Ils ont eu plus de chance que Vikram Hurdoyal

La révocation de Vikram Hurdoyal a pris tout le monde de court. On ne s’y attendait pas du tout. Par contre, il y a ceux pour lesquels on attendait une révocation, mais qui n’est jamais venue. Qu’a bien pu faire Vikram Hurdoyal au point d’être révoqué un dimanche soir, alors qu’il se trouve à haute altitude, à des milliers de kilomètres du pays ? Est-ce plus grave que les reproches faits contre les autres ministres qui embarrassent le gouvernement ? ZOOM sur des ministres qui ont « fané » mais qui jouissent toujours du soutien du Premier ministre.

Anjiv Ramdhany

Nouveau bouncer de service

Commençons par le plus récent. S’il y a une révocation à laquelle on s’attendait dimanche soir, c’est sans doute celle d’Anjiv Ramdhany. Et pour cause ! Il semble avoir emboîté le pas du PPS Kenny Dhunnoo qui avait agressé un infirmier dans une clinique privée. La veille, soit samedi soir, un agent « coltar » du MSM l’a accusé d’agression. Selon Sawan Beeharry, le ministre et ses deux bodyguards l’ont giflé à plusieurs reprises à son domicile à Bois Rouge, Goodlands. En toile de fond : un commentaire de l’agent « coltar » sur Facebook que le ministre n’a pas apprécié. La victime a même consigné une déposition en bonne et due forme à la police, avant de se confier publiquement à travers les réseaux sociaux. Mais Anjiv Ramdhany échappera à une sanction. Il s’assurera même que l’agent en question retire sa plainte contre lui dans la journée de lundi, tout en blâmant l’opposition. Mais son sale petit jeu n’a échappé à personne.

Maneesh Gobin

Le cerf qui reste en travers de la gorge

Il était sous le feu des projecteurs dans le sillage de l’affaire Franklin, qui a éventuellement mené à la révélation du ‘stag party’ en mars 2023. Il est question d’allégations de pots-de-vin de l’ordre de Rs 3, 5 millions entourant l’octroi d’un bail pour un ranch à proximité de Grand-Bassin. Le scandale dans le scandale, c’est que Maneesh Gobin aurait également assisté à une fête nocturne, en bonne compagnie, où de la viande de cerf et du Black Label ont été servis. Mais l’Attorney General conservera son poste et sera même promu aux Affaires étrangères, à la place du portefeuille de l’Agro-industrie qu’il occupait également. Le PPS Rajanah Dhaliah avait eu moins de chance, ayant, lui, été forcé à la démission avant son interrogatoire à l’ICAC.

Anwar Husnoo

Dépassé par Belal

Sa révocation a été réclamée par de nombreux Mauriciens dans le sillage du cyclone Belal. Même Samad Goolamaully, avocat proche du MSM, n’a pas mâché ses mots envers lui. La gestion de la situation par le vice-Premier ministre en tant que responsable du ‘National Emergency and Operations Command’ (NEOC) était, il faut le dire, désastreuse. Deux victimes emportées par les eaux, des dizaines de voitures prises au piège dans les inondations à Port-Louis, des tombes et des ossements de personnes mortes flottant dans la cour des habitants des alentours du cimetière St-Jean, des centaines de maisons inondées, des milliers de foyers privés d’électricité, des infrastructures endommagées… La perte et les dégâts sont énormes. Mais au lieu de sanctionner son VPM et ministre des Collectivités locales et de la Gestion des catastrophes et des risques, le Premier ministre a trouvé un bouc-émissaire : l’ex-directeur de la Météo, Ram Dhurmea. Anwar Husnoo conservera donc son poste.

Kailesh Jagutpal

Le chanteur qui danse sur un volcan

Le ministre de la Santé semble être un récidiviste lorsqu’il s’agit des scandales. Mais jusqu’ici, il reste intouchable, bénéficiant du soutien indéfectible du chef du gouvernement. Mauvaise gestion de la Covid-19, scandales d’‘emergency procurements’ profitant aux proches du pouvoir et coûtant des centaines de millions de roupies au pays, nourriture avariée et périmée dans les hôpitaux, récentes menaces contre une journaliste de notre rédaction, mensonges sur mensonges, mauvais exemple en dansant sans masque dans une fête privée pendant la pandémie… Sa gestion du dossier de la santé publique est une des plus calamiteuses. Mais il s’en sort toujours

Ils ont aussi fait parler d’eux

La fleur de Kalpana Koonjoo-Shah

Elle lance des jurons et s’endort au Parlement. Non seulement elle n’a pas été sanctionnée pour avoir lancé des injures au Parlement, ce qui correspond à un outrage au Parlement, puisque l’enquête initiée par le bureau du Speaker n’avait rien donné, mais elle est aussi sortie indemne de sa mauvaise gestion du dossier des shelters. Pire, elle va très souvent à l’encontre de son rôle de ministre de l’Égalité des genres en traitant les députées de l’opposition avec un certain mépris, alors qu’elle est censée donner le bon exemple et traiter les femmes avec un certain respect. Comme ministre de l’Égalité des genres, on en a vu mieux, même sous le règne du MSM !

Joe Lesjongard, mis K.O par Corex Solar

Il avait été mis au pied du mur par l’affaire Corex Solar. Malgré les avertissements de l’opposition, le ministre Joe Lesjongard avait persisté dans sa démarche, en arguant qu’il n’y avait aucun problème dans les procédures d’allocation. Mais il confirmera lui-même, à une question parlementaire, quelques mois plus tard, que l’ICAC enquêtait sur cette affaire et que le CEB avait imposé des dommages et intérêts à Corex Solar pour chaque jour de retard. Ce qui nous a fait perdre du temps indûment, mais non sans révéler l’incompétence du CEB et du ministre à gérer ce dossier de haut voltage.

Kenny Dhunnoo : Promu malgré une agression

Le député MSM de la circonscription no.17 (Curepipe/ Midlands) était inconnu du grand public. Jusqu’à ce qu’il agresse un infirmier à la clinique Wellkin en juillet 2023. Les images de cette agression avaient même circulé sur les réseaux sociaux, soulevant une vague d’indignation. Pour avoir giflé un jeune homme après un accident, Navin Ramgoolam, en tant que Premier ministre, avait, lui, sommé son Attorney General, Yatin Varma, de démissionner en juin 2013. Mais Pravind Jugnauth n’a visiblement pas les mêmes valeurs et principes que l’ancien Premier ministre travailliste puisqu’il a, lui, promu le député Dhunnoo en le nommant comme PPS ! Ce dernier, rappelons-le, était également à l’origine de la suspension de la journaliste Manisha Jooty de la MBC.