Alors que tout le monde parle d’autosuffisance…Les planteurs face à de multiples problèmes

Dans le sillage de la pandémie, alors qu’il devient de plus en plus apparent qu’il faut une augmentation de la production agroalimentaire locale, nous avons pris au hasard quelques planteurs, dans la région de Trou D’Eau Douce, qui nous expliquent les multiples problèmes auxquels ils doivent faire face. Pour eux, ce n’est pas de sitôt que le pays sera autosuffisant sur le plan alimentaire…

Ramkumar Seedheeyan, un de ces planteurs, nous explique qu’il se sent découragé et abattu. Cela fait déjà une cinquantaine d’années qu’il exerce ce métier d’agriculteur. Depuis plusieurs années, il cultivait les oignons mais depuis un certain temps, il a cessé de le faire.

Il aborde les problèmes auxquels les planteurs doivent faire face. Par exemple, en ce moment, il y a un manque de pesticides de bonne qualité sur le marché. Or, les pesticides de qualité inférieure se vendent plus cher. « Cela devient difficile pour les agriculteurs de soigner leurs plantes », nous dit-il. « Pesticide ki pe gagner aster, nou pa pe kapav fer ene bon recolte ek sa, ek li bien cher oussi » souligne Ramkumar. « Avant, ou ti pe paye ene ti fiole environ Rs300 mais aster la, sa mem ti fiole la in vine Rs 600. Prix la ine doubler », déplore l’agriculteur.

En ce qui concerne les prix des oignons, Ramkumar fait ressortir que les oignons récoltés sont de différentes tailles et qu’ils doivent être vendus à des prix différents. Les gros oignons doivent être vendus à un certain prix et les petits doivent être vendus à un prix inférieur. Or, cela n’est plus possible, après une annonce du ministre de l’Agriculture, Maneesh Gobin, en juillet dernier. En effet, les prix de ces deux variétés doivent être identiques, soit à Rs 20 la livre. « C’est inadmissible. Les prix doivent être différents », soutient Ramkumar, qui explique que si les deux variétés se vendent au même prix, les petits planteurs ne feront pas de profits. « Si nou pu vend sa prix la, nou pa pou ena bel profit », lance-t-il.

Il avait l’habitude de récolter environ 4 tonnes d’échalotes lorsqu’il cultivait les oignons. Mais de nos jours, il n’arrive pas à le faire, vu le coût de production, Les revenus qui proviennent de la vente de ses légumes ne lui permettent pas d’investir dans cette variété d’oignon. Les autres planteurs d’oignons le rejoignent dans ses propos : ils se sentent complètement découragés par cette décision du ministère de l’Agriculture.

C’est chagrinant pour Ramkumar, qui n’a pu entamer la culture des oignons cette fois-ci, et il a dû se tourner vers la plantation d’autres légumes. « Je ne sais pas quoi faire. Je dois me tourner vers d’autres légumes car la culture d’oignons locales commence à perdre sa valeur, et les planteurs n’ont pas le moindre soutien de la part du gouvernement », nous dit-il.

Malgré leurs doléances auprès des autorités, rien n’a été fait. « La façon de faire du gouvernement nous décourage énormément. Ce qui avait été promis aux petits planteurs avant les élections n’a pas été concrétisé jusqu’ici », dénonce l’agriculteur.

Nous avons aussi recueilli l’avis de Choytooa, un autre planteur de la région, qui lui aussi, fait ressortir que les pesticides qu’on trouve sur le marché maintenant n’ont plus d’efficacité.

En ce qui concerne les semences des plantes, il maintient que le gouvernement avait annoncé un subside sur l’achat des semences mais les planteurs attendent toujours. Les semences se vendent à un prix plus élevé que d’habitude.

De façon plus générale, il maintient que dans le passé, les petits planteurs avaient l’habitude d’obtenir des facilités de la part du gouvernement mais qu’aujourd’hui ce n’est pas le cas. « On a délaissé les planteurs. Il n’y a plus d’initiatives comme avant », fait ressortir Choytooa.

Nous avons interrogé Sundhoo, un autre planteur des légumes, qui fait ressortir que les récoltes de cette année ne sont pas les mêmes qu’auparavant. Les plantes grandissent, mais avec moins de légumes. En plus, il constate l’invasion des pucerons blancs dans les potagers et les plantations. Ces bestioles s’attaquent à toutes les plantes, ce qui a un impact sur les récoltes. 

Cet agriculteur nous dit que le gouvernement doit venir avec des solutions concrètes pour résoudre les problèmes auxquels les petits planteurs sont en train de faire face en ce moment. « Que le gouvernement nous vienne en aide dans les plus brefs délais », lance-t-il.