Coup de tonnerre au MSM

Cette affaire de pots-de-vin impliquant pas un, mais trois membres du MSM, dont un ministre, un PPS et un nominé politique, est considérée comme une patate chaude pour le gouvernement. Car ces développements interviennent dans le sillage de l’affaire Franklin, alors que le Premier ministre dit vouloir mener une lutte sans relâche contre le trafic de drogue. Outre les allégations de pots-de-vin contre Maneesh Gobin et la présence de ce dernier dans le ranch utilisé par Franklin pour ses ‘rave parties’, l’on se souviendra aussi que c’est ce même Maneesh Gobin, également Attorney General, qui était dans la ligne de mire en ce qu’il s’agit de l’extradition de Franklin. Incapable de répondre aux questions pressantes de la presse, il avait d’ailleurs fait un walk-out de sa propre conférence de presse.

Avec le grand déballage qui est fait à l’ICAC concernant les dessous de toute cette affaire, les sombres desseins des uns et des autres nous paraissent maintenant un peu plus clairs. D’autres interrogations viennent néanmoins s’y greffer. Y a-t-il eu des tentatives d’étouffer volontairement la demande de La Réunion concernant Franklin ? D’ailleurs, une déclaration du Premier ministre faite le 26 février 2023 nous revient aussi à l’esprit. Pravind Jugnauth avait soutenu ce jour-là que « pena demande d’extradition, kuma kapave extrade li ? ». Or au Parlement mardi, il a affirmé que « on 21st and 22nd of February that the Ministry of Foreign Affairs had received a request from the Embassy of France in a Note Verbale for the extradition to the French authorities of Mr JC and Mr JD ».

Pourquoi le Premier ministre avait-il dit, le 26 février 2023, qu’il n’y avait aucune demande d’extradition à cette date alors qu’une demande avait été formulée quelques jours plus tôt, soit les 21 et 22 février, par l’ambassade de France, selon ses propres révélations au Parlement ? Avait-il menti ou avait-il été ‘misled’ ? Mais visiblement, le gouvernement n’arrive pas à gérer le dossier Franklin comme il se doit. Est-ce en raison des ramifications politiques qui commencent à se défiler devant nos yeux ébahis ? Est-ce pour cette raison que le gouvernement a joué à la sauvette en excluant les tranches de la PNQ et des questions adressées au Premier ministre et aux ministres ? D’autant que le député travailliste Eshan Juman avait déjà adressé une question spécifique sur la visite effectuée par l’Attorney General et ministre de l’Agro-industrie, Maneesh Gobin, sur le ranch situé à proximité de Grand-Bassin ?

Ce qui est encore plus aberrant dans cette affaire de pots-de-vin, c’est que les négociations ont été tenues lors d’une soirée en bonne compagnie, où la viande de cerf a été distribuée et l’alcool a coulé à flots. Ce qui pourrait être perçu comme un sacrilège, le lac sacré du Grand-Bassin se trouvant à peine à quelques centaines de mètres où se tenait cette fête réunissant tous les ingrédients d’un cocktail explosif. Il sera fort intéressant de savoir ce qu’en pensent ces associations socioculturelles qui avaient fait tout un tam-tam concernant l’affaire katori, qui avait été délibérément mise hors contexte pour nuire à Navin Ramgoolam et de provoquer sa défaite lors des dernières élections. Les dirigeants de ces associations prendront-ils position sur la question, eux qui ne jurent que par le MSM de Pravind Jugnauth ?

Il faudra aussi voir ce que fera le Premier ministre à la lumière de ces développements, étant donné que l’interrogatoire de Gobin, Dhaliah et Ramnarain semble désormais inévitable. Aura-t-il le courage de les révoquer tous, car ils occupent tous d’importantes fonctions ?  Ce qui nous rappelle aussi le cas d’Ivan Collendavelloo dans l’affaire Saint-Louis, de Ravi Yerrigadoo dans l’affaire Bet 365, de Yogida Sawmynaden dans le sillage de l’enquête judiciaire sur la mort de Kistnen, ou encore de feu Raj Dayal dans l’affaire Bal Kouler…