[Education] Les défis de l’avènement de la filière technologique

Lors d’une conférence de presse le vendredi 3 octobre, la ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookhun-Luchoomun, a annoncé l’introduction du ‘Technology Education Pathway’ dans le programme d’études des élèves des Grades 10 et 11. Selon elle, ce projet, qui représente une approche nouvelle et moderne de l’apprentissage, vise à diversifier les offres éducatives des élèves, et sera mis en œuvre à titre expérimental dans une dizaine d’écoles à partir de janvier 2024.

Le responsable du dossier éducation au Parti Travailliste, Mahen Gungaparsad, estime qu’il est trop tôt pour évaluer l’impact que l’implémentation de cette nouveauté aura sur le système éducatif dans son ensemble.  « Ce sera une toute nouvelle approche pédagogique. Récolter les données nécessaires pour pouvoir faire un bilan prendra du temps. Comment les enseignants seront-ils formés ? Comment les étudiants répondront-ils à l’appel ? Comment ce projet pilote sera-t-il implémenté, supervisé et en même temps analysé ? Toutes ses questions devront être posées avant, pendant et après le temps d’essai », explique-t-il.

Le député rouge soutient que le processus d’enseignement et d’apprentissage doit être radicalement différent de celui de notre système actuel, de même que les modalités des examens et du pointage. Selon lui, il devrait passer d’une approche purement académique à une approche beaucoup plus pratique pour que les étudiants en bénéficient.

« Ce nouveau modèle semble être inspiré du système éducatif anglais et appelle à une vigilance particulière pendant le ‘piloting process’, avec des objectifs clairs pour toutes les parties prenantes, y compris les élèves, les enseignants, les parents et surtout les décideurs politiques, afin de créer des opportunités d’emploi pour les jeunes », explique-t-il. Mahen Gungaparsad dit également vouloir comprendre l’implication du ‘National Examination Board’ dans l’implémentation du ‘Technology Education Pathway’, et se demande si le diplôme ou le certificat obtenu sera reconnu.

Il souligne l’importance de former les étudiants de la filière technologique pour répondre aux demandes du marché de l’emploi, tout en appelant le gouvernement à développer le secteur de la technologie afin de créer des opportunités d’emploi pour les diplômés de cette filière.

Il conclut en exprimant ses préoccupations quant à la possibilité que le ‘Technology Education Pathway’ devienne un échec similaire à l’’Extended Program’ introduit précédemment. « The Nine year Schooling was sold as a miracle recipe address many shortcomings of the system (…) What did we get as end result? Le niveau de notre système scolaire a chuté de manière drastique et sans précédent. Les étudiants quittent le système pour se diriger vers les institutions privées, 97% d’échecs dans l’Extended Program, de l’indiscipline qui règne dans les écoles et une gestion des ressources humaines catastrophique. Sans oublier le manque de professeurs ! », conclut-il.

Munsoo Korimboccus : « Il ne fallait pas laisser les 3000 élèves de l’Extended Program sur la touche »

Bien que Munsoo Korimboccus, vice-président de l’’Union of Private Secondary Education Employees’ (UPSEE), accueille favorablement cette innovation, il déplore le manque de consultation avec les syndicats et l’opacité entourant la filière technologique pour les élèves des Grades 10 et 11. Cette filière comprend trois ‘clusters’ : ‘Engineering Technology’, ‘Information Technology and Computer’, et ‘Hospitality and Health’.

Selon lui, il est temps de revoir l’’Extended Program’ et de corriger les lacunes qui ont émergé depuis son implémentation. Il le considère comme un échec, soulignant que même la MITD n’a pas la capacité d’accommoder ces étudiants pour les former à des emplois professionnels. Il regrette également le manque d’attention porté aux quelque 3000 élèves de l’’Extended Program’, soulignant qu’ils n’ont pas d’itinéraire académique défini et sont livrés à eux-mêmes.

En ce qui concerne le ‘Technology Pathway’ annoncé par la ministre de l’Éducation, il appelle à davantage de transparence. « Une bonne structuration de ce système peut servir de tremplin pour créer des ‘middle jobs’. Il faut qu’il y ait des consultations avec des syndicalistes de l’éducation, mais surtout avec les enseignants ainsi que les élèves. Même si le gouvernement tente de copier le modèle anglais, il faut des consultations locales avec toutes les parties prenantes ! Il faut attendre et voir comment ce projet pilote qui sera testé dans 10 écoles évoluera, et ce n’est qu’à partir de là que des études de données pourront être faites », conclut le vice-président de l’UPSEE.