La fermeture des établissements scolaires en raison de mauvais temps remet en question l’efficacité des cours en ligne. Cette année, les conditions climatiques ont encore eu un impact sur la rentrée des classes, qui a eu lieu le 11 janvier 2024. En effet, le passage des cyclones Belal et Candice a perturbé la reprise des cours, ce qui s’est traduit par seulement cinq jours de classe en janvier. Même des élèves expriment leur colère face aux problèmes persistants des cours en ligne depuis la pandémie de la Covid-19. Ils estiment inacceptable que cela se reproduise à chaque fois, car ils sont pénalisés en raison de problèmes de connexion ou de manque de matériel. De plus, les enseignants n’ont parfois aucune visibilité sur les élèves connectés. La question qui se pose est la suivante : comment faire face à cette situation récurrente sans pour autant perturber le programme scolaire ?
Soondress Sawminaden, ancien recteur du collège Saint-Esprit, ne cache pas son inquiétude face à la situation. Puisque les fortes pluies sont dues au changement climatique et qu’elles se répéteront d’année en année, il estime qu’il faut prendre des précautions pour ne pas mettre en péril la vie des enfants, tout en regrettant le manque de formation des enseignants pour gérer efficacement les cours en ligne, en raison du manque d’équipement ou d’accès à internet. Il souligne la nécessité d’un protocole défini pour permettre aux enseignants d’assurer les cours en ligne.
Le manque de communication efficace du ministère de l’Éducation est également soulevé, notamment dans la gestion de l’annonce de la reprise des cours le 21 janvier 2024, créant des difficultés d’organisation pour les parents. Soondress Sawminaden plaide pour une formation efficace des enseignants, soulignant la nécessité d’une étude pour équiper les élèves et les professeurs qui ne disposent pas des moyens technologiques nécessaires.
Concernant le manque persistant d’enseignants, l’ancien recteur propose l’intervention de professionnels pour aider les étudiants en l’absence de cours en ligne. Il appelle le ministère à former un comité et à engager des discussions pour trouver des solutions concrètes, de façon à s’assurer que les élèves ne seront pas pénalisés pendant les intempéries. Bien que la révision du calendrier scolaire ait été évoquée, il estime que c’est une mauvaise décision, notamment pendant la période des examens de SC, HSC et du NCE, de mi-septembre à mi-novembre. Il salue la proposition tout en soulignant les défis pratiques de sa mise en œuvre.
En conclusion, Soondress Sawminaden dénonce une mauvaise gestion de la situation par le ministère de l’Éducation, soulignant le manque d’enseignants, de planification, et d’efficacité dans la communication. Il appelle à des actions concrètes pour éviter la répétition de tels problèmes. Un enseignant d’un collège dans l’est du pays confirme que les cours en ligne ont lieu, mais que certains élèves ne sont pas intéressés, et le manque de moyen rend difficile la surveillance en ligne.
Mahend Gungapersad : « Il faut mettre en place un ‘Bad Weather drill’ »
Mahend Gungapersad, député du PTr et ancien recteur de collège, confirme qu’il y a de nombreux élèves qui n’ont pas les outils pédagogiques nécessaires pour suivre les cours en ligne. Selon lui, le ministère n’a pas réellement effectué d’enquête pour obtenir des informations sur le nombre d’élèves concernés, alors qu’il aurait dû le faire pour établir un constat. « C’est l’une des erreurs qu’il a commises », dit-il. Il déplore également le fait que tous les enseignants ne possèdent pas les mêmes compétences pour assurer le ‘online teaching’, et affirme que tous n’ont pas le même charisme, et que cela diffère du ‘face to face teaching’. De plus, ajoute-t-il, certains cours n’ont pas été dispensés par le ministère pour permettre aux enseignants de savoir gérer, et il est également nécessaire d’apprendre aux élèves comment faire face à l’enseignement en ligne.
Il se demande par ailleurs s’il y a des rapports remis aux parents après ces classes en ligne. Mahend Gungapersad insiste sur le besoin de dialoguer davantage, et souligne que, malgré la disponibilité de l’éducation en ligne et des ‘e-learning platform’, il aurait été possible de publier des informations en parallèle avec le programme des élèves, leur permettant ainsi de prendre des notes. Cependant, cela n’a pas été fait. Le député rouge déplore une fois de plus le manque de dialogue, soulignant que cette initiative fonctionne bien dans d’autres pays, et que le ministère devrait tirer des leçons ou adopter des stratégies similaires pour maintenir l’enseignement en ligne.
Actuellement, il déplore que le ministère soit en retard, donnant l’impression aux parents que tout se déroule bien, ce qui n’est pas le cas. Notre interlocuteur, abordant le même sujet que Soondress Sawminaden, fait remarquer qu’il y a déjà un manque d’enseignants dans les établissements scolaires à travers l’île et se demande comment, de ce fait, ils pourront assumer les cours en ligne. Il ajoute également que de nombreux élèves n’ont toujours pas reçu leurs manuels scolaires. « Que fait la MIE concernant la distribution ? Tout cela contribue à rendre les cours en ligne encore plus difficiles », explique-t-il.
Selon l’ancien recteur de collège, de nombreux pédagogues se posent la question de savoir s’il faut revoir le calendrier scolaire. Il estime que cela peut se faire sans précipitation, en concertation avec les parties prenantes. Il propose que les congés scolaires aient lieu en décembre et que l’année scolaire commence à partir de février au lieu de janvier, mais les répercussions doivent être évaluées.
Mahend Gungapersad insiste sur la nécessité de mettre en place des protocoles définis pour ne pas pénaliser davantage les enfants, et dans le même temps, le député propose de les rendre résilients face aux calamités. Il suggère de les préparer à faire face à la montée des eaux, aux inondations, et de prendre des précautions pour éviter de répéter les erreurs du passé. « Tout comme il existe le ‘Fire drill’, il faut mettre en place un ‘Bad Weather drill’, et j’insiste sur l’importance d’éduquer dès maintenant nos enfants », conclut-il.