Après huit mois de congé forcé, le capitaine Louis Gervais Barbeau a repris du service au H. Ramnarain Building à Mer Rouge, en milieu de cette semaine suivant une décision du Board de la ‘Mauritius Ports Authority’ (MPA). Le Port Master avait été contraint, tout comme son adjoint Kavidev Newoor, de prendre ses distances du port depuis le 5 septembre 2020 suivant la polémique entourant le naufrage du remorqueur Sir Gaëtan où quatre personnes, incluant le capitaine Bheenick dont le corps n’a jamais été retrouvé, avaient trouvé la mort.
Le come-back du capitaine Barbeau au port ne fait cependant pas l’unanimité parmi les employés. Ces derniers le tiennent responsable du naufrage de Sir Gaëtan car il savait pertinemment bien que ce ‘tug’ n’était pas apte à entreprendre des opérations jugées périlleuses. Bien qu’aucune charge, provisoire ou formelle, n’avait été retenue contre le Port Master à la suite de son interrogatoire « under warning » par le CCID en septembre 2020, les employés du port étaient d’avis que la direction de la MPA attendrait au moins les conclusions de l’enquête départementale mise sur pied par la MPA avant que le capitaine Barbeau ne soit appelé à reprendre du service.
Or, jusqu’ici, il n’y a eu aucune information officielle sur les retombées sur cette enquête interne qui devait être présidée par un ancien magistrat. Malgré nos nombreux appels à la MPA au courant de la semaine, personne n’est revenu vers nous pour éclairer nos lanternes. De source confidentielle, nous apprenons toutefois qu’il n’y a jamais eu d’enquête interne hormis un rapport audité. Ce qui provoque des grincements de dents parmi les employés.
Dans un communiqué officiel émis hier, la ‘MPA Marine And Other Staff Union’ (MPA-MAOSU) dit d’ailleurs contester le retour éhonté du capitaine Barbeau. « Le syndicat ne se taira point devant la tournure des événements. Nous avions, au lendemain du drame, porté des accusations graves et surtout explicites à l’encontre du Port Master en fonction et de son adjoint. Nous maintenons ces accusations », insiste Jean Yves Chavrimootoo, négociateur syndical. Il prévient : des documents incriminants seront rendus publics. « Nous exigeons la suspension de tous les membres du Top Management de la MPA ayant eu connaissance des dits rapports », poursuit-il.
Entretemps, le CCID a déjà bouclé son enquête. Le rapport, nous confirme l’Inspecteur Shiva Coothen du Police Press Office, est en phase de rédaction et sera bientôt envoyé au bureau du DPP. Les travaux de la ‘Court of Investigation’, instituée pour faire la lumière pour le tragique accident survenu le 31 août 2020, peinent, de leur côté, à démarrer, un des assesseurs s’étant désisté avant le confinement. Le moindre qu’on puisse dire, c’est qu’on doit encore s’armer de patience avant de voir éclater la vérité.
