Le comportement du Speaker, Sooroojdev Phokeer, à l’Assemblée nationale lors de la séance parlementaire du mardi 5 juillet a suscité une désapprobation quasi-unanime. Ajay Daby, ancien Speaker, nous explique ainsi que le Speaker a franchi une ligne rouge et que sa conduite inqualifiable fait honte au parlement et au pays. Une chose est sûre en tout cas : le Speaker a franchi un point de non-retour cette fois-ci.
Du jamais vu dans l’histoire de notre Parlement. C’est ainsi que des anciens speakers résument ce qui s’est passé au Parlement, mardi. Même des ‘Senior Ministers’ du gouvernement se sentiraient « mal à l’aise » devant la conduite du Speaker. Le Premier ministre lui-même a indiqué à la presse qu’il se sentait « frustré » que le Speaker ne lui ait pas donné l’opportunité de répondre à la PNQ de Xavier Luc Duval.
Ajay Daby, ancien Speaker de l’Assemblée nationale, souligne « qu’il y a un problème de comportement de la part du Speaker. Mais cette fois-ci, il a effectivement franchi une ligne rouge. Il est parti au-delà de ce qui est permissible », nous dit-il d’emblée. « L’attitude du Speaker, comme relayé par les caméras installées dans l’hémicycle, n’est certainement pas à son honneur, ni à celui du Parlement. Ce n’est pas joli de voir. Sooroojdev Phokeer projette une image brutale, intolérante, vociférante et intimidante. C’est en fait tout le contraire de l’image que devrait projeter un président de la chambre. J’ai honte comme tout le monde. »
Il fait aussi ressortir que cette attitude rejaillit aussi sur le Parlement, voire sur tout le pays. « Le Speaker est l’incarnation même du Parlement. Sa conduite est honteuse pour tout le pays. Lorsqu’on est à l’étranger, on est fier de l’image de notre pays mais en ce moment, on sent que cette image est mauvaise, vu que le Speaker en train de projeter une mauvaise image de notre temple de la démocratie sur le plan international. En faisant cela, il est en train d’embarrasser le gouvernement », explique-t-il. Mais ce qui est encore plus grave, c’est que le Speaker bafoue la Constitution elle-même. « Cette loi suprême nous a donné la plateforme démocratique qu’est le Parlement mais le Speaker est en train de porter atteinte à cette plateforme, ce qui n’est pas correct », dénonce-t-il.
Que peut-on dire en défense du Speaker ? Ajay Daby est conscient que des fois, il y a des heurts entre les députés du gouvernement et ceux de l’Opposition au sein du Parlement mais que « c’est là que le Speaker doit savoir se comporter ». Selon lui, ce dernier « est en train de confondre entre fermeté et brutalité ». « C’est aberrant de voir aujourd’hui qu’il y a une telle animosité entre le Speaker et les députés de l’Opposition », ajoute-t-il.
Ajay Daby explique qu’il est impératif que le Speaker comprenne bien les ‘Standing Orders’ avant de les brandir dans l’hémicycle et « pour ne pas ‘mislead’ les députés ».
Ajay Daby devait ensuite revenir sur l’affirmation du Premier ministre, Pravind Jugnauth, à l’effet qu’il n’était pas d’accord avec la façon de faire du Speaker car il n’avait pas eu l’occasion de répondre à la question du leader de l’Opposition. Selon Ajay Daby, « de par la conduite du Speaker, le Premier ministre n’a pas eu l’opportunité de répondre à une question d’intérêt national au Parlement, ce qui est inacceptable ».
Par ailleurs, revenant sur les explications du chef du gouvernement face à la presse, notre interlocuteur affirme qu’il n’y a pas la moindre transparence en ce qui concerne les propos de Pravind Jugnauth. « Il est en train d’embarrasser le gouvernement indien », craint-il.
« On n’a pas évoqué ma démission »
Dans une déclaration à la presse, le Speaker, Sooroojdev Phokeer, devait maintenir qu’à aucun moment, sa démission n’a été évoquée, suite à la réaction du Premier ministre qu’il s’était senti « frustré » de n’avoir pu répondre à la PNQ de Xavier Luc Duval.
En ce qui concerne le ‘Standing Order’ qu’il avait brandi pour bâillonner XLD, le Speaker commence maintenant à venir avec des histoires de ‘typing error’ dans une tentative apparente de noyer le poisson dans l’eau.
