EDITO : Arrogance et incompétence fatales

La pluie d’insultes et de critiques qui a frappé Alan Ganoo de plein fouet cette semaine caractérise encore une fois le ras-le-bol de la population vis-à-vis d’un gouvernement de plus en plus impopulaire. Le trop plein de scandales sous ce régime, les largesses à l’égard des proches du pouvoir comme les Rs 13 millions dépensées en faveur de l’ambassadeur Showkutally Soodhun alors que le petit peuple est appelé à consentir des sacrifices, la mauvaise gouvernance, l’asphyxie de notre économie, l’absence de vision et de discernement des autorités qui privilégient, par exemple, le projet de Côte d’Or ou les travaux du Métro au lieu de l’aménagement urgent des drains, l’amateurisme des dirigeants contribuent, entre autres, à ce sentiment de dégoût et de rejet envers le gouvernement. Un sentiment qui s’est davantage accentué durant le confinement marqué par une gestion inefficace de la Covid-19, la mort des dialysés et les récentes inondations à travers l’île. Parions que s’il devait y avoir une nouvelle manifestation citoyenne, les Mauriciens ne se feront pas priver pour y descendre en masse pour hurler leur colère.

Si le gouvernement fait face à ce déluge incessant de contestations et de condamnations, c’est surtout à cause de son arrogance et de ses incohérences. Avez-vous vu comment Kailesh Jagutpal a eu la queue rabattue entre les jambes suivant l’institution du ‘Fact Finding Commitee’ (FFC) sur la mort des dialysés après qu’il ait maintenu ad nauseam, au Parlement et ailleurs, qu’il n’y avait pas lieu d’une enquête ? S’il avait choisi d’utiliser sa jugeote, s’il en a bien sûr, au lieu de son arrogance désormais légendaire, il aurait été épargné de la claque sonore que lui a donnée le Conseil des ministres tout en calmant la tension qui gagnait les familles des victimes et la population en général. Mais non, il s’est cru expert en « everytheeeeng » jusqu’à ce qu’il soit désavoué par ses propres collègues, à commencer par le leader du ML Ivan Collendavelloo qui n’a pas mâché le moindrement ses mots contre le « carnage » des dialysés.

C’est cette même arrogance qui a poussé le gouvernement a accepté, dans un premier temps, que des ouvriers indiens de ‘Larsen & Toubro’ viennent à Maurice cette semaine avant de faire, en partie, marche-arrière sur sa décision suivant le tollé général du public. Mais la mauvaise foi du gouvernement saute toutefois aux yeux car il a quand même permis aux cadres indiens de cette même compagnie, une trentaine selon notre confrère l’Express, à fouler le sol mauricien alors que d’autres pays ont fermé leurs frontières avec la Grande Péninsule. Nos dirigeants croient-ils peut-être que le triple variant indien de la Covid-19 ‘guet figir’ en fonction du statut social avant d’attaquer ses victimes. Et, que Dieu nous protège, si ce variant « triple mutant », atterrissait chez nous, qui en serait responsable ?

Quoiqu’en disent Jugnauth-Jugutpal-Gaud-Joomaye et autres ‘Chatwas’, n’oublions pas qu’il y a d’énormes manquements dans notre système de gestion de la pandémie Covid-19. Nos médecins et infirmiers sont très mal équipés. Nos protocoles ne sont pas toujours respectés. Nous n’avons pas non plus suffisamment de respirateurs artificiels, la cinquantaine acquise auprès de ‘Pack & Blister’ durant la première vague étant inutilisable. Ce serait trop effrayant de voir nos citoyens périr comme les Indiens par manque d’oxygène et d’une saturation de notre système de santé. D’ailleurs, le virus se propagerait à la vitesse grand V au vu de l’abolition de la distanciation sociale dans les transports publics à partir d’hier. Une autre absurdité qui nous laisse pantois, surtout quand les lieux de cultes restent, eux, désespérément fermés et alors que les rassemblements de plus de dix personnes sont interdits.

Mettons en garde le gouvernement dès maintenant : il aura à assumer les conséquences de ses actions en cas de la résurgence ou de la parution du variant « triple mutant » chez nous. Une nouvelle vague plus féroce et plus contagieuse nous propulsera tout droit dans un profond abîme où il nous sera difficile d’en sortir, surtout que notre économie subit déjà les contrecoups d’une mauvaise gestion couplée d’une récession.

Par Zahirah Radha
Rédactrice -en-chef