Ces députés en quête de stimulants

Ils sévissent au Parlement

Ils font partie de la ‘demagogy squad’ du gouvernement au Parlement. Ces députés, élus pour la première fois en 2019, se posent habituellement en donneurs de leçons, en se couvrant souvent de ridicule. Ils sont aussi connus pour leurs tentatives de ‘hijack’ le ‘Prime Minister’s Question Time’ (PMQT), pas pour poser des questions d’intérêts public, mais pour encenser le gouvernement, ou sinon, de s’en prendre à des adversaires politiques. Zoom sur ces députés qui « mank rôle »…

Kavi Doolub

Il était jusqu’ici presqu’un illustre inconnu, même dans la circonscription no. 12 (Mahébourg/ Plaine-Magnien) où il a été élu en 2019. S’il a fait la Une des actualités cette semaine, c’est en raison de sa question parlementaire adressée au Premier ministre. La visée de celle-ci était claire dès le départ : tacler Navin Ramgoolam sur l’affaire des coffres-forts. Une question qui figurait déjà à l’ordre du jour le 25 avril dernier, mais qui n’avait pas été répondu. Il y est allé à fond mardi dernier, en adressant une question supplémentaire au Premier ministre sur les détails des comprimés et fortifiants retrouvés chez l’ex-Premier ministre. Un député qui s’adonne au voyeurisme au Parlement, c’est du jamais-vu ! Un ‘evil precedent’, diraient certains. S’il avait un peu de bon sens et d’intelligence, il aurait utilisé le temps qui lui a été judicieusement imparti en posant des questions d’intérêt public. Que nenni. Il restera dans la mémoire collective comme un triste individu, incapable d’arriver à la cheville de Navin Ramgoolam, qu’il a pris pour cible.

Vikash Nuckcheddy

Il est l’un des députés les plus bruyants du MSM. Un peu à la manière de Ravi Rutnah. Il est aussi l’un des rares élus de la majorité de se faire régulièrement expulsé par le Speaker. Mardi dernier d’ailleurs, Sooroojdev Phokeer a même demandé au Sergeant-at-Arms de « carry him », même si c’était sur un ton plus ou moins humoristique. Le député de la circonscription no. 9 se comporte souvent de façon clownesque, si ce n’est pas révoltant, comme cette fois où il avait accusé des manifestants d’« insignifiants ». Il est sur tous les fronts pour défendre le gouvernement, et ne rate pas d’occasion pour égratigner les opposants. L’affaire Franklin ne l’intéresse pas, sans doute en raison de ses tentacules arrivant jusqu’à Lakwizinn, mais il surveille néanmoins les autres arrestations alléguées proches de l’opposition. Comme il l’a fait au Parlement, cette semaine.

Kenny Dhunoo

On se souviendra de lui comme celui qui avait traité le ministre Bobby Hurreeram de « Baahubali ». À l’extérieur du Parlement, il se comporte comme un bouncer. En attestent les images de la CCTV à la clinique Wellkin, le montrant en train de bousculer un infirmier indien. Il est aussi celui qui est à l’origine de la suspension de la journaliste Manisha Jooty de la MBC. Il se sent sans doute pousser des ailes à chaque fois qu’il tente d’intimider ceux qui sont dans une position de faiblesse. N’étant presque jamais appelé à animer des conférences de presse du gouvernement, probablement en raison des casseroles qu’il traîne, il tente néanmoins de se faire remarquer au Parlement, où il est souvent rappelé à l’ordre par le Speaker et le Deputy Speaker. Ses questions parlementaires visent souvent l’opposition, comme celle de mardi dernier qui était axée sur les missions officielles de Navin Ramgoolam de 2005 à 2014, lorsqu’il était Premier ministre. Ce qui est quand même incompréhensible, puisque neuf longues années se sont déjà écoulées depuis qu’il n’est plus au gouvernement. D’autant que la question ayant trait aux voyages de l’ex-PM a suffisamment été traitée dans le passé et que la population n’aurait rien appris de nouveau.

Subhasnee Luchmun-Roy

Cette ancienne RJ aime faire la leçon aux journalistes et à la presse. Mardi d’ailleurs, elle s’est intéressée à savoir quels sont les patrons de presse qui ne respectent pas le ‘Remuneration Order’. Elle se plait aussi à critiquer les « dinosaures » de l’Opposition, oubliant qu’il y en a aussi dans les rangs du gouvernement, dont Ivan Collendavelloo et Alan Ganoo. Son autre passe-temps favori : défendre, bec et ongles, le gouvernement et son « jeune Premier ministre ». Elle interpelle presque toujours le « jeune Premier ministre », qui aura quand même 62 ans le 25 décembre prochain, sur divers sujets. Les mauvaises langues prétendent qu’elle envoie ses questions au clerk de l’Assemblée Nationale très tôt, question de barrer la route aux députés de l’Opposition. Ses interpellations semblent émaner d’une stratégie calculée visant d’abord à plébisciter les actions gouvernementales et ensuite, à acculer l’opposition. Elle reste toutefois muette lorsqu’il s’agit de défendre les droits fondamentaux.

Sandra Mayotte

Elle n’a pas bronché lorsque la photo d’une artiste, comme elle l’a été aussi, a été injustement et arbitrairement brandie au Parlement. Le manque de respect du Premier ministre contre une femme artiste ne l’interpelle pas, mais elle se permet quand même de donner des leçons de respect à l’Opposition. Elle ne se sent pas concernée par les dernières manifestations tenues dans sa circonscription pour protester contre les robinets à sec, mais elle s’intéresse aux émeutes qu’il y a eu il y a plus d’une quinzaine d’années de cela, soit entre 2005 à 2009, comme en témoigne une de ses récentes interpellations adressée au Premier ministre. Certains y voient une tentative d’inciter à la haine raciale. L’arrestation d’Akil Bissessur la titille, mais pas celle de Franklin avec qui on lui prête une certaine proximité. Son rôle au Parlement, tout comme ceux de ses camarades, est de dévier l’attention des scandales et des gabegies du gouvernement.