Les caméras de Sherry ne fonctionnaient pas à Mahébourg, hier. Tout comme elles l’ont été à Port-Louis le 29 août dernier. Dysfonctionnement ou tactique délibérée ? Celles de la capitale semblent toutefois avoir été réparées avant le pèlerinage du Père Laval. La visite du Premier ministre au caveau du bienheureux apôtre à Sainte-Croix y est-elle pour quelque chose ? Bref, avec ou sans les caméras du ‘Traffic Watch’ de Mauritius Telecom, les images d’hier ont impressionné une fois de plus. Même si la foule de ce 12 septembre n’était pas aussi conséquente que la dernière marche citoyenne à Port-Louis, elle n’en demeure pas moins interpellante et témoigne résolument du profond malaise qui ronge le pays.
Le ras-le-bol des Mauriciens est désormais bel et bien palpable. Leurs revendications sont tout aussi révélatrices, puisque les « b*** li dehors » ont résonné à nouveau de Beau-Vallon à Mahébourg. L’aboyeur Bobby qualifiera probablement ce rassemblement d’insignifiant, comme il l’avait fait deux semaines de cela. Reste à voir s’il sera de nouveau désavoué par son leader, réduit, lui, à remercier ces mêmes manifestants insignifiants et fiers de l’être d’ailleurs. Le fera-t-il une fois de plus ? Évidemment, le peuple attend sa réaction avec la plus grande impatience. En attendant, donnons-lui quelques simples conseils :
- Ne parlez surtout pas de votre gestion prétendument extraordinaire de la Covid-19 car la manif n’a rien à voir avec la pandémie. À moins, bien sûr, que vous voulez vous excuser sur l’achat scandaleux des médicaments et des équipements médicaux.
- Ne tournez pas autour du pot et évitez de ne reconnaître qu’une partie des revendications. Celles-ci sont claires et nettes. Si vous vous sentez interpellé, prouvez-le en annonçant des actions immédiates.
- C’est aussi l’occasion de répondre au Cardinal Piat. Montrez-lui, et la population, que vous avez bien reçu le message, que vous comprenez désormais la souffrance de vos concitoyens et que vous agirez maintenant en fonction des intérêts du pays, et non de ceux qui sont proches du pouvoir uniquement.
- Excusez-vous auprès du peuple. L’humilité reflète la beauté de l’âme. Acceptez vos erreurs. Écoutez la voix du peuple. Elle vous guidera pour tout recommencer à zéro.
- La meilleure des solutions serait que vous reconnaissiez que vous n’ayez plus la légitimité politique pour diriger le pays et que vous annoncez la dissolution du Parlement. C’est ce qu’on appelle le respect de la démocratie.
La balle est maintenant dans le camp du Premier ministre. La façon dont il réagira face à cette nouvelle mobilisation des Mauriciens déterminera son avenir politique. On l’a dit et on le répète. La pression populaire n’a fait que commencer. Plus Pravind Jugnauth s’obstine à l’ignorer, plus il se décrédibilisera aux yeux de la population.