‘Feel good factor’

« Azordi nou kapav trouve ene feel good factor partou ». C’est le Premier ministre qui l’a dit dans son discours du nouvel an. Il ne rigolait pas. Parce que de sa tour d’ivoire à Angus Road, il ne voit que le soleil de son empire qui brille de mille feux. Parce qu’il ne prête foi qu’aux mensonges de son entourage. Parce qu’il ne trouve que la prospérité de ses agents cireurs de pompes qui « pas met de l’huile dan zorey » et les amis d’enfance qui empochent des contrats à coup de millions de roupies. Parce qu’il ne s’aperçoit que des billets imprimés par la Banque de Maurice à chaque fois qu’il lui faut renflouer les caisses de l’État. Parce qu’il ne jure que par le progrès accompli grâce au projet Metro Express. Parce que la police dirigée par Anil Kumar Dip, dont le fils vient d’obtenir la grâce présidentielle, ne fait que se plier à ses ordres pour qu’il puisse faire taire ses opposants. Parce qu’il se croit invincible en raison du soutien de l’Inde et de Narendra Modi. Évidemment que Pravind Jugnauth verra tout en rose – ou devrions-nous dire en orange – s’il porte de visière et s’il refuse de voir la réalité en face. Surtout si cette vérité n’est pas belle à voir.

Que connait Pravind Jugnauth de la détresse de ceux qui n’ont pas d’eau pour cuisiner ou même se laver parce que l’eau 24/7 qu’il avait promis n’était qu’un leurre ? Que comprend Pravind Jugnauth du tourment de ceux qui n’arrivent pas à offrir deux repas par jour à leurs enfants parce qu’ils sont affligés par l’endettement et le coût élevé de la vie, provoqué en grande partie par son incompétence et sa mauvaise gestion économique ? Que sait Pravind Jugnauth de la rage des patriotes qui voient leur pays être transformé de jour en jour en une autocratie où les droits des citoyens, activistes et journalistes sont bafoués et où des lois répressives sont introduites pour les bâillonner ? Que Pravind Jugnauth peut-il faire d’autre que de trahir, mentir et prétendre que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes ? N’est-ce pas ce qu’il a toujours fait depuis avoir hérité du ‘primeministership’ de son père en janvier 2017 et les élections truffées d’irrégularités en 2019 ? Que lui coûtera-t-il donc d’affabuler une nouvelle fois, d’autant qu’il n’a déjà plus de crédibilité malgré le poste suprême qu’il occupe ?

Notre ‘feel good factor’ à nous viendra probablement avec le jugement du Privy Council, s’il est en faveur de Suren Dayal. Car Pravind Jugnauth devra alors prendre la porte de sortie. Dans la disgrâce. À moins qu’il ne décide de dissoudre l’Assemblée nationale avant cette date fatidique. Bien qu’il ait dit qu’il ira au bout de son mandat, il y a de fortes chances qu’il ne le fera pas. Ce qui nous permet d’espérer que l’année 2023 sera celui de l’espoir. L’espoir qu’il y aura un changement de régime. Avec ses qualités de rassembleur, Navin Ramgoolam a ouvert la voie pour une réunification de l’opposition. Tout comme le MMM et le PMSD, ReA a également compris qu’il faudra un gouvernement de transition pour sortir le pays du gouffre où il se trouve. Le leader du PTr, espérons-le, saura trouver la bonne formule pour réunir les principales forces de l’opposition autour d’un programme novateur pour réformer le système et le pays. C’est notre souhait le plus sincère en ce début d’année.