Haie d’honneur pour le PM : « Les femmes fonctionnaires comme les esclaves du Roi soleil »

 

Une circulaire émanant du ministère de la Santé demandant aux femmes du secteur de la Santé qui ont agi comme ‘frontliners’ pendant le confinement de former une « haie d’honneur » à l’arrivée du Premier ministre lors d’une fonction le 28 février prochain suscite actuellement la polémique. La FCSOU monte au créneau et indique que les fonctionnaires ont le devoir d’être politiquement neutres et ne doivent pas participer à des évènements qui ont une connotation politique. Une affaire qui risque de mettre Pravind Jugnauth et le ministère de la Santé dans l’embarras.

La Journée internationale de la Femme sera célébrée le 8 mars prochain. À cette occasion, le ministère de l’Égalité des genres et du bien-être de la famille compte célébrer cette journée le dimanche 28 février au centre Swami Vivekananda à Pailles. Le thème qui a été choisi cette année : ‘Post-Covid: Women Voices and Choices’. Un communiqué en date du 3 février, émanant de l’Acting Senior Chief Executive du ministère de la Santé devait faire état que les femmes se sont beaucoup dévouées comme ‘frontliners’ durant le confinement.

Toutefois, là où le bât blesse : le communiqué mentionne que les femmes ‘frontliners’ travaillant dans le secteur de la Santé devront participer à cet évènement en formant une « Haie d’Honneur » pour accueillir le PM lors de son arrivée à 10 h 15. Chaque ‘Regional Health Director’ a ainsi été invité à soumettre quatre noms, choisis parmi les infirmières, les doctoresses et les ‘Health Care Assistants’, qui seront alignées à cette haie d’honneur.

Comme il fallait s’y attendre, cette idée saugrenue a suscité la colère et la désapprobation des employées du secteur de la Santé, nous fait comprendre Narendranath Gopee, président  de la Federation of Civil Service and Other Unions (FCSOU). « Le ministère a le culot de faire les femmes fonctionnaires devenir les esclaves du Roi soleil ! », lance-t-il. Il a adressé une lettre au secrétaire du cabinet et chef du Service civil pour lui expliquer que les fonctionnaires doivent être politiquement neutres et ne doivent pas participer à des évènements ayant une connotation politique, lui demandant d’inviter le ministère de la Santé d’abandonner cette idée grotesque.

Pour le syndicaliste, « Cette haie d’honneur est un acte purement politique ». Selon lui, le ministère de l’Égalité des genres veut faire une récupération politique en utilisant la Journée internationale de la Femme. Cette action est aussi totalement à l’encontre de l’éthique des fonctionnaires, qui ont un devoir d’impartialité, maintient-il.

Narendranath Gopee déclare aussi que le ministère de l’Égalité des genres, y compris la ministre elle-même, est très mal placé pour observer la Journée internationale de la Femme. Il fait ainsi mention des attaques auxquelles ont dû faire face les femmes depuis que la ministre concernée a pris son poste. « Mo pane trouve li lev ene ti le doigt pou madame dans pays », fustige Narendranath Gopee.

Il revient sur les photos et les vidéos malveillantes sur la veuve de Soopramanien Kistnen, qui faisait le buzz sur les réseaux sociaux quelque temps de cela. Pour le syndicaliste, la ministre n’a pas agi comme elle aurait dû le faire en tant que ministre de l’Égalité des genres. Elle n’a même pas envoyé un message de réconfort pour ces autres femmes qui ont perdu leurs époux dans des circonstances floues.

Ces dames peuvent bel et bien assister à la fonction en question, car elles l’ont bien mérité, mais on ne peut les obliger à former une haie d’honneur, conclut le syndicaliste Gopee.

  1. N.

 

Hors-texte

 

Célébration du ‘INTERNAL’s Women’s Day’ le 28 février

Dans sa missive aux ‘Regional Health Directors’, en date du 3 février, leur demandant de soumettre quatre noms parmi les employées du secteur de la Santé qui seront alignées à cette haie d’honneur, une faute de taille s’est glissée dans l’intitulé.

En effet, on peut lire ‘Celebration of Internal’s Women’s Day’, au lieu de ‘International’. Une bourde qui n’est pas au goût de tout le monde, car dans sa lettre au secrétaire du cabinet, Narendranath Gopee indique que « As an aside, the word ‘Internal’ as couched in the subject of the letter is most disgraceful towards women and may appear to connote other things.’