Haniff Peerun : « Une politique de recrutement national pour les Mauriciens »

Le président du ‘Mauritius Labour Congress’ (MLC), Haniff Peerun, soutient que le gouvernement doit prôner une politique de recrutement national afin d’encourager les Mauriciens à mettre leurs compétences et expérience au service du pays. Il fait comprendre que les études tertiaires de ceux qui décrochent des bourses d‘État sont financées avec l’argent des contribuables. « Or, après avoir terminé leurs études, ils ne reviennent pas à Maurice et préfèrent travailler dans les pays étrangers. Ce qui signifie que c’est un gaspillage de fonds publics », dit le syndicaliste, qui ajoute ceci : « Parmi les étudiants qui vont à l’étranger poursuivre leurs études en contractant des emprunts bancaires, environ 80% ne jugent pas utile de revenir servir le pays, parce qu’il n’y a pas de possibilités d’emploi (selon leurs qualifications) et de salaire décent à Maurice ».

Par la même occasion, Haniff Peerun met l’accent sur la politique salariale concernant les étrangers, y compris les hauts cadres occupant des postes tels que ‘Chief Executive Officer’ (CEO), ‘Managing Director’ et ‘Senior Manager’, parmi d’autres, au sein des institutions publiques. A cet effet, il estime que ces derniers touchent deux ou trois fois plus par rapport à un Mauricien qui occupe un poste similaire. « Cette politique discriminatoire décourage les Mauriciens à travailler dans leur pays natal », explique-t-il.

D’autre part, Haniff Peerun déclare que la ‘Public Service Commission’ (PSC) et la ‘Local Government Service Commission’ (LGSC) doivent œuvrer d’une façon indépendante et dans la transparence. « Je suis contre les nominés politiques qui siègent dans ces commissions. Le gouvernement ne doit pas nommer ses hommes dans les organismes publics », estime-t-il.

Concernant la décision du gouvernement de faire appel à des ingénieurs étrangers pour construire le SAJ Bridge, il se demande « pourquoi le gouvernement ne fait-il pas appel aux ingénieurs mauriciens, qui sont également hautement qualifiés, pour la construction de tels ponts et tunnels routiers, ainsi qu’aux médecins spécialisés qui pourraient contribuer dans le domaine de la santé, entre autres ? Il est crucial de les attirer afin qu’ils puissent servir leur patrie ». 

Par ailleurs, Haniff Peerun dénonce énergiquement l’attitude de certains employeurs qui font appel à de la main d’œuvre étrangère. « Sous prétexte qu’il n’y a pas suffisamment de personnes pour travailler dans leurs usines ou entreprises, ils préfèrent embaucher des étrangers pour les exploiter en termes de conditions de travail et de salaires, au détriment des Mauriciens. Il est nécessaire de revoir également la politique de recrutement des travailleurs étrangers. Il est envisageable d’en recruter certains (hautement qualifiés) uniquement en cas de pénurie d’experts dans des domaines importants », maintient-il.

Dans la foulée, le président du MLC fait ressortir que le nombre de travailleurs étrangers ne cessent d’augmenter dans notre pays au fil des mois. « Certains d’entre eux ont du mal à s’adapter à la culture mauricienne, tandis que d’autres trouvent des moyens de rester dans notre pays après l’expiration de leur contrat. Certains disparaissent simplement dans la nature ou travaillent au noir, tandis que d’autres se marient et choisissent de rester à Maurice », précise-t-il.

De ce fait, il estime qu’il faut revoir le fonctionnement du Bureau de l’emploi, qui fait partie du ministère du Travail et des Relations industrielles. « Il est crucial de maintenir un équilibre entre les travailleurs mauriciens et étrangers. Personnellement, je ne m’oppose pas à la politique de recrutement des travailleurs étrangers. Cependant, il est essentiel que ces derniers retournent dans leurs pays d’origine une fois leurs contrats expirés », conclut-il.