Caca-phonie

Le mercato politique est de nouveau d’actualité. L’opération ‘asté-vendé’ du MSM fonctionne à plein régime. Après le repêchage de jeunes militants facilement vendables, la machinerie soleil rode désormais chez les rouges. Le MSM mise donc sur la frustration d’anciens membres travaillistes pour consolider et conforter son propre camp. Donnant ainsi l’impression que le MSM est serein en dépit des casseroles qu’il traîne et qu’il est le seul parti à avoir toujours la côte au milieu de toute la « caca-phonie » (cacophonie version Sudheer Maudhoo) politique actuelle. Mais cette stratégie illusoire est-elle vraiment payante ? C’est surtout là qu’est la question. Il est clair pour nous que ces nouvelles « acquisitions » du MSM relèvent plus d’une tactique visant à discréditer contextuellement le MMM et le PTr plus qu’un « investissement » en vue de remporter les prochaines élections générales.

D’ailleurs, ce n’est pas tant l’absence d’intégrité et de principes de ceux qui changent nonchalamment de casaque du jour au lendemain, surtout ceux qui éprouvent un ‘feel good factor’ alors que de nombreux foyers vivent une misère noire, qui choque, puisque c’est l’argument mis systématiquement de l’avant par les ‘chatwas’ pour défendre le prétendu bilan gouvernemental, mais plutôt la nécessité du gouvernement MSM de dénicher systématiquement de nouveaux adhérents chez ses adversaires qui nous laisse songeur. C’est un fait qu’il ne peut y avoir de changements, encore moins de rupture avec le schéma actuel, sans des grincements de dents. D’où le mécontentement qui ronge certains travaillistes depuis la tenue du dernier congrès annuel du parti. Surtout quand les perspectives de se voir offrir d’autres opportunités à l’avenir sont minimes. Et quand l’appât du gain est omniprésent dans le camp adverse où le ‘money politics’ prédomine.

Ce qui a servi d’occasion au gouvernement, comme dans le cas de Kalyanee Juggoo et des autres démissionnaires moins connus du grand public, pour s’attaquer maintenant au principal challenger du MSM qu’est le PTr. Ce dernier, fort heureusement, ne se laisse pas débalancer pour autant par le ‘move’ du MSM qu’on voyait déjà venir depuis la tenue du dernier congrès travailliste. Navin Ramgoolam avait même prévenu que ceux qui voulaient partir sont libres de le faire. Car l’enjeu est bien trop important pour s’attarder sur les considérations personnelles des uns et des autres. Les électeurs, qui cherchent à voir un changement en profondeur dans le système politique, sauront d’ailleurs faire la différence entre les griefs personnels et les intérêts du pays qui passent essentiellement par un renouvellement de la classe politique.

Il faut aussi savoir faire la différence entre les défections au sein de l’opposition et celles du gouvernement. Les raisons qui provoquent des démissions de l’opposition ne sont nullement comparables à celles qui poussent ceux faisant partie de l’establishment du MSM à prendre leur distance du régime gouvernemental. Les raisons ayant poussé, par exemple, Kalyanee Juggoo à prendre la porte de sortie du PTr sont insignifiantes comparées à celles ayant contraint Sherry Singh à claquer avec fracas la porte du gouvernement MSM. Comment le « manque de considération » à son égard et le fait de ne pas avoir eu de ticket aux dernières élections qui remontent à presque trois ans de cela peuvent-elles équivaloir à des allégations de haute trahison envers le pays ?

D’ailleurs, le fait même de plaider un quelconque « manque de considération » envers elle quand elle a été députée, PPS, Deputy Chief Whip et secrétaire général du PTr pendant des années relève de mauvais goût. Après 35 ans passés au sein du PTr, c’était à elle de se montrer plus compréhensive envers un leader et un parti qui lui ont tant donné mais qui sont maintenant confrontés aux exigences d’une politique de rupture. Il appartient à la vieille garde de comprendre le besoin urgent de laisser la place aux jeunes, tout en leur apportant son expérience et sa sagesse pour que la transition souhaitée soit réussie. Les deux parties sont complémentaires et ne doivent pas se regarder en chiens de faïence. Le drame, c’est que tant que des politiciens – et des citoyens – laisseront primer leurs intérêts personnels sur ceux du pays, le MSM restera au pouvoir, avec toute la « caca-phonie » que cela comporte.