Par Zahirah Radha
Deux avocats proches du MSM se sont retrouvés sous le feu des projecteurs cette semaine. L’un, élu au no 5 aux dernières législatives, est Deputy Speaker à l’Assemblée nationale. L’autre, candidat battu au no 3 lors de ces mêmes élections, est président de deux importantes institutions, la Law Reform Commission (LRC) et la Gambling Regulatory Authority (GRA). Les deux amis de parti, mais aussi du barreau, ont fait la Une de l’actualité pour les mêmes raisons. Ils font l’objet de graves accusations liées aux trafiquants incarcérés à la prison. Le premier nommé a tenté de repousser sa convocation, prévue pour jeudi, en ayant recours à la Cour suprême. En vain. Confronté aux questions pressantes de l’ancien juge Paul Lam Shang Leen, l’avocat Sanjeev Teeluckdharry a soudainement perdu de sa superbe. Du coup, la commission a décidé de lui accorder un mois pour bien préparer sa défense. Qui dit mieux ? Bien qu’il n’ait pas été convoqué jusqu’ici, Raouf Gulbul, connu comme un ténor du barreau, s’est, quant à lui, déjà lancé dans un exercice de com pour limiter la casse. Les allégations contre lui étant très damning, surtout celles faites à son encontre par la jeune avocate Trisha Shamloll, il lui faudrait bien plus que ça pour en sortir indemne.
Quelles que ce soient les conclusions de la commission Lam Shang Leen, aux yeux de la population, les carottes sont déjà cuites pour eux. Les deux hommes sont le reflet d’un gouvernement de plus en plus fragilisé par des scandales. La liste des élus et des nominés politiques qui traînent les casseroles est non exhaustive et continue d’être allongée de semaine en semaine. Les Jugnauths, père et fils, se sont révélés comme des piètres chefs. Les deux ont fait preuve d’une extrême mollesse à l’égard de ceux qu’ils sont censés diriger. Si sir Anerood Jugnauth a carrément abdiqué devant ses responsabilités, son fils, lui, n’est pas en reste. Pravind Jugnauth n’a pu jusqu’ici se montrer ferme contre les dérives de ces nombreux élus et nominés bien trop occupés à se servir eux-mêmes au lieu de se mettre au service des contribuables qui financent leurs salaires mirobolants. Certes, le locataire du bâtiment du Trésor a haussé le ton en quelques occasions. Mais, tel un bouledogue sans dents, il n’a pu prendre les actions qui s’imposent. Sauf dans le cas de Raj Dayal, aucune sanction n’a été prise contre les élus ‘foutère désordre’. Dans le cas de ce dernier d’ailleurs, la raison était bien plus de nature stratégique et politique qu’autre chose, l’ancien ministre de l’Environnement étant un sérieux challenger de Pravind Jugnauth au poste de Premier ministre.
Quand un Premier ministre préfère répondre aux questions de la presse liées à Hollywood qu’à éclairer la population sur des sujets de brûlante actualité, l’on est tenté de croire que le pays ‘has gone to the dogs’. En quoi est-ce que l’avenir de notre industrie cinématographique peut-il être plus important que les préoccupations du peuple par rapport à l’ampleur que prend le trafic de drogue et ses connexions avec les politiques? Surtout quand des proches du pouvoir y sont directement ou indirectement mêlés ? Quelle crédibilité accorder à un tel chef de gouvernement ? Doit-on alors s’étonner que les élus et autres nominés ne fassent qu’à leur tête ? Le pays n’est-il pas voué aux gémonies avec ce gouvernement pourri jusqu’à la moelle ?