Le pion Soodhun

Soulagé d’avoir été trouvé non-coupable dans l’affaire des propos racistes qu’il avait tenus, Showkutally Soodhun a aussitôt réuni ses partisans dans la salle des fêtes de la municipalité de Vacoas/ Phoenix mercredi soir. D’emblée, il a proclamé qu’il serait de nouveau candidat au no. 15 aux prochaines élections, outrepassant dans la même foulée les prérogatives du Premier ministre. Une tentative sans doute de forcer la main de ce dernier, comme lui seul sait le faire. Cette annonce a toutefois pris au dépourvu les stratèges du gouvernement qui avaient, semble-t-il, déjà mis une croix sur une quelconque candidature de l’ancien vice-Premier ministre.

S’il est vrai que Showkutally Soodhun a joué un rôle prépondérant en ce qu’il s’agit du renforcement des relations diplomatiques et bilatérales entre l’Arabie Saoudite et Maurice, résultant en des dons et prêts financiers conséquents pour la concrétisation de certains projets d’envergure, il n’en demeure pas moins qu’un handicap pour le gouvernement. Ses excès de langage, ses exagérations allant jusqu’à s’autoproclamer « esclave de SAJ » ou ministre des Affaires islamiques ou ses fâcheuses manies de tirer dans les pattes ne le rendent guère indispensable aux yeux des dirigeants du jour, surtout pour Pravind Jugnauth qui, contrairement à son père qui voue une affection particulière à Soodhun, ne songe qu’à ses propres intérêts avant tout.

Showkutally Soodhun l’a d’ailleurs appris à ses dépens. Il a dû bien évidemment se rendre à l’évidence après qu’il ait été sacrifié sur l’autel de la politique dans le sillage de l’affaire des propos racistes. D’autant que son collègue Anil Gayan n’a lui écopé d’aucune sanction en dépit des propos bien pires qu’il avait tenus sur le « honour killing », tout en pointant du doigt la communauté musulmane. On lui prête d’ailleurs une amère déception de n’avoir pas été reconduit à son poste ministériel jusqu’ici bien que les Jugnauths lui eurent donné la garantie qu’il retrouverait le confort de son marocain ministériel dès qu’il soit innocenté dans cette affaire. Une promesse qui risque de rester vaine car rien n’indique que Pravind Jugnauth chamboulera son cabinet ministériel à ce stade, d’autant que la dissolution de l’Assemblée nationale est imminente.

Reste à voir si le « garçon » de sir Anerood obtiendra une investiture aux prochaines élections législatives ou si on lui promettra un poste d’ambassadeur afin de le tenir le plus loin possible du gouvernement au cas où le MSM revient aux affaires, histoire de ne pas l’entraîner dans des polémiques inutiles. Nous verrons ainsi si c’est le vœu de Showkutally Soodhun de redevenir ministre qui primera en retour de sa loyauté envers les Jugnauths père et fils, quitte à trahir sa communauté surtout concernant l’abrogation de la « Muslim Personal Law » entre autres, ou s’il sera aliéné pour assouvir les aspirations politiques du fils de son maître. On verra s’il est aussi irremplaçable qu’il le prétend ou s’il n’est qu’un vulgaire pion politique entre les mains des Jugnauths.