[La Santé aux soins intensifs] Vasantrao Gujadhur : « Il est grand temps que les autorités assument leurs responsabilités »

Le secteur de la santé est au cœur des critiques ces derniers jours. Sommes-nous à l’abri de ce qui se passe dans nos services à travers le pays après les dénonciations de manque d’hygiène récemment faites par deux députés de l’Opposition, Eshan Juman et Shakeel Mohamed ? L’hygiène, les produits alimentaires avariés, les médicaments expirés préoccupent, tout comme la santé des patients dans les hôpitaux.

Le dernier budget a fait provision pour une enveloppe de Rs 14,7 milliards pour le secteur de la santé, alors qu’en 2021/2022 elle était de Rs 13,1 milliards. On se demande par conséquent ce que font les autorités, et dans quelles mesures elles prennent la bonne santé des patients en considération. Pour rappel, des denrées alimentaires périmées ont été découvertes dans le ‘store’ de l’hôpital Jeetoo, et peu de temps après, le personnel de l’hôpital a prétendu qu’elles n’étaient pas utilisées pour la préparation des repas des patients.

Vasantrao Gujadhur : « Un système défaillant »

Selon le Dr Vasantrao Gujadhur, il y a quelque part un système en défaillance et il n’y a pas de contrôle. « Cette situation aurait-elle pu être évitée si les mesures adéquates avaient été prises ? Les produits non liés à l’alimentation ne devraient pas être stockés avec les produits de consommation. La manière dont ils sont été entreposés n’est pas normale, et cela ternit non seulement l’image de l’hôpital en question, mais aussi celle du pays dans son ensemble. A Maurice, de nombreux patients admis à l’hôpital sont déjà malades et ont une résistance affaiblie, ce qui nécessite une préparation minutieuse des repas. Le gouvernement dépense des milliards de roupies chaque année dans le secteur de la santé, et en conséquence, les services doivent être de haute qualité. Une diligence raisonnable et une bonne gouvernance sont essentielles de la part des autorités. Des sanctions doivent être prises contre les responsables », déclare-t-il.

De plus, il estime que le ministre en question aurait dû assumer sa responsabilité et fournir des explications à ce sujet. « Les autorités ont failli. Ce qui est particulièrement problématique dans ce genre de situation c’est l’absence du bureau sanitaire qui a failli de toutes les manières possibles. Tous les endroits entreposant de la nourriture doivent être conformes au ‘Food Act’ », rappelle-t-il. Il souligne également qu’il y a énormément de gaspillage dans les hôpitaux, et suggère qu’une enquête plus approfondie soit menée pour déterminer combien de patients consomment les repas qui leur sont offerts dans les salles des hôpitaux. Il demande par ailleurs si les membres du bureau sanitaire se sont rendus dans les hôpitaux pour constater la situation, et, le cas échéant, quand ont-ils effectué leurs visites et qu’ont-ils observé ? Il semble qu’aucune inspection n’ait été effectuée depuis 2020.

En outre, Vasantrao Gujadhur rappelle que lorsqu’il était directeur de l’hôpital Jeetoo pendant trois ans, des inspections étaient effectuées au moins une fois par semaine dans les services hospitaliers par les officiers du bureau sanitaire. Il appelle donc à ce que les autorités doivent assumer leurs responsabilités.

Malgré les critiques du rapport de l’Audit

Rien n’a été fait

Le rapport de l’audit de 2021-2022 publié en février dernier avait révélé des gaspillages dans ce secteur, et a mis en lumière des points saillants concernant l’hygiène. En effet, en le parcourant, on constate qu’à la date du 19 novembre 2019, le ministère de la Santé a attribué un contrat de deux ans pour le nettoyage des toilettes, salles et écluses dans tous les hôpitaux et autres établissements de santé, à un prestataire de services, dont le nom n’avait pas été révélé, pour un montant total de Rs 105,5 millions sans TVA. Le contrat excluait les frais de nettoyage des salles et autres pièces, qui étaient assumés par le personnel du service hospitalier employé par le ministère de la Santé. Dans un premier temps, comme mentionné dans le rapport, le ministère avait opté pour le renouvellement mensuel des contrats malgré les faibles performances du prestataire de services. Selon le rapport, les clauses pénales n’ont pas été appliquées en cas de non-respect de l’étendue de la prestation et des spécifications de performance définies dans les dossiers d’appels d’offres. Il y avait un manque de mesures de surveillance appropriées, ce qui a conduit à un faible niveau de sécurité et de services de nettoyage. Les procédures de passation de marchés appropriées n’ont pas été suivies lors de la sélection des fournisseurs appropriés pour les services de sécurité.

Les officiers de la ‘National Audit Office’ ont effectué des visites sur place dans différents établissements de santé, et il a été observé qu’il y avait un contrôle inadéquat de la part du ministère pour garantir des services de nettoyage appropriés par ledit prestataire de services. Il y avait une supervision insuffisante de sa part sur ses agents de nettoyage en poste dans différents établissements de santé. De plus, dans la plupart des établissements de santé, plusieurs agents de nettoyage étaient âgés de plus de 65 ans, contrairement aux spécifications de performance du dossier d’appel d’offres, qui exigeaient que le profil du personnel de nettoyage ne dépasse pas préférentiellement 65 ans.

Malgré les retours récurrents des hôpitaux et des établissements de santé sur la mauvaise prestation du prestataire de services pendant plusieurs années, le ministère n’a pas pris les mesures nécessaires pour assurer une meilleure qualité de service. Au lieu de cela, il a opté pour le renouvellement de contrats temporaires s’étalant sur plusieurs années.