Covid-unsafe

Maurice est “relatively Covid-safe”. Divagation ? Radotage ? Le Deputy Prime Minister Steve Obeegadoo s’est voulu plutôt rassurant sur CNN jeudi. Surtout pour les touristes que nous accueillons désormais à bras ouverts, qu’ils soient vaccinés ou pas. Ne vise-t-on pas d’ailleurs d’en accueillir 650 000 d’ici la fin de la présente année financière ? N’est-ce pas dans le sillage de ces mêmes prospectives que Statistics Mauritius a été contraint de revoir ses prévisions à la hausse et qui a culminé avec la démission anticipée du chairman de cet organisme jadis indépendant et respecté ? Il coule donc de source que le gouvernement va tout mettre en œuvre pour y arriver. Quitte à « bluff their way out of it ». Comme l’a fait Steve Obeegadoo sur CNN. Difficile, à ce stade, de prédire si les touristes mordront à l’hameçon du DPM en croyant que Maurice est effectivement « relatively Covid-safe ».

Mais, les Mauriciens, eux, en font déjà tout un plat avec les élucubrations d’Obeegadoo, d’autant que le nombre de cas positifs à la Covid-19 ne cesse d’accroître, le pays comptant à hier après-midi 651 cas actifs. Une situation qui n’est plus du tout sous contrôle, malgré les rabacheries du ministre de la Santé sur les ondes d’une radio privée vendredi. Outre les dortoirs des travailleurs étrangers où des cas positifs pullulent alors qu’ils étaient censés être sous la surveillance des autorités, le nombre d’établissements éducatifs qui sont contraints de fermer leurs portes temporairement en raison de la propagation du virus demeure une source constante d’inquiétude. Pourtant, la ministre de l’Éducation ne semble pas s’en soucier d’un iota. Comme si la santé et la sécurité de ces nombreux étudiants du pré-primaire, primaire, secondaire et tertiaire ne comptent pas. Elle fait preuve d’une insouciance révoltante qui nous glace le sang. Mais elle n’en a cure et continue de jouer aux abonnés absents. Lee Pa La, ironise-t-on d’ailleurs sur les réseaux sociaux.

On a eu la preuve cette semaine, avec la flambée de cas positifs et le manque de communication et d’informations concernant la fermeture de certaines écoles, que le cafouillage dans la gestion de la pandémie persiste de plus bel. Qu’il soit au niveau de la santé avec les protocoles sanitaires et le traitement qui font toujours l’objet de critiques, de l’éducation où règne une cacophonie incroyable en l’absence d’un système d’éducation en ligne fiable et prometteur ou des finances où le système d’allocations financières laisse à désirer. Maintenant avec l’ouverture des frontières, c’est tout le pays qui court d’énormes risques. S’il est vrai qu’on ne peut plus remettre à plus tard cette ouverture tant attendue, il est aussi vrai que nos dirigeants et les autorités devront redoubler de vigilance et de faire preuve de beaucoup plus de professionnalisme pour pouvoir faire face aux défis additionnels qui nous guettent désormais.

La situation risque de nous éclater à la figure si des mesures correctives ne sont pas prises pour combler les lacunes. L’on ne veut surtout pas que Maurice en entier soit en zone rouge par l’amateurisme des autorités après que la population ait fait montre d’une exemplarité extraordinaire, qu’il soit au niveau du respect des consignes sanitaires ou de la vaccination.