Logements sociaux: Demande en hausse !

Les logements sociaux à l’île Maurice sont bel et bien une réalité.  Depuis quelques années, le gouvernement mauricien fait l’effort afin de construire un quota de logements sociaux pour répondre aux besoins grandissants de la population.  Les chiffres ont sensiblement augmenté au cours des dernières années et dans le récent Budget présenté il y a environ deux semaines, le gouvernement projette de construire encore d’autres logements qui verront le jour sur le sol mauricien.

Marwan Dawood/ Christelle Gourdin

Actuellement ils sont au nombre de 30 323 demandeurs d’un logement social. Parmi ces demandeurs, 16 804 perçoivent un revenu total entre Rs 6 200 et Rs 10 000 mensuellement, 8 789 perçoivent un revenu mensuel entre Rs 10 001  et Rs 15 000 alors que les 4 730 restants touchent entre Rs 15 001 et Rs 20 000 mensuellement. De ce fait, le secteur de la construction incluant les logements sociaux connaît un net regain à l’île Maurice.  Cette année, le gouvernement a revu à la hausse le seuil d’éligibilité pour l’obtention d’une maison. En effet, ce seuil passe de Rs 10 000 à Rs 20 000.

Les chiffres que nous avons sous la main donnent une indication du nombre des maisonnettes construites durant les dernières années. En 2012, il y a eu la construction de seulement 508 logements. Ce chiffre a connu une nette amélioration en 2013, passant de 508 à 741 logements. Plus récemment entre 2015 et juin 2016, il y a eu la construction de quelque 655 logements  alors que 645 autres sont en passe d’être complétés d’ici le début de 2017.

Cependant, les travaux de construction pour 1225 logements d’une dimension de 50 mètres carrés ont déjà débuté sous le Batch III Programme.  Trois sites sont concernés, notamment à Goodlands (Madame Azor I et II) et à Cottage où 190 logements seront construits. La fin des travaux est prévue d’ici fin 2017.

De plus, le district de Rivière-Noire sera l’un des mieux lotis avec pas moins de 1 200 logements qui y seront construits lors des prochains trois ans sur les sites suivants :

Région Nombre de logements prévus d’ici 2019
Souillac 274
Rivière des Anguilles 380
Chemin Grenier 180
Britannia 64
Surinam 185
Gros Cailloux 86
Cascavelle 58

 

Les structures revues

La National Housing Development Corporation (NHDC) opérant sous l’égide du ministère du Logement et des Terres traite les demandes pour un logement pour les familles qui perçoivent un revenu mensuel éligible selon les nouveaux critères financiers. Toujours dans le budget, le gouvernement a décidé de revoir la dimension des logements qui passera de 39 mètres carrés à 50 mètres carrés.  La maison comprendra 2 chambres à coucher, ce qui est nettement mieux que les maisons construites auparavant, un salon, une cuisine et d’une salle de bains et des toilettes. La construction des blocs d’appartement ne sera plus privilégiée et chaque maison disposera d’une cour individuelle, ce qui permettra de respecter la vie privée de chaque famille. Au cas où le bénéficiaire souhaite agrandir la maison, il pourra le faire selon les plans proposés par la NHDC. Des travaux d’agrandissement qui pourront se faire à l’étage ou en horizontal.

Avant la construction des blocs de maison, les ingénieurs de la NHDC et des « Quantity Surveyors » effectuent des tests géotechniques sur le terrain en question afin de s’assurer que le terrain en question soit approprié pour la construction.  Après que tous les tests ont été effectués, si le terrain est approprié pour une construction, un appel d’offre pour le consultant est ensuite lancé basé sur des critères bien établis. Ce consultant assistera la NHDC dans le projet du début jusqu’à la fin. C’est tout un travail d’équipe qui s’engage. Un Project Manager, des architectes et des ingénieurs de la NHDC supervisent le projet.  Cette étape franchie, l’appel d’offres pour le constructeur est lancé.  À chaque étape de la construction, il y a des vérifications strictes qui sont faites afin de s’assurer que la construction se fait dans les normes et que dans le futur, cela ne représentera aucun risque pour les bénéficiaires.

Une fois la maison construite, il ne reste que la livraison à être effectuée aux bénéficiaires mais avant cela, il y a une étape additionnelle. Avant la livraison, la NHDC s’assure que la construction a été faite dans le respect de toutes les normes de sécurité.

Les syndics

Depuis quelques années, chaque quartier résidentiel de la NHDC se regroupe en une association appelée le « syndic ». Les résidents de chaque quartier votent pour leurs représentants aux différents syndics. À ce jour, il existe 41 syndics à travers le pays. De plus ces syndics ont un rôle important à jouer, notamment l’entretien des espaces communs de son quartier résidentiel. Mensuellement, le gouvernement contribue jusqu’à Rs 1,2 million aux syndics.

