Fièvre dengue L’épidémie tenue à l’écart… pour le moment

Depuis quelques jours déjà, des cas de dengue ont été recensés dans la région de Port-Louis. Ainsi, cinq personnes, notamment un Mauricien et quatre ressortissants indiens, ont contracté la dengue. Le virus est bien présent chez nous : les autorités sont sur le qui-vive alors que les Mauriciens commencent à prendre des précautions pour se parer du danger. Le point sur cette maladie, et ce que vous devez faire pour vous prémunir contre le danger.

Marwan Dawood

Les moustiques sont de nouveau dans l’actualité après le passage des grosses pluies du début d’année. En une semaine, le pays a recensé un minimum de cinq cas de dengue, soit quatre ressortissants indiens travaillant sur le projet du Metro Express et un Mauricien. Nous pouvons alors affirmer que la dengue est une maladie venue d’outremer, de par le nombre de cas recensés chez nous comparativement aux autres pays dans le même laps de temps. Citons l’île de la Réunion ou pas moins de 50 cas au minimum sont recensés par semaine.

L’île sœur gravement affectée

La dengue n’est pas une guerre de statistiques. Dans les documents du ministère de la Santé, le nombre de cas enregistrés à Maurice demeure très faible. Selon des données de ce ministère, le pays recense entre 1 ou 2 cas mensuellement et seulement sur des personnes en provenance de pays infectés, dont l’Inde et Madagascar. Dans la région, seule l’île Maurice a mis sur pied un système de surveillance rigide visant à contrôler la maladie. Tous les passagers en provenance des pays où la dengue est endémique reçoivent la visite d’un officier des services sanitaires dès le lendemain de leur arrivée dans l’île. Cette surveillance se fait à travers les coordonnées recueillies à l’aéroport. L’information est par la suite relayée à tous les 13 bureaux du service sanitaire à travers le pays. Un protocole bien établi détermine le nombre de jours de surveillance. Ce travail est effectué par les inspecteurs sanitaires et les agents de surveillance. Des prises de sang sont effectuées en cas de besoin. Nous avons aussi une surveillance au niveau de tous les hôpitaux et dans les différents centres de santé.

À l’île de la Réunion, les autorités ont enregistré un minimum de 7 000 cas récemment et en 2018, il y a eu au moins 6 morts liés à la dengue.

 

 

 

Ce que fait la CDCU

Le ministère de la Santé a mis sur place une unité spéciale, la Communicable Diseases Control Unit (CDCU). Cette unité spéciale a un but spécifique : la détection et la prévention des maladies à transmission vectorielle. En premier lieu, la détection est primordiale. Au niveau de la CDCU, on explique qu’une fois un cas (dengue, chikungunya ou malaria) est détecté, le malade est rapidement mis en isolement. Il est vite mis sous traitement selon les symptômes dont il souffre. Commence alors l’exercice de prévention. C’est dans l’entourage du malade que le plus important est effectué.  La CDCU procède aussi à un exercice de contrôle dans la localité du patient, ce qui permet de mieux gérer la maladie et éviter sa propagation à travers l’île. Dans cette unité, ils ont aussi un protocole à différents niveaux pour contrôler les moustiques. La Biology Control Division (BCD) s’occupe de l’étude des types de moustiques que nous avons à Maurice et la densité de sa population, ainsi que celle des larves. Si la population de moustiques est trop nombreuse, les autorités procèdent alors  aux exercices de larvicide pour les éliminer.

L’île Maurice et ses moustiques

Ces ennuyeux insectes volants trouvent toujours un moyen pour vous piquer, surtout à l’aube ou au crépuscule, qui sont pour eux les heures de se sustenter. Leur ‘nourriture’ de prédilection : votre sang… Ils se tiennent habituellement à proximité de zones d’eau stagnante, où ils se reproduisent et où leurs larves vont pouvoir se développer. Celles-ci deviendront des moustiques adultes en seulement six à dix jours, et s’envoleront hors de l’eau à la recherche de quelqu’un à piquer, et le cycle de reproduction pourra ensuite continuer. Toute zone où l’eau s’accumule et stagne devient un lieu de reproduction pour ces horribles insectes, dont les vieux pneus, les barils destinés à recueillir l’eau de pluie, les cours d’eau, les étangs, les fossés, les bassins, les piscines inutilisées, les creux dans les arbres, les pots ou les vases à fleurs.

Nous avons à Maurice plusieurs types de moustiques dont l’Aedes Albopictus et l’Anophèle. La première espèce transmet essentiellement les virus du chikungunya, la dengue et le Zika alors que l’autre espèce est porteuse du virus de la malaria. Les spécialistes du BCD veillent aussi à ce qu’il n’y ait pas d’autres espèces de moustiques, notamment l’Aedes aegypti, qui transmet la fièvre jaune.

Quel processus quand un cas de dengue est répertorié ?

Au niveau de la Communicable Diseases Control Unit, il y a un protocole et des procédures à respecter lorsqu’une maladie est détectée. « Nous procédons à un exercice de fumigation dans la localité de la personne infectée, autour de son lieu de travail, du centre de santé où il a été admis ainsi que les lieux où il a séjourné au moins deux jours. Cela pour éliminer tous les moustiques dans les environs. La fumigation est effectuée dans un périmètre de 500 mètres. Là où il y a des larves, nous procédons à un exercice de larvicide avant qu’elles ne deviennent des moustiques », explique-t-on au niveau de l’agence.

