[Bilan du gouvernement] Jocelyn Chan Low : « 75% de la population n’a plus confiance dans le gouvernement »

Cela fait déjà quatre ans que le gouvernement du MSM est au pouvoir, et la question du bilan se pose alors qu’il ne reste qu’un an avant que le gouvernement ait complété son mandat. L’historien Jocelyn Chan Low fait le point sur la situation. Dans un premier temps, il affirme qu’il est difficile de faire un bilan, car le gouvernement actuel a dû faire face à la pandémie de Covid-19, qu’il a gérée plus ou moins efficacement selon lui. Cependant, il souligne que des questions persistent concernant la manière dont le gouvernement a utilisé les réserves et octroyé des fonds au secteur privé en évoquant la MIC.

Dans un second temps, Jocelyn Chan Low affirme que ce gouvernement n’a fait ni concessions ni compromis, et a été très arrogant à l’égard de l’opposition parlementaire, en particulier pendant la pandémie. Selon notre interlocuteur, il aurait été préférable qu’il tende la main à l’opposition pour que leurs propositions puissent être prises en compte, mais le gouvernement a choisi une approche différente, entraînant une confrontation plutôt qu’un consensus.

De plus, il ajoute que bien que le gouvernement ait correctement géré la Covid-19, il subsiste de nombreuses zones d’ombre concernant les ‘procurement’ et la manière dont les fonds issus des réserves ont été utilisés. Selon lui, le gouvernement a cherché à gagner en popularité en distribuant des allocations à la population, ce qui a eu pour conséquence d’épuiser les ressources financières de l’État. En d’autres mots, « il a comme si défoncer les caisses », dit-il.

En outre, il ajoute que plus de 70 % de la population n’a plus confiance dans le régime actuel. Certes, le gouvernement a été secoué par la pandémie, mais il a échoué à bien des égards. Interrogé sur la possibilité de mettre en place des changements durant la dernière année de son mandat, Jocelyn Chan Low estime que c’est un peu tard, car les dés sont jetés, et la population ne lui fait plus confiance. Il souligne que le MSM se retrouve seul face à une coalition de l’opposition, comprenant le PTr, le MMM et le PMSD, et compare la situation à celle des années 1995.

Faizal Jeerooburkhan : « L’impunité est la culture de ce gouvernement »

L’observateur politique Faizal Jeerooburkhan, intervenant dans l’émission Zoom Extra mardi, a soutenu que dans le bilan du gouvernement il y a à la fois du bon, du moins bon et du mauvais. Selon lui, le côté positif concerne principalement le domaine social et les infrastructures. En revanche, les aspects moins favorables concernent l’économie, l’environnement, et la situation est particulièrement mauvaise en ce qui concerne la démocratie, la méritocratie, la bonne gouvernance, la transparence, la moralité, et ainsi de suite.

Il est également revenu sur la gestion de la Covid-19, qu’il qualifie d’initialement bien gérée par le gouvernement. Cependant, elle a rapidement dégénéré selon lui, notamment en ce qui concerne les ‘procurements’ pour lesquels de grosses sommes ont été dépensées, les gaspillages liés au ‘pack and blister’, ainsi que l’achat de Molnupiravir. D’après lui, la situation a commencé à se détériorer malgré les avertissements répétés des observateurs politiques, auxquels le gouvernement n’a pas prêté attention.

Faizal Jeerooburkhan déplore la gestion catastrophique de la crise sanitaire et critique sévèrement l’incompétence du ministre des Finances. Il affirme que le constat est grave, avec un gouvernement qui, selon lui, conduit le pays vers un précipice en adoptant des mesures populistes pour gagner des votes, et en s’adonnant à des pratiques politiques et financières douteuses. Il parle de ‘money politiques’, de restrictions des libertés des citoyens, et de manipulation des informations dans le pays. « Ce qui se passe est un scandale extraordinaire. L’impunité est la culture de ce gouvernement », dit-il.

L’observateur politique souligne également les abus au Parlement, déplorant que cet organe, au lieu d’être un temple de la démocratie, se transforme en un tombeau de la démocratie. Il évoque une culture politique et de gouvernance néfaste pour la population, mettant en garde contre une situation similaire à celle du Sri Lanka.

En ce qui concerne la CSG, il affirme qu’il s’agit d’une façon déguisée de décaisser de l’argent, sans que l’on sache où il est passé. Selon lui, ce n’est pas un plan de pension mais une taxe, et il met en garde contre le risque que l’ensemble du système financier soit bloqué en raison de cette affaire de CSG, dont le gouvernement n’aurait apparemment pas connaissance. Il qualifie cette situation d’action criminelle de sa part.