Dr Shameem Jaumdally : « Une certaine immunité collective déjà atteinte en Afrique du sud »

  • « L’Omicron presque comparable aux variants précédents surtout en ce qu’il s’agit de la maladie sévère », estime le virologue

Selon des données scientifiques enregistrées jusqu’ici, l’Afrique du sud semble être l’une des premières régions à travers le monde à avoir atteint une certaine immunité collective. C’est du moins ce que nous révèle le Dr Shameem Jaumdally qui se réjouit de cette nouvelle, en se basant sur les résultats des derniers éléments recueillis par les autorités sud-africaines compétentes. Une nouvelle qui semble être prometteur pour cette partie du monde. D’autant que le taux de vaccination en Afrique du sud est encore relativement bas, soit de l’ordre de 30 à 35 %, dépendant des villes. Par contre, le nombre élevé d’infection recensés jusqu’à présent a grandement contribué à engendrer cette immunité collective.

Ainsi, selon un sondage, nous dit-il, 73% de la population de la province de Gauteng, près des villes de Johannesbourg et de Pretoria, ont déjà eu une immunité, soit à travers la vaccination, soit en raison d’une infection précédente. À Cape Town, le taux d’immunité est de 70%. Résultat : moins de cas d’hospitalisation sont enregistrés. D’ailleurs, la majorité de cas positifs enregistrés dans les hôpitaux en Afrique du sud en ce moment concerne des patients qui s’y sont rendus pour des raisons autres que la Covid-19. « La plupart de ces patients positifs concerne des patients qui doivent se faire opérer ou encore des femmes enceintes, qui constituent 30% des cas positifs, qui doivent accoucher », confie le virologue. Selon certaines indications, les adolescents semblent aussi être moins affectés. « À l’hôpital Chris Hani Baragwanath à Johannesbourg, seulement 80 % des adolescents testés positifs étaient venus se faire traiter pour d’autres maladies. Ce qui sous-entend que les maladies sévères sont moins », poursuit-il.

En ce qui concerne le nombre de cas de contamination, le Dr Shameem Jaumdally confie que la tendance est à la baisse, le pic ayant probablement déjà été atteint à Johannesbourg. « Le pic dans les villes de Cape Town et de Durban viendront un peu plus tard, comme cela avait été le cas lors des précédentes vagues », explique-t-il. Mais les résultats sont suffisamment probants pour que le gouvernement sud-africain n’augmente pas le niveau des restrictions sanitaires qui y sont actuellement en vigueur. Cela ne risque pas de changer même avec le variant Omicron qui rôde dans les parages. En effet, les dernières données disponibles indiquent que 90% des patients infectés par ce variant et qui développent des maladies sévères ou qui meurent sont ceux qui ne sont pas vaccinés ou qui n’ont jamais été infectés auparavant, donc plus vulnérables.

Maurice : appréhensions concernant l’immunité collective

Quant à Maurice, le Dr Shameem Jaumdally dit avoir des appréhensions concernant le taux d’immunité collective atteinte. Valeur du jour, seulement 10% de la population a été contaminé comparé à d’autres pays où le taux d’infection est de 50 à 60%. Ce qui sous-entend que la majorité des Mauriciens sont encore à risque, qu’ils soient vaccinés ou pas, puisqu’ils n’ont pas encore développé de protection naturelle. D’ailleurs, le fait que 70% de la population vaccinée ont reçu de Sinopharm ou de Covaxin ne joue pas en notre faveur, l’efficacité de ces vaccins étant réduite. « On ne sait pas si ces vaccins ont conféré une immunité du type cellule T qui assure une protection pendant un certain temps », dit-il, en insistant pour que les Mauriciens, surtout ceux qui sont plus à risque de développer une maladie sévère, dont les plus âgés et ceux ayant des comorbidités, fassent leur dose de rappel avec un vaccin plus efficace.

Omicron : pas plus virulent que les précédents variants

S’agissant de l’Omicron, le Dr Jaumdally précise, selon les dernières informations recueillies, qu’il est comparable aux autres variants précédemment détectés. En d’autres mots, il n’est pas plus virulent. Il peut néanmoins aussi provoquer des cas sévères et même la mort dans certains cas. « Concernant la transmission, il y a beaucoup de facteurs de comportement qui entrent en jeu. Il n’y a aucune évidence biologique qui prouve, à ce stade, que le virus a une capacité d’être plus transmissible ou que sa charge virale est moins que le variant Delta. Ceci reste bien entendu à confirmer », indique le virologue, en concluant qu’on aura probablement plus de réponses concernant la transmission, la sévérité de la maladie et l’efficacité des vaccins d’ici la fin de cette semaine.