Incendies à Hawaï : Tout savoir des feux monstres qui ont détruit des quartiers entiers et tué plus de 90 personnes

Hawaï compte encore ses morts après plusieurs incendies fulgurants qui ont quasiment rasé une ville de l’île américaine de l’île de Maui. Samedi matin, le bilan provisoire atteignait désormais les 80 morts. Le chef de la police du comté de Maui, John Pelletier, a déclaré jeudi que jusqu’à 1.000 personnes pourraient manquer à l’appel.

Ces récents événements dramatiques risquent de devenir la pire catastrophe naturelle de l’histoire récente de l’archipel américain.

Comment les incendies ont-ils démarré ?
Une grande partie de l’archipel d’Hawaï était en alerte rouge incendie lorsque de multiples feux ont débuté mardi, mais leur cause reste encore inconnue. Les autorités « n’ont pas été capables de déterminer ce qui a déclenché les incendies », a expliqué mercredi soir le major général Kenneth Hara, responsable de l’armée américaine à Hawaï. Une enquête a été ouverte.

Les premières flammes autour de la ville historique de Lahaina, qui a été presque complètement détruite, sont apparues aux aurores mardi. Un « feu de broussailles » a été signalé « à 6h37 », selon le comté de Maui. Il a initialement été déclaré « 100 % maîtrisé peu après 9 heures », mais dans l’après-midi, une reprise du feu a été annoncée.

D’autres incendies étaient alors en cours ailleurs sur Maui et les flammes ont progressé très vite. La population de Lahaina a été prise de court : une centaine de personnes s’est jetée à la mer pour échapper au brasier, selon les garde-côtes.

Certains soupçonnent une mauvaise gestion de crise
L’incendie de Lahaina a fait au moins 80 morts, ce qui en fait l’une des pires catastrophes naturelles connues par l’archipel d’Hawaï depuis les années 1960. Et le bilan va probablement s’alourdir. « Sans aucun doute, il y aura d’autres morts », a averti le gouverneur d’Hawaï, Josh Green, sur CNN.

Des questions commencent à émerger sur la gestion des autorités. Les sirènes censées retentir en cas d’incendie n’ont pas été actionnées, a confirmé à CNN un porte-parole de l’agence responsable de la gestion des crises à Hawaï.

Les locaux n’ont pu compter que sur le « réseau noix de coco », a dénoncé auprès de l’AFP William Harry. Autrement dit, sur le bouche-à-oreille et les rumeurs. « Où est le gouvernement ? Où sont-ils ? », a lancé un autre homme, visiblement excédé, qui n’a pas voulu donner son nom.

L’ancienne capitale du royaume d’Hawaï ressemble désormais à un champ de ruines calcinées : Lahaina est à « 80 % » détruite, selon le gouverneur de l’archipel, Josh Green. La justice a par ailleurs ouvert une enquête ce vendredi sur la gestion du terrible incendie. « Mes services s’engagent à comprendre les décisions qui ont été prises avant et pendant les incendies et à partager avec le public les résultats de cet audit », a annoncé la magistrate dans un communiqué.

Comment expliquer la vitesse de propagation de l’incendie ?
Les flammes ont été nourries par un cocktail de conditions dévastatrices. Elles ont été attisées par un ouragan des vents forts, qui ont dépassé les 100 km/h, selon les services météorologiques américains (NWS).

La topographie de Maui, une île qui compte deux volcans et plusieurs montagnes en son centre, avec une côte plutôt plate, a également joué un rôle. Les rafales venues de l’océan se sont transformées en « vents descendants […] secs et chauds », qui « ont été poussés sur les pentes de l’île vers la ville », explique Thomas Smith, professeur de géographie environnementale à la London School of Economics.

La région elle-même était prête à s’embraser, pour deux raisons. D’abord à cause d’une année moins pluvieuse que d’habitude. La partie ouest de Maui, là où se trouve Lahaina, subit une sécheresse « sévère » à « modérée », selon l’US Drought Monitor.

Ensuite, à cause du déclin de l’agriculture sur l’île depuis les années 1990, selon Clay Trauernicht, spécialiste des incendies à l’université d’Hawaï. Les champs autrefois bien entretenus, qui auraient pu ralentir le feu, ont été remplacés par de « vastes étendues de plantes non locales, laissées à l’abandon ».