Casquons les frais

Ceux qui sont à la tête de nos institutions s’entendent-ils quand ils parlent ? Réalisent-ils l’énormité des stupidités qu’ils débitent et qui ne font plus rire personne ? Jusqu’où descendront-ils pour défendre l’indéfendable ? L’excuse bidon de la pension mise de l’avant par le directeur de la STC, Rajiv Servansingh, pour justifier le maintien des prix des carburants face à la chute mondiale des cours du baril de pétrole pue la politique démagogique du gouvernement. Si la STC se trouve dans l’incapacité de baisser les prix du de l’essence et du diesel pour protéger les consommateurs, ce n’est pas à cause de la pension que le gouvernement avait promis d’augmenter pour s’attirer les votes de nos aînés, mais bien parce qu’elle a dû encourir les frais de l’incompétence du gouvernement. Elle a dû ainsi ponctionner Rs 2 milliards de ses réserves pour payer des dommages de Rs 5, 7 milliards (excluant les frais légaux) à la société Betamax de Veekram Bhunjun. Sans compter les centaines de millions de roupies octroyées aux beaux-frères et amies d’enfance à travers des contrats sous l’‘emergency procurement’.

Le ministre Soodesh Callichurn avait, à une PNQ du leader de l’Opposition le 17 juin 2021, répondu que « Government will not amend the price structure of Mogas and Gasoil and will not pass on the cost to consumers, contrary to what was done in 2009 by the previous Government in relation to Hedging. The obligation to Betamax will be met by STC from its reserve and Government funds ». Qu’en est-il de cette promesse aujourd’hui ? Soodesh Callichurn peut-il prétendre qu’il ne nous a pas menti et que nous ne payons pas chèrement le prix de leur gestion scandaleuse ? La politique gouvernementale nous tue à petit feu pendant que les proches du pouvoir s’enrichissent. Un brave citoyen se prive de nourriture pendant treize jours pour réclamer une baisse du prix des carburants qui bénéficierait à toute la population, mais Soodesh Callichurn, qui détient pourtant le pouvoir d’accepter ou de refuser une fluctuation du prix des carburants, n’a pas fait mieux que le directeur de la STC, qui avait, lui, demandé au gréviste de renvoyer sa grève pour janvier.

Le ministre du Commerce a, au contraire, « add insult to injury » en optant de faire une mascarade pour dire, au final, que le ‘Petroleum Pricing Committee’ ne se réunira pas avant janvier prochain. Ce même Callichurn qui était monté sur ses grands chevaux pour dire que la population ne paiera pas les frais de Betamax a fait montre d’une extrême insensibilité face à la grève et la souffrance de Nishal Joyram qui, comme ses autres concitoyens, continuent de payer le prix fort de tous ces scandales qui ont saigné à blanc les caisses de la STC. Nous avons tort de croire que les membres du gouvernement ont encore une conscience. Ils n’en ont pas. Point à la ligne. Et certains n’ont même pas de cervelle. Comme le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, qui soutient que le rôle de la BoM n’est pas de faire des profits mais d’assurer une bonne politique monétaire et stabiliser le marché des changes. Il faudra peut-être que quelqu’un explique à celui qui s’est vu décerner le titre de ministre des Finances africain de l’année que la banque centrale ne peut pas s’acquitter de cette responsabilité puisqu’elle a été drainée de toutes ses réserves de capital pour renflouer les caisses du gouvernement ou pour soutenir ses projets.

Pendant que le pouvoir souffle le chaud et le froid, le peuple continue de souffrir. Certains en exprimant leur révolte derrière leurs claviers. D’autres, nettement moins, en manifestant. Et la plupart, en gardant le silence, par peur de représailles, surtout face à la multiplication des cas de ‘planting drugs’…