Zainab Peerbocus, ‘self-taught make-up artist’ : « Une femme indépendante aide à l’épanouissement de toute la famille »

Zainab Peerbocus, âgée de 25 ans, se décrit comme une « self-taught make-up artist ». Ayant dû abandonner ses études, elle a dû faire face à la dépression, qu’elle a pu surmonter. Elle travaille aujourd’hui à son propre compte. Selon elle, les femmes indépendantes aident à l’épanouissement de toute la famille et sont aussi une source d’inspiration pour les filles. Rencontre.

Zainab Peerbocus est âgée de 25 ans et travaille comme maquilleuse. Mariée, elle habite à Chemin-Grenier. Elle se décrit comme « une femme ambitieuse » et se donne à fond dans son métier.

Elle a grandi dans une famille modeste où son père était le seul gagne-pain. Elle a deux sœurs cadettes, âgées de 18 et de 21 ans. Ses parents ont toujours traité leurs trois filles sur un pied d’égalité. Ils ne se sont jamais opposés aux décisions de Zainab, et l’ont toujours soutenue. « J’apprécie la façon dont mes parents nous avaient encadrées, car cela nous a appris beaucoup de choses, surtout au niveau des responsabilités », nous dit-elle.

Elle avait fréquenté le collège Hindu Girls. Après le collège, elle comptait poursuivre des études tertiaires. Elle s’est mariée à un âge relativement jeune, tout en pensant qu’elle pourrait compléter ses études supérieures après son mariage. Mais vu certains problèmes d’ordre personnel, elle a dû abandonner ses études à mi-chemin. Après un certain temps, elle avait décroché un emploi à la compagnie J. Kalachand. Cependant, ce travail entrait en conflit avec sa vie de couple, et elle avait dû démissionner.

Cela l’avait énormément découragée. Elle avait ainsi subi une dépression. « J’étais privée de mon rêve après mon mariage. Avec la dépression, c’est comme si vous étiez enfermée dans vos pensées. Les personnes qui sont fortes réussiront à s’en sortir mais les autres trouveront cela difficile », ajoute-t-elle.

 « J’étais une fille ambitieuse et j’aurais aimé étudier et travailler mais je ne savais pas que ce serait aussi compliqué après mon mariage », explique-t-elle. Elle a ensuite abandonné ses études et le monde du travail pour être une femme au foyer.

La dépression était l’épreuve la plus dure de sa vie, et elle n’avait personne à qui se confier. Cela l’a beaucoup changée. Elle nous raconte comment elle a pu surmonter cela. « J’ai commencé à fréquenter des gens qui m’inspiraient. J’ai ainsi puisé le courage de combattre la dépression », nous dit-elle.

Une de ses armes contre la dépression : le métier de ‘make-up artist’, qu’elle pratiquait initialement comme un passe-temps. « J’étais fascinée par le maquillage. La façon dont on joue avec les couleurs est magnifique ! », dit-elle.

Le maquillage était ainsi un moyen pour elle de se détendre en ces moments difficiles. Zainab suivait les ‘tutorials’ sur YouTube afin de bien maîtriser cet art. Elle a alors décidé de se lancer dans ce métier. « Grace aux échanges avec mes clientes, j’ai été encouragée à reprendre une vie normale, et aussi de reprendre mes études. Il n’est jamais trop tard pour apprendre », nous dit-elle. « Je travaille toujours pour mon propre compte. Je suis sûre que je m’en sortirai », nous confie-t-elle, sereine.

Son point de vue sur les femmes au sein de la société

Quel regard jette-t-elle sur l’évolution des femmes ? « Mon métier me permet de faire la connaissance de beaucoup des femmes qui ont plus de problèmes que moi », nous dit-elle d’emblée.

 « Avant, il y avait cette mentalité qui voulait que seuls les hommes devraient travailler pour nourrir la famille, ou encore, que le mariage signifiait qu’une femme devait mettre fin à ses études. Or, ces mœurs ont bien évolué », analyse-t-elle.

Pour Zainab, « Une femme indépendante est un modèle pour sa famille ». Selon elle, les femmes indépendantes aident à l’épanouissement de toute la famille et sont aussi une source d’inspiration pour les filles.

Elle nous dit aussi que le courage des femmes indépendantes est « incomparable » car elles prennent soin à la fois de leur foyer et leur carrière. « Dans plusieurs foyers où il y a des femmes divorcées ou des veuves, on peut remarquer qu’elles gèrent leur maisonnée passionnément », nous dit-elle.

Zainab Peerbocus aurait voulu qu’avec l’évolution sociale, les femmes ne subissent plus la violence domestique, ce qui n’est hélas pas le cas.

« Auparavant, la société mettait une pression sur les femmes violentées de subir et de rester auprès du mari agressif pour préserver la réputation de leur famille. Mais de nos jours, il y des associations qui aident ces femmes à créer leur propre entreprise et à devenir indépendantes. De ce fait, les femmes devraient changer leur façon de réagir face à la violence domestique. Elles devraient prendre le courage de dénoncer si elles en sont victimes. »

Selon Zainab, l’initiative devrait être prise au niveau du système éducatif. Beaucoup d’enfants grandissent dans une famille où leur mère subit toutes sortes de violence. « Un garçon qui est exposé à ces scènes de violence trouvera qu’il est normal de lever la main sur les femmes. Quant à une fille, elle pensera que subir l’oppression est une chose normale pour les femmes. Grâce à une éducation sur la violence domestique, les garçons comme les filles pourront discerner que c’est mal. » 

Ses conseils aux femmes

Zainab, de par sa propre expérience, conseille aux femmes sur la marche à suivre en cas d’épisode dépressif : « Si vous sentez que vous entrez dans une phase dépressive, il faut impérativement en parler à un membre de votre famille, à un proche ou à une amie. De nos jours, la dépression est toujours considérée comme un tabou et on a peur d’en parler. Quand on s’exprime sur cela, on sent un genre de stigmatisation. Or, vous devez avoir le courage de briser ce tabou. »

« Au lieu de revivre une expérience du passé et de s’attrister pour cela, vivez le temps présent. Ayez la motivation pour accomplir des choses dans la vie. Il n’est jamais trop tard pour apprendre dans la vie, peu importe la tranche d’âge », continue-t-elle.

Les femmes devraient aimer le travail qu’elles font, peu importe le domaine. Il n’y a aucune honte qui doit être associée à un travail en particulier, du moment que c’est fait avec intégrité.

« Mesdames, soyez motivées à aller de l’avant pour faire quelque chose pour vous-mêmes en premier. La motivation de faire quelque chose est tout dans la vie ! », conclut-elle.

Wazifa Furreea