Le Lion ne se laissera pas dompter

Chaque défaite électorale apporte son lot d’amertumes et de révoltes. Tous les partis politiques ont dû en faire l’amère expérience à un moment ou un autre. Étant le plus vieux parti du pays, le PTr en sait quelque chose. Tout comme le MMM, d’ailleurs. Navin Ramgoolam n’est pas en reste. Non seulement le sait-il, mais il en a aussi fait les frais après la débâcle de l’alliance PTr-MMM en 2014. Ce sont précisément les mêmes têtes qui avaient tenté de le détrôner alors qu’elles sont de nouveau à l’œuvre aujourd’hui pour essayer de l’éliminer politiquement.

Dès 2014, Arvin Boolell s’était dit prêt à prendre les rênes du PTr, allant même plus loin en réclamant la tête de Navin Ramgoolam. Plusieurs autres, y compris Yatin Varma, en avaient fait de même. Peut-être avaient-ils raison, ou tort. Étant membres du parti, ils savent mieux que quiconque ce qui s’y trame. Mais la suite, on la connaît tous. Tout ce beau petit monde était par la suite rentré dans les rangs dès que le Lion ait sorti ses griffes. Pourquoi ? S’ils étaient vraiment sincères dans leur démarche, s’ils avaient vraiment l’intérêt du parti à cœur, pourquoi ont-ils abandonné leur lutte en cours de route ?

Qu’est-ce qui a donc changé cette fois-ci ? Arvin Boolell, prétendant légitime à la tête du PTr, a de nouveau remis en question le leadership actuel. C’est un défi à peine voilé qu’il a lancé au Dr Ramgoolam. On n’a pas ne serait-ce qu’une once de doute que d’autres voix contestataires viendront s’ajouter à la sienne dans les jours qui viennent. It’s the trend. Sauf que cette nouvelle fronde a un air de déjà vu. Et on doute fort qu’elle ne finira pas comme la précédente. Le Lion ne tardera pas à sortir de sa tanière pour revenir à la charge. De nature guerrière, il ne se laissera pas dompter aussi facilement. D’ailleurs, l’on dit, à tort ou à raison, qu’il n’y a personne au sein du parti qui peut vraiment prétendre pouvoir se mesurer à lui.

Il est certes impératif que le PTr se restructure et se refasse une nouvelle jeunesse. Il faut qu’il renoue avec ses valeurs. Le moment viendra où le changement sera inévitable. Cela va de soi. Mais on n’en est pas encore là. Lancer des attaques frontales contre Navin Ramgoolam à un moment où les yeux seront braqués sur les débats du discours programme, nous semble insensé. Cela s’apparente plus à faire le jeu du MSM, genre opposition loyale, qu’à autre chose. Le gouvernement doit sans doute se réjouir de cette tournure, surtout après les pétitions électorales. On parle même d’orchestration dans certains milieux…

Par contre, la démarche des cinq expulsés du parti n’est pas surprenante. Qu’ils viennent soudainement déblatérer leur haine à l’encontre de Navin Ramgoolam était tout à fait prévisible, même s’ils se sont couverts de ridicule en faisant son procès alors qu’ils avaient voté pour le reconduire au poste de leader en octobre dernier. Que Yatin Varma vienne maintenant réclamer des comptes sur les finances du parti alors que les allégations sur les dépenses de Navin Ramgoolam avaient été faites en pleine campagne électorale, du temps où il était lui-même ‘campaign manager’ de l’Alliance Nationale au no. 7, est encore plus grotesque. Mais que voulez-vous ? On n’a plus qu’à attendre la nouvelle de leur adhésion au MSM.

L’avenir nous dira qui avait raison et qui avait tort.