Accident vasculaire cérébral (AVC) : Un tueur largement méconnu à Maurice

La Journée mondiale des accidents vasculaires cérébraux (AVC) a été observée ce 29 octobre à travers le monde. À Maurice même, les AVC font plusieurs morts chaque année et laissent des dizaines d’autres personnes avec des séquelles pour la vie, conséquences qui auraient pu être évitées si elles pouvaient identifier les signes avant-coureurs des AVC ou si elles avaient été rapidement prises en charge par un professionnel de santé. Une campagne est actuellement menée par plusieurs associations des professionnels de santé pour mieux sensibiliser les Mauriciens sur ce sujet.

Un accident vasculaire cérébral (AVC) est une interruption soudaine de l’apport sanguin au cerveau.L’AVCsurvient ainsi lorsqu’un vaisseau sanguin qui transporte l’oxygène et les nutriments vers le cerveau est bloqué par un caillot, ou éclate, ou se rompt. Lorsque cela se produit, une partie du cerveau ne peut pas obtenir le sang (et l’oxygène) dont elle a besoin, les cellules cérébrales qui la composent meurent. Ce qui a de graves séquelles. La mort ou de graves handicaps peuvent alors survenir.

Selon les chiffres de l’OMS, rien que pour cette année, 14,5 millions de personnes ont eu ou auront un accident vasculaire cérébral, et 5,5 millions de personnes en sont mortes. Au total, il y environ 80 millions de personnes qui ont survécu à un AVC à travers le monde.  Selon le rapport ‘Health Statistics’ du ministère de la Santé (2019), il y a eu 4 202 AVC, dont 910 décès, à Maurice, pour cette année-là. Par ailleurs, l’AVC est l’une des principales causes d’invalidité, que ce soit à Maurice ou dans le monde. En outre, toujours selon les statistiques de ce rapport, nous pouvons constater qu’il y a eu un changement drastique en ce qui concerne le nombre des AVC à Maurice.

Alors que le nombre de morts s’élevait à 911 en 2019, en 2015, ce chiffre était de 813.

Les séquelles de l’AVC

Redisons-le : l’AVC a des conséquences graves. L’accident vasculaire cérébral peut tuer : il s’agit donc d’une urgence médicale qui peut être fatale.

Ou alors, elle peut laisser des séquelles irréversibles. Dans une bonne partie de ces derniers cas, les séquelles se révèleront encore plus invalidantes si la prise en charge du patient a été effectuée tardivement. L’impact d’un AVC peut être à court et à long terme, selon la partie du cerveau touchée et la rapidité avec laquelle le malade est traité.

De nombreux survivants d’un AVC feront face à des défis importants, notamment un handicap physique, parfois ou souvent de grande envergure, des difficultés de mobilité et d’élocution, des changements dans leur façon de penser et de se sentir. Sur le plan professionnel ou social, les rescapés peuvent aussi perdre leur travail et leurs liens affectifs et sociaux. Les survivants d’un AVC seront constamment confrontés à des défis de réinsertion sociale, d’emploi et de stabilité financière pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille.

« L’AVC peut affecter votre façon de penser, de parler, de bouger et de vous sentir. De nombreuses personnes vivront le reste de leur vie avec un handicap ou une autre forme de déficience, qui entrainera des défis d’ordre pratique, émotionnel et financier », nous explique le physiothérapeute Rizwan Chumroo.

Jusqu’à 85 % des survivants d’un AVC souffriront de déficits physiques, cognitifs, émotionnels et psychologiques. Parmi les jeunes victimes d’un AVC, 44 % sont déprimés, 43 % perdraient leur travail et 28 % auraient l’impression que leur qualité de vie est si mauvaise qu’elle est « pire que la mort ».

Quelle sont les causes de l’AVC ?

Souvent, c’est un caillot de sang véhiculé par la circulation sanguine, et bouchant une artère au cerveau qui est à l’origine de l’AVC. Il est alors question d’embolie cérébrale. Dans d’autres cas, l’artère se bouche seule.

La cause majeure de l’AVC reste toutefois l’hypertension artérielle.

L’AVC peut également survenir du fait de la malformation d’un vaisseau sanguin ou après un traitement anticoagulant.

Qu’en est-il de la prévention ?

Il est à noter que jusqu’à 90 % des accidents vasculaires cérébraux pourraient être évités en s’attaquant à un petit nombre de facteurs qui risque d’engendrer une telle situation, notamment l’hypertension, une mauvaise alimentation, le tabagisme et le manque d’exercice.