Des visites sont aussi effectuées à chaque maisonnée pour une vérification méthodique pour prévenir les accumulations d’eau dans les cours ou sur les toits, ainsi que dans les lieux où les moustiques peuvent proliférer. De ce fait, une enquête est menée également par les officiers du service sanitaire pour recenser d’éventuels cas de fièvre dans un périmètre de 500 à 600 mètres de tout cas détecté. Cet exercice est renouvelé plusieurs fois sur une période d’un mois.

 

L’île Maurice, un pays à risque…

Si pour le moment, nous ne pouvons parler d’épidémie de dengue à l’île Maurice, nous sommes quand même un pays à risque. Maurice est extrêmement vulnérable de par sa situation géographique. Nous sommes entourés de pays africains et asiatiques, où la dengue est endémique. Il y a aussi beaucoup de flux de passagers entre ces différents pays et Maurice. Ce qui rend le pays très vulnérable. De plus, nous sommes un pays tropical avec de la pluie et de l’humidité et beaucoup de verdure : des conditions propices pour la prolifération des moustiques.

Mieux connaitre la dengue

La dengue est une infection virale causée par quatre types de virus (DENV-1, DENV-2, DENV-3, DENV-4) appartenant à la famille des Flaviviridae. Les virus sont transmis par la piqûre des moustiques femelles infectés (Aedes Albopictus), qui se nourrissent pendant la journée (de l’aube au crépuscule). Ces moustiques se développent dans les zones d’eau stagnante, notamment les flaques d’eau, les réservoirs d’eau, les conteneurs et les vieux pneus. Le manque d’assainissement fiable et la collecte régulière des ordures contribuent également à la propagation des moustiques.

 

Le risque de dengue existe dans les régions tropicales et subtropicales d’Amérique centrale, d’Amérique du Sud, d’Afrique, d’Asie et d’Océanie. Tous les voyageurs sont à risque lors d’épidémies. Les voyageurs effectuant de longs séjours et les travailleurs humanitaires se rendant dans des régions où la dengue est endémique s’exposent à un risque plus élevé. La dengue se manifeste dans les zones urbaines et suburbaines, avec des taux de transmission plus élevés pendant la saison des pluies.

 

Les symptômes de la dengue

 

Dans certains cas, l’infection par la dengue est asymptomatique – les personnes ne présentent pas de symptômes. Ceux qui présentent des symptômes tombent malades 4 à 7 jours après la morsure. L’infection se caractérise par des symptômes pseudo-grippaux, dont une forte fièvre soudaine, des douleurs derrière les yeux, des douleurs musculaires, articulaires et osseuses, de graves maux de tête et une éruption cutanée avec des taches rouges. Le traitement est symptomatique, où ce sont les symptômes qui sont visés. Il n’y a pas de traitement antiviral disponible.

 

La maladie peut évoluer vers la dengue hémorragique (Dengue Haemorrhagic Fever (DHF)). Les symptômes comprennent des douleurs abdominales intenses, des vomissements, de la diarrhée, des convulsions, des ecchymoses et des saignements incontrôlés. Plus une forte fièvre qui peut durer de 2 à 7 jours. Les complications peuvent entraîner une défaillance du système circulatoire et un choc, et peuvent être fatales (également appelé syndrome de choc de la dengue).

 

Si vous êtes infecté par le même sérotype du  virus de la dengue (c’est-à-dire par des virus présentant les mêmes réactions à un sérum d’anticorps), vous êtes immunisé contre de futures infections. Cependant, si vous êtes infecté ultérieurement avec un sérotype différent, l’immunité diminue avec le temps, ce qui augmente le risque de développer la fièvre dengue hémorragique. La dengue est liée au virus Zika, à la fièvre jaune, au virus du Nil occidental et à l’encéphalite japonaise. Il peut être mal diagnostiqué et confus avec le chikungunya, le virus Zika ou la fièvre jaune.

 

La prévention est essentielle

 

Les voyageurs devraient prendre des mesures méticuleuses pour prévenir les piqûres de moustiques pendant la journée. En voici quelques-unes :

 

–  Utilisez un insectifuge contenant 20 % à 30 % de DEET ou 20 % de Picaridine sur la peau exposée. Réappliquez selon les instructions du fabricant.

–  Portez des vêtements de couleur neutre (beige, gris clair). Si possible, portez des vêtements respirants et à manches longues.

–  Si possible, trempez ou vaporisez de la perméthrine sur les vêtements et les vêtements de la couche externe.

–  Débarrassez-vous des récipients d’eau autour des habitations et assurez-vous que les moustiquaires des portes et des fenêtres agissent bien contre les moustiques.

–  Appliquez d’abord un écran solaire sur la peau suivi du répulsif (de préférence 20 minutes plus tard).

 

Un vaccin est disponible pour les personnes vivant dans certains pays frappés par l’endémie de la dengue, mais n’est pas disponible dans le commerce pour les voyageurs.

Par ailleurs, tout citoyen a son rôle à jouer pour que nous puissions contenir les maladies transmises par les moustiques. D’un côté, les autorités s’évertuent à contrôler les moustiques en collaboration avec les différents ministères, les collectivités locales, les hôtels, les médecins et les cliniques privées. Le protocole et la responsabilité de tout un chacun sont passés en revue lors de l’Intersectorial Meeting qui est organisée deux fois l’an.