Disparition du capitaine Moswadeck Bheenick : Faute de moyens, son fils doit abandonner sa formation de pilote

Depuis le naufrage du remorqueur Sir Gaëtan le 31 août dernier au large de Poudre D’or, le capitaine Moswadeck Bheenick est toujours porté manquant, alors que trois marins avaient trouvé la mort. La Mauritius Ports Authority (MPA) avait promis que des salaires équivalant  à six années de service seraient versés aux familles endeuillées. Mais l’épouse du capitaine Mariam Bheenick nous explique qu’on lui fait subir des tracasseries.

Pour rappel, dans la soirée du 31 août, le remorqueur Sir Gaëtan, avec 8 employés de la Mauritius Ports Authority (MPA) à son bord, halait une barge appartenant à la compagnie Taylor Smith. Cette barge était chargée de fûts de déchets toxiques récupérés dans le sillage du naufrage du Wakashio. Au large de Poudre D’Or, le remorqueur entra en collision avec la barge et sombra. Trois  marins y périrent noyés alors que quatre autres ont pu être secourus. Le corps du capitaine du remorqueur, Moswadeck Bheenick, n’a jamais pu être retrouvé, plus de deux mois après cette catastrophe.

Nous avons rencontré Mariam Bheenick, l’épouse du disparu. Au domicile des Bheenick à Calebasses, la tristesse est toujours de palpable. Anéantie depuis la disparition de son époux, Mariam Bheenick se bat pour pouvoir joindre les deux bouts.  Elle a une fille qui est encore au collège, tandis que son fils suit une formation pour devenir pilote de ligne en Afrique du Sud.

Mariam Bheenick prépare à manger pour sa fille qui rentre de l’école. Pour cette mère de 45 ans, la vie a pris une tournure incertaine. Le capitaine Bheenick avait le droit de travailler encore 10 ans avant de faire valoir ses droits à la retraite.

Elle explique que la Mauritius Port Authority avait donné l’assurance aux familles endeuillées qu’elles allaient recevoir 6 ans de salaires. La MPA et le gouvernement avaient aussi pris l’engagement qu’ils continueraient à financer la formation de son fils.

Toutefois, pour le mois d’octobre, elle n’a reçu que Rs 50 000, apparemment en dessous du salaire de base de son mari. Qui plus est, en faisant les formalités pour avoir cet argent, une dame qui travaille à la MPA lui a fait comprendre que l’argent qui lui est versé sera déduit du ‘lump sum’ de son mari, somme qu’il devait toucher à sa retraite, ou reversée aux héritiers si le bénéficiaire meurt.

«  Ce n’est pas logique ! Mon époux n’est pas à blâmer. Il a disparu en faisant son travail. Ce sont eux qui ont fauté », dénonce-t-elle.  « J’ai des emprunts à rembourser. Je dois envoyer de l’argent à mon fils. Comment vais-je faire ? », questionne-t-elle.

N’ayant pas les moyens de financer la formation de son fils, ce dernier a dû commencer les formalités en Afrique du Sud pour abandonner ladite formation.

Mariam Bheenick raconte qu’elle a déjà parlé avec le ministre du Travail, en lui demandant d’organiser une rencontre avec le Premier ministre, mais le ministre a dit que cela n’était pas possible.

Depuis, elle continue ses démarches pour pouvoir joindre les deux bouts et pour s’occuper de l’avenir de ses deux enfants.

 

Neevedita Nundowah