Une action préventive contre les accidents vasculaires cérébraux contribuerait ainsi à une réduction massive de ces derniers. Qui plus est, cela contribuerait aux objectifs mondiaux de réduction des maladies cardiovasculaires, du cancer, du diabète et d’autres causes importantes de décès et de souffrance dans le monde

Une prise en charge rapide peut atténuer les séquelles

Tout AVC est une urgence médicale, potentiellement fatale, et il faut faire vite. La rapidité de la prise en charge du malade a un impact direct sur l’issue.

Qui plus est, avec une réadaptation et un soutien spécialisé, les survivants d’un AVC peuvent récupérer une partie de leurs facultés ou retrouver une « nouvelle normalité » qui leur permettrait de mieux profiter de la vie. 

FAST : comment reconnaitre les symptômes de l’AVC

L’accident vasculaire cérébral survient toujours sans prévenir, subitement.

Les principaux symptômes d’un AVC comprennent une faiblesse d’un seul côté de votre corps, un engourdissement ou un fourmillement au niveau du visage, dans les bras ou dans les jambes. Il peut aussi y avoir une difficulté à parler ou à comprendre ce que disent les autres. La personne peut avoir des troubles de la vue, comme la diplopie (‘vision double’) ou l’incapacité de voir, surtout d’un œil,  des étourdissements, une perte d’équilibre, ainsi que d’autres signes. Il y a ainsi plusieurs symptômes.

Or, les médecins ont mis le protocole FAST sur pied pour aider le citoyen lambda à repérer un AVC. FAST est l’acronyme anglais pour ‘Face, Arm, Speech, Time’. Ce protocole permet aux gens de se poser les bonnes questions pour repérer un AVC chez quelqu’un, et de ne pas passer à côté et permet ainsi une prise en charge efficiente et rapide.

La connaissance du protocole FAST améliore l’accès rapide à un traitement médical spécialisé et augmente les options de traitement disponibles, ce qui minimise les dommages au cerveau et réduit ainsi le risque de décès et d’invalidité.

La campagne actuelle vise à créer une version en créole de l’acronyme FAST pour assurer qu’il y a une meilleure compréhension de l’AVC de la part de l’ensemble de la population mauricienne.

Une première campagne de sensibilisation à Maurice

Un groupe interdisciplinaire de professionnels de santé, entament une campagne de sensibilisation à Maurice sur les AVC. Ce groupe comprend l’Association des physiothérapeutes, l’Association des ergothérapeutes, l’Association des orthophonistes, l’association des diététiciens et l’Université de Maurice.

Cette campagne vise à sensibiliser les gens sur les signes avant-coureurs d’un AVC et aux mesures à prendre. Selon le physiothérapeute Rizwan Chumroo, les symptômes de l’AVC sont peu connus du grand public mauricien. « L’identification urgente par le patient ou par ses proches des symptômes de l’AVC peut influer sur la vitesse d’admission à l’hôpital. Le but est ainsi d’encourager la population à consulter immédiatement un médecin si jamais un AVC est suspecté », explique-t-il.

Le physiothérapeute fait ainsi ressortir qu’un accès rapide au traitement peut sauver des vies et améliorer la récupération après un AVC.

En outre, tout aussi important est d’informer les gens sur l’importance de la réadaptation précoce et sur l’importance de cette rééducation en équipe multidisciplinaire, pour une récupération maximale après un AVC.

En outre, il s’agit aussi de former les médecins sur la nécessité d’orienter rapidement une victime d’AVC vers l’équipe de réhabilitation pluridisciplinaire, pour le rétablissement maximal de la personne et la réduction de l’envergure de tout handicap. Ce qui, par la suite, permettra de réduire le fardeau de l’État-providence.

Qui plus est, il y aura aussi des ateliers de formation dans les entreprises en vue d’aider celles-ci à créer des politiques de rétention pour les employés victime d’un AVC, en leur expliquant aussi la façon dont la réadaptation peut faciliter un retour rapide au travail.

À ce jour, il n’y a pas eu de campagne de sensibilisation sur l’AVC à Maurice malgré le fait que plus de 5 000 Mauriciens en sont morts  au cours des 10 dernières années. Compte tenu de l’évolution démographique de l’île, de l’augmentation des maladies non transmissibles et de l’évolution du mode de vie des Mauriciens, la nécessité d’une campagne nationale de sensibilisation sur l’AVC se fait sentir plus que jamais.