Sommes-nous toujours en campagne électorale ? Autant qu’on le sache, le PTr n’est plus au pouvoir depuis décembre 2014. Il y a eu, depuis, deux élections générales, bien que la dernière soit contestée en cour. Mais au lieu d’être conforté dans sa position, du haut de son perchoir, le gouvernement dirigé par l’alliance MSM-ML continue à s’agoniser, matin, midi et soir, contre le PTr et son leader Navin Ramgoolam. Les élucubrations d’Ivan Collendavelloo dans le sillage du Saint-Louis Gate, tentant par tous les moyens de renvoyer la balle sur le PTr, en est la preuve. D’autant que rien n’indique que la fraude a été commise en 2014. D’ailleurs, si tel était le cas, le DG p.i ou le récent board du CEB n’aurait pas été suspendu ou viré à la suite de ces révélations la semaine dernière, n’est-ce pas ?
Le pays est confronté à des défis titanesques provoqués, d’une part, par la mauvaise gestion des affaires du pays, et d’autre part, par la Covid-19. Le gouvernement aurait dû ainsi recentrer et redoubler ses efforts pour relancer notre économie. Il aurait dû s’atteler à blanchir l’image du pays après les récents éclaboussements causés par l’inclusion de Maurice sur la liste grise de la FATF et la liste noire de l’Union Européenne (UE). Une situation qui se corsera certainement suite aux allégations de corruption de l’ordre de Rs 700 millions entourant le réaménagement de la centrale de Saint-Louis.
Ivan Collendavelloo ne réalise-t-il pas la situation infernale dans laquelle il enfonce Maurice en restant accroché à son poste de Premier ministre adjoint ? Admettons pour un instant qu’il n’était effectivement pas au courant de ces allégations de corruption comme il le prétend, mais son ignorance de ce qui se passe dans un organisme tombant sous son ministère ne suffit-il pas pour qu’il démissionne ? Le no. 2 du gouvernement a, de son plein gré, signé son propre certificat d’incompétence ! Quel signal envoie-t-on à la FATF et à l’UE ? Comment le gouvernement, dont le Premier ministre, ose-t-il toujours prétendre qu’on travaille d’arrache-pied pour que Maurice soit enlevé de la liste grise ou noire ?
Pire, en rouvrant une enquête qu’elle a elle-même bouclée depuis 2014, l’ICAC montre d’ores et déjà qu’elle ait pu se laisser influencer par l’hôtel du gouvernement. L’ironie, c’est que même la Banque Africaine de Développement (BAD) ne semble faire confiance à l’ICAC tandis qu’elle avait promis au Premier ministre qu’elle soumettrait une copie du rapport à un « investigating body ». L’ICAC n’en est vraisemblablement pas une aux yeux de la BAD. Qu’en penseront la FATF et l’UE ? À force de vouloir noyer le poisson, ce gouvernement est en train de réduire le pays à une farce. Malheureusement, c’est le peuple qui en sortira comme le plus grand perdant. Pravind Jugnauth, s’il a les intérêts du pays à cœur, peut toujours se ressaisir. D’abord, en révoquant son no. 2. Puis en nommant une commission d’enquête avec pleins pouvoirs pour aller au fond de cette affaire de corruption qui ternit l’image du pays à un moment où on ne peut se permettre, ne serait-ce, qu’un seul écart.