Décès tragique de Neelah Rujub, morte de la covid-19 après avoir donné naissance : Le beau-père : « C’est une perle précieuse qui nous a quittés »

La pandémie de covid-19 ne fait qu’apporter tristesse et désolation parmi de nombreuses familles dans le pays. Pour chaque jour qui passe, nous comptons des décès dus à la covid-19. Jeunes, vieux, hommes, femmes ou enfants, personne n’est épargné.

Dans notre dernière édition, nous avions fait état du décès tragique de Suhaylah Deensah Naudeer, une jeune mère qui n’a pas été épargnée par la pandémie et  qui est partie sans même cajoler son bébé qu’elle a mis au monde. Ce lundi 22 novembre, Neelah Rujub est devenue la deuxième femme qui est décédée après son accouchement, et qui n’a pas connu la joie de prendre son enfant dans ses bras. La famille Rujub, anéantie, traverse actuellement des jours terriblement difficiles.

Neelah Mooken Rujub était âgée de 38 ans au moment de sa mort. Elle habitait avec son mari Khalim, 31 ans, dans le quartier de Latapie à Bon-Accueil. Enceinte de huit mois, elle avait contracté le coronavirus quelque temps de cela et était en auto-isolement chez elle. Khalim nous confie que Neelah n’était pas vaccinée vu qu’elle était enceinte mais qu’elle comptait se faire vacciner après son accouchement.

Son mari pense qu’elle avait été contaminée à l’hôpital Victoria à Candos, alors qu’elle se rendait à cet hôpital pour ses visites médicales. Ce dernier nous explique aussi que tous les autres membres de la famille avaient été testés négatifs.

Ce 7 novembre, Neelah avait dit à son époux qu’elle ne se sentait pas bien. Le lendemain, lundi 8 novembre, son mari Khalim l’avait transportée à l’hôpital Victoria. À son arrivée à l’hôpital, un test PCR devait confirmer qu’elle était toujours positive à la covid-19. Décision est prise de l’admettre vu qu’elle était enceinte et que la santé du bébé était en jeu. Qui plus est, elle était asthmatique et avait souvent des difficultés pour respirer. Cette condition représentait un danger additionnel pour elle et son bébé. Selon Khalim, il y avait 8 personnes qui étaient positives à la covid-19 dans la salle où sa femme avait été admise.

Bien que l’accouchement était prévu en décembre, Neelah a dû subir une césarienne le 11 novembre pour certaines raisons médicales. Le bébé, une petite fille, se porte bien et elle est négative à la covid-19. Elle reste toujours sous observation à l’hôpital Victoria.

L’état de santé de Neelah s’était détérioré dans la soirée du 20 novembre et les médecins ont dû la transférer d’urgence à l’hôpital ENT. Mais elle devait mourir deux jours plus tard, soit le lundi 22 novembre. C’est la famille Mooken qui a effectué les démarches pour sa crémation, selon les rites hindous.

« Je serais comme un père et une mère  pour cette petite fille »

Neelah attendait avec impatience l’arrivée de son enfant. Elle disait souvent qu’elle voulait avoir une fille. C’était le moment tant attendu pour elle car c’était son premier enfant avec Khalim. Tous les préparatifs avaient déjà été faits pour accueillir la petite fille dans la famille Rujub, qui comptait célébrer dignement cet  heureux évènement, mais qui s’est hélas tourné en cauchemar en peu de temps.

Heureusement, le bébé se  porte bien. Son père nous explique qu’elle s’appellera Nairah Bibi Kawsar Rujub. « Li kuma so mama mem », souligne-t-il. Khalim compte veiller sur l’enfant. Il nous explique qu’il assumera pleinement ses responsabilités de père, et qu’il fera de son mieux pour remplacer la mère de l’enfant.

Khalim nous raconte qu’en 2019, il avait fait la rencontre de Neelah, qui était déjà la mère de trois enfants, issus d’une première union. La même année, ils s’étaient mariés religieusement, selon les rites musulmans. Depuis, Khalim avait promis de l’aimer. Même si ce n’était pas sa première femme, il l’aimait passionnément et l’aimera toujours, même si elle n’est plus de ce monde.

Khalim nous raconte qu’ils ne vivaient pas comme mari et femme. Ils étaient plutôt comme de bons amis et ils passaient leur temps à raconter tout ce qu’ils avaient à raconter pendant des heures. Khalim n’a jamais imposé quoi que ce soit à Neelah et lui accordait une certaine liberté. Khalim faisait tout pour lui plaire. Il ne l’a jamais refusé de l’emmener où que ce soit. Il a fait le tour du pays en sa compagnie et a passé de moments inoubliables avec elle, des moments qu’il va chérir à tout jamais, nous dit-il.

« Zamai mo pa pu gagn ene fam kuma li », pleure Khalim Rujub, toujours désemparé par la mort soudaine de Neelah. « Je tiendrai le coup pour ma fille et je m’occuperai d’elle car c’est le seul souvenir qui me reste de Neelah. »

Anisah Rujub, la belle-mère de Neelah, accablée par son départ tragique, nous raconte que celle-ci était une bonne personne. Elle n’a jamais eu d’altercation avec elle. Neelah n’était pas de la même religion que les Rujub, mais Anisah l’avait pleinement acceptée comme belle-fille car son fils avait pu trouver le bonheur et la joie de vivre à ses côtés. Elle nous raconte que Neelah et Khalim s’aimaient bien et selon elle, si deux personnes s’aiment bien, pourquoi les séparer ? La famille avait accepté que le couple procède à leur mariage religieux (‘nikkah’) et ainsi, ils avaient commencé à vivre ensemble tous les deux. 

Elle nous raconte qu’une autre belle-fille venait d’accoucher d’une petite fille et elle attendait avec impatience l’accouchement de Neelah. Tout comme elle s’était occupée de cette autre belle-fille après son accouchement, elle avait aussi demandé à Neelah de venir chez elle pour qu’elle puisse s’occuper d’elle après son accouchement mais elle ne savait pas que sa belle-fille allait la quitter de cette façon.

Gafoor Rujub, le beau-père de Neelah, nous explique pour sa part qu’il avait connu sa belle-fille depuis peu de temps et que celle-ci était une « personne extraordinaire ». Elle était très débrouillarde et n’esquivait jamais ses responsabilités, selon lui. Il ajoute que Neelah avait toujours été aux côtés de son mari Khalim dans les moments difficiles et aujourd’hui, c’est une grande perte pour la famille d’avoir perdu une belle-fille comme Neelah. Pour Gafoor, elle n’était pas une simple belle-fille mais était plus comme sa propre fille. « Azordi, mone perdi ene perle precieux dans mo famille. Li  pou extra mank nous », pleure Gafoor Rujub.

En ce qu’il concernce sa petite fille Bibi Kawsar, le souvenir que Neelah a quitté, il l’élèvera, avec Khalim comme sa propre fille. Il nous confie qu’il ne voulait avoir que des filles dans sa maison et par la grâce de Dieu,  il aura désormais deux petites filles à grandir.