Crime de Bel-Air : Les médisances d’une voisine ont mis le feu aux poudres

  • La lenteur des policiers vivement déplorée par les enfants de la victime

Nouveau rebondissement dans le crime passionnel de Bel-Air, drame qui s’est produit ce mardi 10 septembre. Ce serait en effet des paroles malveillantes qui seraient à l’origine de la violente dispute conjugale, où Shabneez Mohamud, une femme de 35 ans et mère de deux enfants, a trouvé la mort aux mains de son mari, Nasureedhin Mohamud, 38 ans.

Les deux jeunes garçons Saahir, 15 ans, et Nawfal, 10 ans sont inconsolables suite au meurtre de leur mère. Alors que ce jour fatidique, Nasureedhin Mohamud, hors de lui, s’acharnait avec une rare violence sur sa femme et ses deux enfants, le petit Nawfal a pu s’échapper. Il a couru jusqu’au poste de police de Bel-Air mais les policiers auraient pris une heure et demie avant de se rendre sur les lieux. Hélas, l’irréparable s’était déjà produit : en effet, Nasureedhin Mohamud avait déjà étranglé sa femme. « Si la police ti al pli bonheur, mo  pa ti pou perdi mo mama zordi », pleure Saahir.

Une langue de vipère à l’origine du drame

Selon Saahir, une voisine aurait monté de toutes pièces une histoire de relation extraconjugale qu’entretenait sa mère. La voisine murmurait à l’oreille du présumé meurtrier, Nasureedhin Mohamud, que Shabneez Mohamud entretenait une relation amoureuse avec un homme qui passait souvent au domicile du couple pour lui livrer des toiles, car elle était modiste. Suite à cela, le mari devait se montrer de plus en plus violent envers sa femme, alors que les choses n’allaient déjà pas bien dans le ménage.

Nasureedhin Mohamud avait en effet un penchant pour les jeux de hasard et perdait beaucoup d’argent. Suite aux reproches de Shabneez qu’il n’apportait pas de nourriture à la maison mais gaspillait son argent, ce dernier avait pris l’habitude de répondre par la violence en tabassant sa femme, l’accusant d’être infidèle, surtout après les allégations de la voisine.

Pour sa part, Saahir dément avec force toute allégation de relation extramaritale, car il s’était absenté de l’école pendant trois semaines pour essayer de confirmer les doutes de son père. Selon lui, il n’y a jamais rien eu d’anormal quand l’homme venait livrer des tissus à la victime. « La voisine aurait raconté à mon père que cet homme a passé une bonne heure chez nous à la maison alors qu’il était déjà parti 20 minutes après son arrivée. J’ai tout de suite compris que la voisine mentait à mon père dans le but de faire du tort à ma mère », explique Saahir.

Le 10 septembre dernier, après une énième vive dispute, le couple en serait venu aux mains. C’est  alors que le drame se serait produit.

Des sanctions prévues contre quatre policiers

  • Y a-t-il eu non-assistance à personne en danger ?

Énième cas de violence conjugale qui a coûté la vie à une femme. Shabneez Mohamud, 33 ans, a été mortellement étranglée par son époux Nasureedhin Mohamud, 38 ans, au domicile familial, à Bel-Air, mardi matin. Ce qui choque : les deux fils de la victime avaient couru sur une distance d’environ un kilomètre pour solliciter l’aide de la police, mais peine perdue.

Les deux enfants se sont rendus au poste de police de la localité à 8 h 30 précises et ce n’est qu’à 10 h que des policiers se sont rendus sur les lieux pour un constat. Mais il était déjà trop tard. Shabneez gisait inerte sur son lit. C’est son fils de 10 ans qui a fait cette découverte, en compagnie des policiers.

Les témoignages des deux garçons, après le drame, ont choqué plus d’un. Dans les moindres détails, ils ont expliqué comment ils se sont rendus au poste de police de la localité, quand leur mère se faisait tabasser par leur père. Les deux jeunes, qui ont d’ailleurs tenté d’intervenir, avaient été également roués de coups par leur père. Dépassés par la situation, ils avaient sollicité l’aide de la police pour sauver leur mère, mais en vain.

Un ‘sub-inspector’ muté

Cette affaire a causé un embarras certain aux  Casernes centrales. Une fois de plus, est-on tenté de dire, avec le manque de professionnalisme des membres de la force policière étalé au grand jour. Ce qui n’a pas manqué également de provoquer la colère de plusieurs hauts gradés, notamment ceux responsables de la division Est. Déjà, un ‘sub-inspector’, qui était en poste le jour du drame a été muté jeudi après-midi.

Mais cette affaire ne s’arrêtera pas là, selon des sources fiables. « S’il y avait eu l’intervention de la police, cette jeune femme serait toujours en vie. Il ne faut pas que de telles choses se reproduisent », nous a confié un haut gradé de l’Eastern Division. D’ailleurs, quand nous l’avons rencontré vendredi dernier, il visionnait encore le témoignage des deux fils de la victime, donné aux journalistes de Sunday Times. « C’est vraiment grave ce qui s’est passé et c’est vraiment touchant de voir un fils de 15 ans, en pleurs pour n’avoir pu sauver sa mère, et un autre de 10 ans qui explique comment il a demandé à des policiers de porter secours à sa mère en détresse’’, nous a confié ce dernier.

Le CCID prend le dossier en main

Depuis jeudi dernier, les enquêteurs du Central Criminal Investigation Department (CCID) ont pris en main ce dossier. D’ailleurs, il nous revient que des images des caméras de surveillance du poste de police de Bel-Air ont déjà été visionnées pour le besoin de l’enquête. Cela afin de confirmer l’heure à laquelle les deux fils sont arrivés au poste de police et l’heure à laquelle les policiers sont arrivés sur le lieu du crime.

Une chose est sûre, explique une source proche de l’enquête. Quatre policiers seront convoqués aux Casernes centrales pour donner leurs versions des faits sur cet incident. Pourquoi ont-ils demandé aux deux fils de la victime de patienter ? Certains avancent que des sanctions sévères sont prévues, mais les Casernes centrales préfèrent attendre la conclusion de l’enquête. Les enquêteurs évoquent même une affaire de non-assistance à personne à danger.