Visage féminin ; Padma Utchanah, politicienne : « Les femmes doivent se battre pour pouvoir aller de l’avant »

Dans l’édition de cette semaine, nous allons découvrir Padma Utchanah, politicienne et présidente du parti Ralliement Citoyen pour la Patrie (RCP). Elle a des opinions bien tranchées sur le rôle de la femme dans la société et dans la politique, qui vont souvent à contrecourant des idées reçues.

Il faut dire que le rôle de la femme a beaucoup évolué au sein de la société, et Padma Utchanah est décidément une femme qui a tendance à sortir hors des sentiers battus. Elle est âgée de 45 ans. Mariée, cette mère de trois enfants a eu un assez long parcours en tant que politicienne. Elle est actuellement la présidente du parti Ralliement citoyen pour la Patrie (RCP).

Née à Rivière-du-Rempart, elle est issue d’une famille modeste. « Venant d’une famille très modeste, je comprends mieux la misère du petit peuple », dit-elle. « J’ai grandi dans un camp sucrier à Rivière-du-Rempart », précise-t-elle. Quels obstacles a-t-elle rencontrés dans sa carrière de politicienne ? Le plus grand obstacle auquel elle a eu à faire face, c’est de convaincre le peuple sur le changement qu’elle voulait apporter dans le paysage politique.

Comment voit-elle le rôle d’une femme qui fait de la politique active ? Padma Utchanah prend à contrepied cette idée selon laquelle les femmes politiciennes doivent œuvrer avant tout pour les femmes. Pour elle, un dirigeant politique, qu’il soit homme ou femme, n’a pas de sexe, de couleur de peau, de religion, de statut social, ou de caste. Il est avant tout un citoyen qui veut transformer la société pour le meilleur, et doit avoir à cœur l’intérêt de tout un chacun. Selon sa façon de voir les choses, nous avons tous notre croix à porter, que ce soit les hommes ou les femmes. « Le plus important, c’est l’enjeu sociétal et le bien commun », lâche-t-elle.  

De façon inattendue, elle déplore l’existence des ‘ailes féminines’au sein des partis politiques, cela alors que tous les partis traditionnels en ont une. D’emblée, elle nous confirme qu’au Ralliement citoyen pour la Patrie, il n’y a pas d’aile féminine. Pour elle, il faudrait mettre les hommes et les femmes sur le même pied d’égalité, dans les mêmes instances. Or, ces ‘ailes féminines’ mettent les femmes à l’écart. « Une fois de plus, on relègue la femme à une position inférieure. C’est tout le contraire de toute considération de la femme comme une égale », dénonce-t-elle. « Pourquoi pas des ailes masculines ? », lâche-t-elle, ironique.

Pour Padma, la différence basée sur le sexe ne doit pas être un critère dans la sphère publique, hormis les compétitions sportives. Elle fait ressortir que nous devons nous définir comme citoyens, avant de se définir comme homme ou femme. Selon cette politicienne, on ne devait même pas prendre en considération cette différence. Par exemple, le fait que l’actuelle cheffe-juge est une femme a été monté en épingle comme un évènement majeur. « Or, je pense que cela ne doit pas être un événement en soi. Je pense qu’à Maurice, on est trop axé, et cela systématiquement, sur cette différence. Dès qu’une femme accède à un poste important, on fait ressortir cela comme s’il s’agit un événement extraordinaire », dit-elle.

Comment voit-elle l’évolution de la femme ? « Comme l’a dit la philosophe Simone de Beauvoir, ‘On ne naît pas femme, on le devient’ », dit-elle. « Les femmes doivent s’affranchir des conditions patriarcales que la société leur impose. Demande-t-on à un homme s’il fait face à de telles restrictions dans la vie ? », se demanda-t-elle. En ce qui concerne la violence conjugale, elle pense que celle-ci ne doit être en aucun cas tolérée, et elle doit être combattue par les femmes. « Il y a maintenant des instances juridiques auxquelles les femmes puissent avoir recours », souligne-t-elle.

Le message de Padma Utchanah aux femmes, y compris celles qui veulent faire une percée dans le monde politique : « Il faut se battre pour pouvoir arriver dans la vie. Alors, battez-vous ! » Elle fait référence aux femmes qui ont marqué l’Histoire pour étayer ses dires. « Historiquement, bon nombre de femmes se sont battues. À titre d’exemple, nous pouvons penser notamment à Olympe de Gouges, Rosa Parks ou Anjalay Coopen », dit-elle. « Ou tout simplement ces femmes qui livrent un combat au quotidien, à l’instar des femmes laboureurs. Pour moi, ces femmes sont l’incarnation même du courage, et sont des exemples pour les jeunes générations.»

« Il faut penser différemment : la femme en aucun cas n’est soumise à l’homme. C’est ainsi que la femme sera respectée », maintient-elle.

Selon elle, le respect s’impose !