation demeure l’une des solutions principales pour lutter contre la violence domestique, et aide à façonner le comportement. Il est grand temps d’introduire la valeur humaine dans le cursus scolaire, afin que dès le jeune âge, les enfants puissent prendre connaissance de cette situation et savoir comment y faire face s’ils y sont confrontés », conclut Ambal Jeanne.

Hors-texte

4 420 cas en 2022 !

Les cas de violence domestique prennent de l’ampleur, constituant un fléau alarmant à Maurice. Il semble qu’aucun jour ne passe sans qu’on apprenne qu’une femme est victime de violences aux mains de son conjoint, souvent culminant en un crime. Même en cette ère moderne de 2023, les femmes continuent d’être victimes de violence domestique. Le total des cas de violence domestique contre les femmes est passé de 1 434 en 2021, à 4 420 en 2022, démontrant une hausse drastique des incidents. Par ailleurs, selon ‘Statistics Mauritius’, les femmes sont plus susceptibles d’en être les victimes.