Les expatriés mauriciens ont désormais leur propre organe

Lancement de DiasporaMag

Le ‘e-magazine’ DiasporaMag a été lancé en ligne le dimanche 6 novembre. C’est une initiative du ‘Mauritius Global Diaspora’ (MGD) dont le président est Covilen Narsinghen. Cette revue gratuite sera publiée chaque deux mois sur la page Facebook de DiasporaMedia. Son but n’est pas uniquement de fournir une espace où les membres de la diaspora mauricienne pourront s’exprimer librement, mais plus globalement, d’établir une synergie entre Maurice et sa diaspora.

Far from the madding crowd’ : telle est la façon dont DiasporaMag veut se différencier des autres revues. Elle veut aller à l’essentiel, tout en proposant une lecture décomplexée. Elle valorisera les meilleures idées et les parcours de Mauriciens établis à l’étranger, ce qui sera une source d’inspiration pour les Mauriciens qui sont restés au pays. Selon Saad Mungly, le rédacteur-en-chef, « l’idée est de créer un espace où s’exprimera un courant politique sain, ce qui permettra une bonne entente entre Maurice et sa diaspora ».

Un débat en ligne s’est tenu le 6 novembre, sur la page Facebook de DiasporaMedia, à l’occasion du lancement de DiasporaMag. Outre le rédacteur-en-chef de la revue, Saad Mungly, il y avait aussi Covilen Narsinghen, président du mouvement ‘Mauritius Global Diaspora’, Zahirah Radha, rédactrice-en-chef de Sunday Times, Nad Sivaramen, directeur des publications de La Sentinelle et Balkrishna Kaunhye, le directeur de Top FM.

Plusieurs sujets d’actualités ont été abordés par les intervenants lors du lancement officiel du magazine, dont la liberté de presse, l’intimidation des journalistes, le comportement des policiers, et l’exode des cerveaux depuis Maurice.

Selon le rédacteur-en-chef de DiasporaMag, Saad Mungly, il n’y a pas de chantiers de grandes réformes à Maurice, vu que le processus politique est « bloqué » et a été accaparé par une logique politique répressive. Qui plus est, « dû à l’exode de cerveaux de Maurice, plus précisément de la classe moyenne, une classe qui est progressive et productive, les reformes sur lesquels on parle depuis plus de 40 ans ont été rendues doublement difficiles », a-t-il dit.

Pour sa part, Covilen Narsinghen, président de ‘Mauritius Dlobal Diaspora’, a critiqué la façon dont Ivan Collendavelloo a traité les journalistes de « palabreurs ». « Une déclaration révoltante et chagrinante », a dénoncé le président de la ‘Mauritius Global Diaspora’, qui présidait le programme. Selon lui, il y a plusieurs tentatives pour bâillonner les journalistes à Maurice. Il a aussi expliqué que les articles qui ne pourront être publiés à Maurice seront publiés dans cette revue sans aucune crainte. Ce dernier a aussi fait référence au rapport de V-Dem, qui a fait état que Maurice régressait vers une dictature.

« Quand on touche à la liberté de la presse, c’est une atteinte directe à la démocratie », a soutenu d’emblée pour sa part la rédactrice-en-chef de Sunday Times, Zahirah Radha. Selon cette dernière, il y a plusieurs obstacles qui empêchent la presse d’opérer librement. « Il y a eu une série d’événements qui ont été faits pour intimider la presse », a-t-elle renchéri. Dans ce contexte, il y a eu les arrestations arbitraires des journalistes qui dénoncent des maldonnes. Il y a aussi l’attitude autocratique du Premier ministre envers la presse.

Selon elle, avec le MSM au pouvoir, il y eu de multiples tentatives de museler certains organes de la presse écrite et des radios privées. « Tout cela nous fait craindre le pire à propos de l’avenir de notre pays », a résumé Zahirah Radha. « Heureusement qu’il y a encore des journalistes indépendants qui peuvent faire face à toutes les intimidations. Nous, la presse, nous continuerons de lutter tant que cela s’avérera nécessaire. Nous continuerons à nous ériger en rempart face aux dérives dictatoriales. »

Nad Sivaramen, journaliste et directeur des publications au sein de La Sentinelle, est revenu sur les tentatives du gouvernement d’intimider ce groupe de presse, et cela à plusieurs reprises. On leur avait aussi mis des bâtons dans les roues, notamment par l’étranglement sur le plan financier ou en leur interdisant l’accès dans des conférences de presse. « Or, dans un état démocratique, il est obligatoire d’avoir un contrepoids au pouvoir, à travers la présence d’organismes indépendants », a-t-il fait ressortir. Il devait ensuite aborder le contexte actuel. « On est face à un système en crise où les gens ne font plus confiance à la force policière et où il y a un climat de terreur qui s’installe à Maurice », a souligné Nad Sivaramen.