[Law and Order en déclin] Vinod Boolell, ancien juge : « Il faut trouver des solutions adaptées »

La semaine écoulée a été marquée par une série de faits divers. Une violente altercation à Camp Yoloff en plein jour, un enfant de 12 ans attaqué au sabre dans son école, et une vidéo virale sur les réseaux sociaux montrant une femme agressée par son partenaire sous l’emprise de l’alcool, laissant la victime aux soins intensifs. Face à ces événements, la question cruciale de ‘law and order’ dans notre pays se pose.

Pour l’ancien juge Vinod Boolell, il est regrettable que de telles situations persistent dans notre société. Il souligne que l’exemple doit venir d’en haut ; les dirigeants doivent incarner les valeurs qui favorisent le changement. « À mesure que la société évolue, une mentalité de plus en plus matérialiste émerge, où l’argent prime sur les valeurs morales. Il est crucial de comprendre les racines de ces problèmes : est-ce des troubles psychologiques, de l’impatience, une pression excessive ou des difficultés sociales et personnelles, peut-être liées au coût de la vie ? », interroge-t-il.

Abordant la question de la drogue, l’ancien juge déplore l’inefficacité des solutions actuelles. Il propose une approche plus proactive, avec des centres d’intervention dans chaque district pour aider les toxicomanes plutôt que de les criminaliser. Selon lui, une analyse en profondeur est nécessaire pour élaborer des solutions efficaces. « Malgré les promesses des autorités et des politiciens, des solutions concrètes peinent à émerger. J’insiste sur la nécessité de régler d’abord les problèmes de maintien de l’ordre pour aborder les autres enjeux. Le rôle de l’éducation de la population est crucial, à travers diverses plateformes médiatiques, pour promouvoir des comportements socialement responsables », explique-t-il.

Vinod Boolell préconise une responsabilisation à tous les niveaux, en commençant par l’éducation. Il condamne fermement la violence en milieu scolaire et propose des mesures disciplinaires appropriées pour les agresseurs. Concernant la réponse du Premier ministre sur la question de la criminalité, il souligne qu’il est impératif de trouver des solutions nationales adaptées plutôt que de se contenter d’observations globales. Revenant sur le cas de l’enfant de 12 ans agressé au sabre dans son établissement scolaire, il juge cette situation inacceptable.

« Les parents doivent assumer leur responsabilité de veiller sur leurs enfants. Il est inconcevable qu’une telle violence se produise au sein même d’une école. Je m’interroge sur les activités de ces enfants en classe. Bien sûr, une enquête sera menée sur l’enfant qui a commis cet acte, mais quelles seront les mesures prises par la suite ? Remettre l’enfant à la police pour interrogatoire et ensuite le mettre en prison ne constitue pas une solution efficace. Je propose plutôt que l’enfant soit suspendu de l’école pendant une période déterminée et soit placé dans un centre spécialisé où il pourra être pris en charge, afin qu’il prenne conscience de la gravité de ses actes et apprenne à agir différemment », avance-t-il. Concernant la première ‘Private Notice Question’ du leader de l’opposition, Shakeel Mohamed, Vinod Boolell ne mâche pas ses mots envers le Premier ministre Pravind Jugnauth qui a affirmé que la criminalité a augmenté dans tous les pays du monde. Mais pour l’ancien juge, ce n’est pas une excuse. « Bien que le nombre de crimes ait augmenté à l’échelle mondiale, il est impératif d’examiner les situations spécifiques qui se déroulent dans notre pays afin de trouver des solutions adaptées », s’insurge-t-il. En conclusion, Vinod Boolell insiste sur la nécessité d’une conscientisation, d’une sensibilisation et d’une éducation continues pour mettre fin aux agressions dans les écoles, dans les rues et contre les femmes.