Consulat de Dubaï : Dépenses royales de Showkutally Soodhun : Rénovation au coût de Rs 400 000 sans appels d’offres et sans l’aval du gouvernement

  • Pourquoi le pouvoir a-t-il mis un véto à ses réclamations s’élevant à presqu’un million de roupies ?

Il vient à peine de rentrer à Maurice par un vol en provenance de Dubaï avant de s’auto-isoler chez lui à ‘Au Bout du Monde’ à Ébène. Mais déjà, le nom de Showkutally Soodhun est cité dans le cadre d’une prochaine mission à Dubaï où se tiendra l’Expo2020 à partir du mois d’octobre 2021. Une mission qui n’est pas au goût de tout le monde, d’autant que les frasques grandioses de notre ambassadeur itinérant aux Émirats Arabes Unis (UAE) sont connues de tous, surtout dans les entrailles du pouvoir. C’est ainsi que des grincements de dents se font entendre à l’Hôtel du gouvernement. Des précédentes gaffes, pour ne pas dire des mauvaises pratiques, sont mises en avant pour stopper d’éventuelles folies de grandeur de notre Sheikh local.

Référence est ainsi faite à une mise au point de Showkutally Soodhun sur sa page Facebook le 23 avril dernier, suivant une question parlementaire d’Eshan Juman sur ses dépenses en Arabie saoudite. Un paragraphe en particulier retient l’attention. Il se lit comme suit : « En vue d’accomplir ses fonctions d’Ambassadeur de Maurice en Arabie saoudite, aux Émirats Arabes Unis, à Bahrein et au Koweit, l’ambassadeur Soodhun a souvent dû puiser de ses fonds personnels pour poursuivre des actions dans l’intérêt du pays et des Mauriciens. Des dépenses conséquente tel que plusieurs voyages effectuer pour des négociations officielles pour le pays et les frais d’hébergements y afférente, la rénovation et l’ouverture du Consulat de Maurice à Dubaï qui a couté environ Rs. 1 million sont quelque exemple des dépenses encouru par l’ambassadeur mais jamais remboursées par le ministère !!! »

De quelles dépenses avoisinant le million de roupies s’agit-il au juste ? Et pourquoi n’a-t-il pas été remboursé par le ministère des Affaires étrangères s’il concernait des dépenses officielles ? Selon notre enquête, il ressort que ce serait des frais liés à une récente mission à Dubaï, plus précisément dans le cadre de l’ouverture d’un consulat dans cette région. Outre le coût des billets d’avion, des frais du logement et des ‘per diem’ entre autres, des dépenses de l’ordre de Rs 400 000, payées des poches de Showkutally Soodhun, aurait été encourues pour des travaux de rénovation dudit consulat, sans que les procédures d’appels d’offres ne soient respectées. Cette affaire aurait même fait grand bruit dans les coulisses du pouvoir, surtout parce que le gouvernement, paraît-il, n’avait jamais donné son aval pour que ces travaux soient entrepris. Pourquoi alors l’ambassadeur itinérant a-t-il payé de sa poche pour que ces travaux soient faits en toute urgence ? Personne ne dit d’ailleurs comprendre pourquoi Showkutally Soodhun s’obstine à payer lui-même tous les frais avant de réclamer des remboursements. Est-ce une façon d’obliger le gouvernement à lui décaisser des fonds ?

Outre ces travaux de rénovation, il nous revient qu’environ Rs 200 000 auraient aussi été dépensées pour divers achats qu’on aurait pu croire de première nécessité, mais qui n’en est rien de tel, ainsi qu’un exercice de nettoyage et de désinfection des quartiers où le consulat devrait être basé. Des dépenses qualifiées de « urgent works and purchases » par l’ambassadeur qui aurait puisé de ses fonds personnels pour les payer, mais considérées farfelues par l’Hôtel du gouvernement, d’autant que ledit consulat n’a pas encore vu le jour. Raison pour laquelle une réclamation faite par le chef de la mission, en l’occurrence Showkutally Soodhun, en janvier 2021 pour le remboursement de ces dépenses n’aurait pas été entretenue par le ministère des Affaires étrangères.

Ce n’est pas tout. Notre ambassadeur itinérant semble être très soucieux du bien-être des employés de notre mission diplomatique. La preuve, il se serait personnellement engagé à acheter un lit et un matelas à être utilisé par … le gardien de nuit ! Heureusement que le ridicule ne tue pas. Et pour couronner le tout : des ustensiles de cuisine, pas pour Lakwizinn du pouvoir mais pour celle de la mission diplomatique encore inexistante de Dubaï, ont également été acquis. Question de ne pas mourir de faim, sans doute. Tout cet attirail a coûté environ Rs 60 000 additionnelles, et dont Showkutally Soodhun réclamera aussi un remboursement auprès du ministère de tutelle, mais qui ne lui aurait pas été remis.

Des frais de location de voiture et autres dépenses s’élevant à des centaines de milliers de roupies s’ajouteraient également à cette liste. « Une mission officielle » dont l’objectif principal ne semble avoir été qu’un « shopping spree ». Ce qui aurait fait sortir des dirigeants du gouvernement de leurs gonds. Ce qui expliquerait pourquoi ses réclamations seraient restées lettres mortes. Sauf que pour pareilles fautes et mauvaises pratiques, d’autres, s’ils n’étaient pas dans les petits papiers du pouvoir, auraient déjà été sanctionnés.

Rôle rigolo d’un ambassadeur itinérant ?

Ce qui étonne et interpelle le plus dans toute cette affaire, c’est le rôle joué par cet ambassadeur itinérant. Showkutally Soodhun est-il payé des fonds publics pour se rendre en mission officielle, coûtant plusieurs centaines de milliers de roupies, pour qu’il achète personnellement des drapeaux, des lits, des ustensiles de cuisine ou encore pour s’occuper du nettoyage et de la désinfection ? Les procédures ont-elles été respectées et suivies dans le cadre de ces dépenses ? Pourquoi le ministère des Affaires étrangères aurait-il refusé de débourser ne serait-ce qu’un seul sou pour rembourser ces frais ? Y a-t-il eu un excès de zèle de la part de Showkutally Soodhun et qui a déplu dans les hautes sphères de Lakwizinn ? Pourquoi la tête de l’ancien vice-Premier ministre est-elle plus que jamais réclamée ?

À Riyadh 

Des procédures ont-elles été contournées ?

Certains, et non des moindres, à l’Hôtel du gouvernement s’interrogent sur certaines dépenses liées aux voitures officielles de l’ambassade et de l’ambassadeur itinérant de Maurice en Arabie saoudite. Des procédures ont-elles été contournées pour que l’assurance de la ‘representational car’, une BMW modèle 730 Li acquise en janvier 2020 et qui serait plus puissante que les voitures allouées aux ministres, soit renouvelée auprès de la compagnie d’assurance Tawuniya, alors que l’offre de celle-ci était plus élevée que deux autres soumissions reçues ? Les procédés peuvent-ils être changés ou modifiés selon le bon vouloir de Showkutally Soodhun ou bien abuse-t-il de sa position pour imposer ses diktats au grand dam de la bonne gouvernance ?