Que dire du budget 2021-2022 ? Du réchauffé ? Sans ambition ? Décevant, voire désespérant ? Du ‘business as usual’ dans un contexte de crise économique aiguë ? L’exercice s’annonçait certes complexe, l’économie étant déjà à quatre pattes. Essoufflée, surendettée, en panne d’innovation et de plus en plus mal réputée sur le plan international, elle ne demande qu’à être réinventée, redynamisée et remise sur la voie de la résilience et du progrès. Mais il n’en sera pas ainsi. C’est le deuxième budget consécutif que Renganaden Padayachy a complètement raté. Pourtant, la Covid-19 lui a redonné une seconde opportunité pour prendre de la hauteur et pour nous sortir de l’impasse économique où nous sommes actuellement en misant sur de nouveaux piliers porteurs d’espoir.
Le ministre des Finances a cependant fait preuve d’une irresponsabilité inexcusable en privilégiant des dépenses tous azimuts à coups de milliards de roupies dans certains projets non prioritaires, alors que pas un seul mot n’a été dit, durant son grand oral de deux heures, sur la perte du pouvoir d’achat des Mauriciens ou sur l’augmentation vertigineuse des prix ces derniers temps. Au contraire, le petit peuple sera davantage déplumé avec l’imposition d’une autre taxe, de Rs 2 cette fois-ci, sur le diesel et le pétrole pour financer la vaccination anti-Covid-19. Tout ce que fait le gouvernement MSM, qui se vante d’être pro-lepep, c’est de précipiter l’appauvrissement de la population. En réalité, même l’augmentation préconisée sur l’allocation financière octroyée aux familles vulnérables se trouvant sur le registre social sera rapidement épongée par la hausse des prix. Pas de quoi s’en réjouir.
Au lieu de venir avec des mesures révolutionnaires pour une refonte complète du système, à la hauteur des attentes de la population, des entrepreneurs et du monde des affaires, on recule d’au moins une décennie avec l’annonce du « Green Energy Industry » dont les bases, bien plus solides que celles présentement énoncées, avaient déjà été jetées sous le gouvernement travailliste avant 2010. L’économie bleue a, elle, été réduite à quelques mesures concernant la pêche alors que c’est une industrie qui regorge d’un océan d’opportunités. Le projet de création d’une industrie pharmaceutique sonne également faux puisqu’il a jusqu’ici été vainement à l’agenda de plusieurs budgets, la seule nuance étant la nouvelle ambition affichée du gouvernement de produire des vaccins anti-Covid, un investissement d’un milliard de roupies étant prévu à cet effet, alors qu’il n’arrive même pas à gérer une simple campagne de vaccination !
D’ailleurs, même si on s’efforce d’être plus optimiste, la pandémie risque d’être déjà derrière nous quand ce vaccin verra enfin le jour, connaissant la nullité de ce gouvernement à exécuter des projets. Bien entendu, ce sera une autre paire de manches si ce sont des petits copains, genre ceux qui « pa met deluil dan zorey » ou qui ont des contacts avec des investisseurs étrangers, Espagnols ou autres, qui lorgnent de côté-là… Tout comme l’abolition de la taxe, VAT et droits d’importation, sur les animaux, ou devrions-nous préciser chevaux même si ce n’est pas dit explicitement dans le budget, pour les besoins de la formation, l’élevage et la réexportation semble n’avoir été motivée que pour réconforter certains bailleurs de fonds du gouvernement.
Vous l’aurez compris, ce budget nous cache bien des choses. Car il comporte surtout et avant tout de nombreux non-dits. « The devil is in the detail », comme dirait l’Anglais. Ce qui risque fort probablement de nous surprendre une fois l’opération de dissection minutieuse de cet exercice budgétaire complétée. Par contre, on peut déjà « call the bluff » du ministre des Finances qui estime que ce budget « follows the philosophy of Sir Anerood Jugnauth », probablement dans le but de jouer sur les sentiments des uns et des autres. SAJ voulait voir un deuxième miracle économique qu’il n’a pu concrétiser sous son dernier mandat comme Premier minister. Son fils ne le pourra pas non plus, son gouvernement n’ayant que la recette d’un désastre économique.