L’abattage des arbres pour des projets infrastructurels : Un impact grave sur notre environnement

  • Il est important pour le GM de revoir le protocole pour abattre les arbres et de se demander si l’abattage est vraiment nécessaire

Nos dirigeants ont-ils vraiment à cœur la protection de l’environnement ? On est tenté de répondre par la négative vu que l’abattage des arbres continue de plus belle. Après les arbres abattus à la promenade Roland Armand à la rue Vandermeersch à Beau-Bassin pour faire de la place au Metro Express et à la bretelle de contournement de St François, à Anse-la-Raie, voilà que le désastre environnemental continue. Cette fois-ci, c’est au tour de la route Sivananda, à Curepipe, de connaître le même sort sous la tronçonneuse. Plusieurs arbres ont été abattus, sacrifiés au bénéfice des projets de développement. Cet abattage au profit des projets d’infrastructures déchaînent un sentiment de révolte auprès des écologistes, qui dénoncent une situation alarmante qui pourrait avoir un impact néfaste sur notre environnement.

 

 

6 522 arbres abattus en quatre ans

Suite à une question adressée à l’Assemblée nationale par le député Soodesh Rughoobur le 6 août dernier, Mahen Seeruttun, le ministre de l’Agro-industrie, de la Sécurité alimentaire et des Ressources naturelles, devait préciser dans sa réponse que 6 522 arbres ont été abattus au cours des 48 derniers mois pour faire de la place aux projets de développement infrastructurels en cours.

Le député Rughoobur avait demandé au ministre s’il y a eu une évaluation sur le rétrecissement de la superficie de nos forêts au cours des 10 dernières années et les mesures qui ont été prises.

Le ministre Mahen Seeruttun avait déclaré que depuis 2016, son ministère a entrepris un projet de replantage des arbres, avec l’objectif de planter 100 000 arbres par an, soit 500 000 arbres sur 5 ans. À ce jour, depuis le début de 2016, environ 345 764 arbres ont été plantés autour de l’île. Selon le ministre, c’est là le moyen d’atténuer l’impact du changement climatique sur toute la planète.

Dans la même foulée, il a fait ressortir que son ministère a aussi créé une ‘mini forêt’ à Bel-Air. À Grande Rivière Nord-Ouest, sous l’ancien pont, un projet d’aménagement a été implémenté, connu comme ‘Social Urban Forestry Project’. Toujours selon le ministre, ce genre de projets contribue à l’atténuation des effets du changement climatique.

Maurice particulièrement vulnérable au changement climatique

Sonakshi Deerpalsing, de l’équipe Fridays For Future Mauritius, met l’accent sur la vulnerabilité de Maurice en matière environnementale et climatique : « Le changement climatique est le résultat d’une hausse dans la quantité de gaz à effet de serre relâchés dans l’air suite aux activités humaines. Il est essentiel de comprendre que l’île Maurice, en tant que petit état insulaire en développement, est tout particulièrement vulnérable à ce phénomène. D’ailleurs, notre pays est le 8e plus vulnérable face au changement climatique, ce qui veut dire que nous devons non seulement être prêts à survivre aux impacts désastreux de cette crise en tant que nation, mais aussi minimiser notre propre émission de gaz à effet de serre afin de contribuer à notre propre conservation. »

Elle met en garde contre l’abattage des arbres : « L’abattage des arbres est totalement contre-productif dans ce cas, car cette pratique cause une augmentation de CO2 (un gaz à effet de serre) dans l’air, vu qu’en abattant ou brûlant un arbre, son stock de CO2  est soudainement libéré dans l’atmosphère. Toutefois, planter de nouveaux arbres aide à réduire la quantité de CO2 dans l’air car ils absorbent ce gaz. C’est pour cela que le renouvellement et la conservation de notre flore sont essentielles dans notre combat contre le changement climatique. »

Des citoyens montent au créneau à Sivananda Road, Curepipe

Dans une lettre adressée au ministre des Infrastructures publics et des Transports, concernant les arbres abattus dans le cadre du projet Metro Express, à Sivananda Road Curepipe, des citoyens militants de la protection de l’environnement sont montés au créneau pour dénoncer la défiguration de l’environnement. Ces derniers qualifient le ministre Nando Bodha de ‘meurtrier’.

Yvan Luckhun, écologiste : « Les arbres replantés prennent du temps avant de fonctionner comme maillon de l’écosystème »

Quant à Yvan Luckhun, activiste écologiste, estime de son côté que le gouvernement ne tient pas à cœur l’environnement.  « Une journée consacrée à la sensibilisation ou au nettoyage ne suffit pas pour assurer la protection de l’environnement. Il faut plutôt attaquer la source du problème. Ils sont en train d’enlever des vieux arbres qui ont grandement contribué à certaines choses sur notre île, et en général au public, sous prétexte qu’ils vont replanter de nouveaux arbres mais il faut surtout se rendre compte que cela n’aura pas le même effet. Car les arbres prennent du temps pour atteindre la maturité et fonctionner comme maillon de l’écosystème », affirme-t-il.

Il explique qu’il y a plusieurs facteurs que les autorités doivent prendre en considération avant d’abattre un arbre. Selon lui, il faut solliciter l’avis d’un expert et revoir les critères afin de déterminer si l’arbre en question nécessite réellement d’être abattu. « Pour s’attaquer à ce problème de l’environnement, il faut aller à la source du problème », conclut-il.

L’abattage des arbres : quel impact sur l’environnement ?

L’abattage des arbres pour le développement des infrastructures peut porter atteinte à l’écosystème et entraîner des effets néfastes pour l’environnement. Ce processus détruit l’habitat des animaux et des oiseaux. Il provoque une accumulation de gaz à effet de serre. Cela affecte à son tour le cycle de l’eau. Les arbres extraient l’eau du sol et la libèrent dans l’atmosphère. Cette eau s’ajoute à l’humidité de l’air. En l’absence d’arbres pour transpirer de l’eau, le sol s’assèche et cela peut entraîner une sécheresse, en particulier pendant les mois d’été. S’ajoute à cela le risque considérable des inondations.

Les bienfaits des arbres sur notre environnement

Les arbres contribuent à leur environnement en fournissant de l’oxygène, en améliorant la qualité de l’air, en améliorant le climat, en conservant l’eau, en préservant le sol et en préservant la faune. Au cours du processus de photosynthèse, les arbres absorbent le dioxyde de carbone et produisent l’oxygène que nous respirons.

 

 

L’utilisation d’arbres dans les villes pour dévier la lumière du soleil réduit l’effet d’îlot thermique urbain provoqué par les chaussées et les immeubles commerciaux.

Les grands arbres à la canopée luxuriante offrent de nombreux autres avantages, notamment en réduisant la chaleur étouffante, en réduisant le vent, en atténuant le bruit de la circulation, en aidant à retenir l’eau de pluie et en améliorant la santé humaine.