[Budget] À quoi faut-il s’attendre ?

Plusieurs annonces ont été faites par le Premier ministre depuis décembre : hausse du salaire minimum, augmentation de la pension en deux phases… Et ce, sans même passer par le budget. Que peut-on donc attendre du budget quand et s’il est présenté ? C’est la question que tout le monde se pose. Le gouvernement pourra-t-il encore donner des ‘freebies’ à différentes catégories de la situation ? Et si oui, de quelle marge de manœuvre dispose-t-il pour le faire ?

Le porte-parole de la ‘State and others Employees Federation’, Radhakrishna Sadien estime que le gouvernement annoncerait des mesures à court terme ayant un impact immédiat sur la population. L’une d’entre elles, qui sera mise en œuvre en temps voulu, concerne l’ajustement salarial tant attendu dans les secteurs public et privé. Cette question serait, selon lui, l’une des priorités du gouvernement pour amadouer l’électorat. Il évoque aussi le nombre de postes vacants qui n’ont toujours pas été pourvus. Selon lui, il est possible que le gouvernement examine cette question, car de nombreuses personnes attendent désespérément de trouver un emploi.

En ce qui concerne les pensions de retraite et autres, des annonces ont déjà été faites, et seront en vigueur à partir du mois d’avril. « Il sera nécessaire d’examiner leur impact à long terme sur l’économie dans son ensemble. L’érosion des valeurs continue de progresser dans le pays. Son développement ne peut se mesurer uniquement en termes de projets mis en place, mais aussi par la manière dont les Mauriciens réfléchissent. Qu’il y ait des élections ou non, de nombreux problèmes doivent être résolus dans le pays », explique le syndicaliste.

Revenus basés sur les taxes

Quant à l’économiste Takesh Luckho, il ajoute que l’annonce concernant les pensions, faite par le chef du gouvernement, était une promesse du mandat précédent. Il attire ainsi l’attention du public sur cette hausse. « Cette augmentation de pension ressemble davantage à une compensation qu’à une réelle augmentation. La compensation consiste à accorder du pouvoir d’achat à une personne, tandis qu’une augmentation signifie qu’une personne perçoit effectivement plus d’argent pour ses dépenses. L’augmentation des salaires se fait par le biais de la PRB, mais la compensation n’entraîne pas une augmentation d’argent, bien que le pouvoir d’achat soit maintenu en raison de la dévaluation de la roupie », dit-il.

Une autre mesure que le gouvernement pourrait prendre, selon l’économiste, concerne la révision du salaire, d’autant qu’il a déjà augmenté le salaire minimum. Takesh Luckho affirme que plus de 80% des travailleurs à Maurice perçoivent un salaire de moins de Rs 30 000, et que le gouvernement pourrait apporter des changements à ce niveau.

« En ce qui concerne le financement de ces annonces, on se demande d’où le gouvernement obtiendra les fonds nécessaires. Cela sera financé, d’après moi, par les revenus provenant des différentes taxes, notamment la TVA. Il est à noter qu’il existe deux types de taxation : l’une sur les revenus et l’autre, principalement, la TVA. Le financement de ces mesures est en train d’être réalisé par les consommateurs et les contribuables. Les revenus du gouvernement proviennent désormais principalement de la TVA et d’une taxe inflationniste, une taxe supplémentaire due à l’inflation. En 2023, un rapport de la MRA a révélé que les revenus s’élevaient à Rs 137 milliards, contre Rs 117 milliards en 2022 et environ Rs 87 milliards en 2021, générés principalement par l’inflation. La hausse des pensions peut donc être vue comme une compensation du pouvoir d’achat », explique-t-il.

Cependant, selon l’économiste, si les augmentations persistent, le gouvernement pourrait être contraint d’annuler des projets d’infrastructures pour financer les prestations sociales, bien que cela ne soit pas garanti, et il devra trouver des sources de revenus alternatives. « Il est possible que des augmentations des cotisations, telles que les taxes et la CSG, soient envisagées. Le fonds de la CSG a déjà été utilisé. En ce qui concerne la taxe déguisée, lorsque le prix de l’essence aurait dû baisser, le gouvernement a maintenu des prix élevés et a mis cet argent de côté sous forme de taxe pour être utilisé ultérieurement », conclut-il.