[Cyclone Belal] Subiraj Sok Appadu : « Encore des leçons à tirer des erreurs du passé »

Le lundi 15 janvier 2024 restera gravé dans la mémoire des Mauriciens comme une journée noire, marquée par une tragédie causée par les pluies diluviennes du cyclone Belal dans la région de la capitale et d’autres parties de l’île. La question se pose : aurait-on pu éviter ce drame avec une communication et une planification plus efficace entre la station météorologique de Vacoas et les autorités ? Selon Subiraj Sok Appadu, nous avons été confrontés à une situation quasiment sans précédent, mettant en lumière l’incompétence d’un gouvernement méprisant. L’ancien directeur de la station météorologique de Vacoas souligne le fait que nous n’avons pas tiré de leçons de nos erreurs passées.

Il met en évidence le problème persistant de communication entre les autorités, la station météorologique de Vacoas et le public. Selon lui, rien ne change, et nous ne sommes pas prêts à affronter de telles situations. Évoquant les inondations antérieures, il souligne qu’à l’époque, il n’y avait aucun signe avant-coureur, contrairement au cas du cyclone Belal qui était prévu depuis un certain temps. Malgré l’utilisation de technologies avancées telles que les radars, les satellites et les observations des prévisionnistes, des informations n’ont pas été prises en compte, ignorant quasiment la situation. « Nous disposons d’une technologie de pointe nous permettant de photographier tous les détails d’un cyclone depuis les satellites », souligne-t-il. Selon lui, de tels événements n’auraient pas eu lieu avec une coordination adéquate entre la météo, le ‘National Disaster Risk Reduction Management Centre’ (NDRRMC) et d’autres organismes.

En ce qui concerne le système de drainage, il s’interroge sur les fonds alloués à la construction des drains de 2013 à ce jour, insinuant que ces millions de roupies ont été emportés par les eaux. Pour ce qui est de la gestion de la station météorologique de Vacoas, Subiraj Sok Appadu déplore le manque de communication et insiste sur la nécessité d’un dialogue accru avec le public. Il souligne également les interférences excessives entre différentes institutions, appelant à une prise de responsabilité ferme pour éviter la répétition de telles situations. Il critique le manque de communication entre la météo, les décideurs politiques et la population pour prendre les précautions nécessaires contre de telles catastrophes.

Au sujet du ‘preparedness plan‘, il évoque une absence de préparation réelle, critiquant la tendance à agir ‘après la mort latisane’, soit quand la situation se détériore. L’’ancien directeur de la station météorologique appelle à une révision du fonctionnement des différentes instances pertinentes, mettant en avant la nécessité d’une communication efficace et vulgarisée.

Vassen Kaupaymoothoo : « Manque de préparation et mauvaise gestion des catastrophes naturelles »

L’océanographe Vassen Kaupaymoothoo considère que la récente catastrophe était évitable. Il attribue la perte de vies humaines et les dégâts causés par les inondations de Port-Louis à un manque de préparation et à une mauvaise gestion des catastrophes naturelles. Il souligne la nécessité pour les autorités de réagir de manière scientifique et transparente afin d’éviter d’autres tragédies. Comparant Maurice à l’île de la Réunion, il estime que cette dernière a su prendre les précautions nécessaires, tandis que Maurice n’était pas prête pour faire face à une telle situation.

Il critique le chaos qui a régné dans le pays le lundi précédent, alors que le danger approchait de Maurice, et insiste sur la nécessité de tirer des leçons du processus d’alerte et de prise de décision, soulignant que des mesures rapides doivent être prises, surtout en période cyclonique. « Je tire la sonnette d’alarme depuis plusieurs années, mais en vain », dit-il.

Pour l’océanographe, le système d’alerte cyclonique et de prévisions est dépassé. Il met en garde contre la focalisation sur la direction du vent uniquement, soulignant les multiples facettes dangereuses d’un cyclone telles que la pluie, la houle et les rivières en crue. Il plaide pour un changement du système d’alerte et de prévision, suggérant un ‘multi hazard system’ similaire à celui de l’île de la Réunion. Il préconise l’autonomie du directeur de la météo pour prendre des décisions, et insiste sur la nécessité de repenser la méthode de prévision pour mieux faire face à de telles situations.