Rudy Veeramundar, ancien directeur du GIS : « Sherry Singh parlera de nouveau dans les jours à venir »

  • « Il y a eu des pressions, mais je n’ai pas cédé […] Le GIS n’est pas devenu une MBC bis »
  • « L’objectif du plan de société autour duquel nous étions réunis depuis 2014 n’est plus le même. Une nouvelle équipe a décidé qu’il faut changer de direction, et nous n’étions pas nécessairement d’accord avec cette nouvelle direction »

Il a été attaché-de-presse et ‘Senior Advisor’ de Pravind Jugnauth avant qu’il ne soit propulsé à la tête du ‘Government Information Services’ (GIS). Rudy Veeramundar a toutefois claqué la porte le 2 mai dernier. Sa proximité avec Sherry Singh, ex-CEO de Mauritius Telecom, fait-elle de lui un adversaire ? La question se pose, d’autant qu’il a été convoqué aux Casernes centrales où il a été interrogé par des enquêteurs du CCID, vendredi, sur des fuites d’informations concernant la MBC. Il nous en a parlé un peu plus lors d’un bref entretien téléphonique, hier.

Zahirah RADHA

Q : Vous vous dites interpellé par votre convocation au CCID pour fuites d’informations concernant un contrat entre Hans Puttur et la MBC. Pensez-vous qu’il s’agit d’un acte d’intimidation ?

D’un point de vue professionnel, je préfère être factuel. Je n’aime pas m’aventurer dans des suppositions. Ce qui m’interpelle, c’est que cette convocation est survenue après ma démission comme directeur du ‘Government Information Service’ (GIS). C’est après que j’ai quitté mon poste que la police a décidé d’enquêter sur une prétendue fuite d’informations concernant un article paru dans l’Express sur les dettes de Rs 2, 5 millions de la société de Hans Puttur, Happy Frog, envers la MBC. L’article fait aussi mention d’un discount de 30% que celle-ci aurait eu.

Je sais bien sûr de quoi il s’agit, comme tous les autres membres du board d’ailleurs. Ce qui m’interpelle, c’est le timing de cette enquête. D’autant qu’il y a des fuites d’informations, et même d’images comme dans l’affaire d’Anoop Ramsurrun, sur la MBC quasiment toutes les semaines, et cela depuis des années. Je ne dis pas que c’est une pratique normale, c’est loin d’en être une, mais la question se pose : pourquoi cette déposition a-t-elle été faite maintenant ?

Q : Avez-vous été surpris par cette démarche ?

Disons que je trouve que c’est une coïncidence que cette déposition survient après ma démission et après que Sherry Singh ait révélé les noms de ceux qui font partie de Lakwizinn(ndlr : le nom de Hans Puttur figure parmi les seconds couteaux sur cette liste). Je ne sais pas si la MBC fait autant d’efforts pour récupérer son argent que pour faire une telle déposition contre moi.

Q : Hans Puttur a-t-il effectivement une emprise sur les informations du gouvernement ?

Certainement pas sur moi, malgré certaines tentatives. Mais il paraît qu’il est très influent dans certaines sphères.

Q : Parlez-nous de cette liste des membres de Lakwizinn. Est-elle vraie ?

Oui, certainement.

Q : Est-ce l’une des raisons qui vous a poussé à la démission ?

Tout le monde sait que j’étais un professionnel assez solitaire. Les membres de Lakwizinn n’avaient aucune influence sur moi. Tout comme Sherry Singh. Ils savent qui ils peuvent influencer ou pas. Il y a eu plusieurs tentatives auxquelles je n’ai pas cédé. Le GIS n’est pas devenu une MBC bis. J’aurais pu rester pendant deux ans encore puisque mon contrat avait été renouvelé. Il y a cependant eu des pressions pour que je fasse certaines choses que j’ai refusé.  Je préfère ne pas en parler à ce stade.

Q : Mais pourquoi ce refus d’en parler ?

J’avais décidé, dans un premier temps, de clore ce chapitre. Dans ma lettre de démission d’ailleurs, j’ai précisé que la mission du GIS, c’est de fournir des informations factuelles et c’est ainsi qu’elle doit rester. Je sais de quoi je parle. Il ne faut pas que le GIS soit utilisé pour faire de la propagande. Il y a, par exemple, un membre de Lakwizinn qui appelle pour dire qu’il faut faire ceci ou cela. Mais je m’étais érigé comme un rempart pour empêcher toute manipulation du contenu des informations. Bref, il me faut ouvrir un autre chapitre. Les démarches administratives par rapport aux activités professionnelles que j’entreprends nécessitent du temps. Je préfère donc me concentrer sur cet objectif. Et puis, je n’ai pas quitté mon poste depuis longtemps. Sans compter qu’on m’associe directement avec l’entourage de Sherry Singh.

Q : N’est-ce pas vrai ?

Oui, c’est vrai. Je suis un professionnel de la communication. Sherry Singh est un très bon ami à moi. Quand il m’a demandé de lui donner un coup de main, j’ai accepté.

Q : Est-ce que votre démission et celle de Sherry Singh sont liées d’une façon ou d’une autre ?

Non. Les deux démissions ne sont pas directement liées, sauf peut-être d’un point de vue idéologique. Je partage le sentiment de Sherry Singh sur les facteurs qui l’ont poussé à démissionner. L’objectif du plan de société autour duquel nous étions réunis depuis 2014 n’est plus le même. Une nouvelle équipe a décidé qu’il faut changer de direction, et nous n’étions pas nécessairement d’accord avec cette nouvelle direction. Ceci dit, nos décisions ont été prises indépendamment de l’un ou de l’autre, quoique rejointes sur le plan idéologique.

Q : Bruneau Laurette, qui dit aussi faire partie de l’entourage de Sherry Singh, avait annoncé des développements pour cette fin de semaine, mais il n’y a rien eu de tel. Y aura-t-il d’autres développements ? Quel est le prochain move de Sherry Singh ?

Il n’y a que lui qui peut parler de son prochain move. Mais je peux, par contre, vous dire que Sherry Singh parlera de nouveau dans les jours à venir.