Cependant un bénéficiaire qui a déjà payé intégralement le prix de vente de sa maison auprès de la NHDC et qui de facto, en est déjà propriétaire, doit s’assurer de l’entretien de sa maison.  La NHDC entre en jeu uniquement si des réparations résultant de la faute du contracteur ou s’il y a des réparations majeures à être effectuées. En 2015, le ministère avait assigné une somme de Rs 443 millions pour effectuer des travaux de réhabilitation dans 70 anciens quartiers résidentiels de la NHDC à travers le pays. 10 000 familles sont concernées par ces travaux liés principalement au Waterproofing, aux toitures, remplacement des tuyaux etsystème d’assainissement des eaux usées.

La structure des maisons divise

Ils ont attendu plus de quatre ans pour obtenir un logement du gouvernement. La famille Dookee a bénéficié d’une maison à Petite-Rivière. Sheila Dookee y habite avec son époux et ses trois enfants. Pour eux la vie n’a pas été un long fleuve tranquille, nous raconte Sheila. «Nous avions fait une application comme tout le monde et les officiers de la NEF a pris quatre ans pour faire un suivi continu de notre dossier avant de finalement accepter de nous donner une maison.»

« Céki trapp poilon là ki conné »

Auparavant cette famille devait louer une maison pour s’abriter. «Nous sommes tous très heureux que nous avons pu bénéficier de cette maison», lâche Sheila, remplie d’émotions. Comme ses voisins, la maison des Dookee est composée de deux chambres, d’une cuisine, d’une salle de bain et des toilettes. «Certes au début nous avions des difficultés car la maison est étroite mais nous nous contentons de ce que nous avons. Et nous envisageons dans le futur d’agrandir notre petite maison puisque nous avons suffisamment de terre libre pour le faire. Mais ce ne sera pas pour demain. Mo bane zenfants pou éna ène toit lor zot la tête. Céki trapp poilon là ki conné. Mais gouvernement ine bien aide bane ti dimounes.»

Dans la petite région NHDC de Petite-Rivière, ils sont aux alentours de 59 familles à avoir bénéficier d’une maison. Sheila dit vivre en parfaite harmonie avec ces voisins : «Nous vivons comme une famille. Nous nous aidons les uns les autres.» Comme Sheila, les bénéficiaires doivent payer une somme de Rs 1000 mensuellement pour la première année. L’année suivante, une somme de Rs 200 viendra se greffer aux Rs 1000 et cela sur une période de 20 ans.

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« Nou bizin pez néné boire de l’huile »

Ce n’est pas le même son de cloche du côté de Marcel (prénom fictif) qui accepte de nous parler mais sous le couvert de l’anonymat.  Ce père de famille habite dans une petite maison de la NHDC à Chebel en compagnie de sa mère, son épouse et de ses deux fils. Même s’il est content d’avoir obtenu une maison du gouvernement, le quadragénaire estime cependant que la maison est beaucoup trop étroite pour une famille.  Allongée sur un matelas dans une pièce qui ressemble à la fois au salon et à une petite chambre, la mère de Marcel, habite avec son fils depuis un an après la mort de son époux.

Marcel, qui était locataire à Pailles, a vu beaucoup de ses meubles emportés par les eaux lors des inondations du 30 mars 2013.

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Attentes interminables

Malheureusement beaucoup de personnes n’ont pas les mêmes chances que Marcel et Sheila.  Des milliers de Mauriciens attendent d’être un jour propriétaire d’une maison pour s’abriter du soleil et de la pluie.

 

Le père Jean-Maurice Labour : « Le logement n’est pas suffisant pour combattre la pauvreté »

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Auparavant la construction des logements sociaux avait suscité des vives critiques de la part de plusieurs personnes, jusqu’à porter le nom de « lakaz boite zalimett ». Le vicaire général de l’Eglise catholique, le père Jean-Maurice Labour, qui était de ceux qui avaient élevé la voix dans le passé, estime que des améliorations au niveau de la structure des maisons sont désormais visibles. Cependant, il est d’avis que les 11 mètres carrés additionnels qui font que les maisons passeront de 39 mètres carrés à 50 mètres carrés, ne sont pas « suffisants». Joint au téléphone par Sunday Times, Jean-Maurice Labour dit constater qu’il y a un « sérieux manque d’intérêt » de la part des autorités responsables. Le vicaire général lance un appel dans ce sens pour que la situation soit revue.

Un accompagnement social réclamé

D’ailleurs, le père Labour estime aussi qu’offrir une maison aux pauvres n’est pas suffisant. Selon notre interlocuteur, d’autres mesures contribueraient à diminuer la pauvreté et cite par exemple un accompagnement social. « Ene logement pas suffit pou tir dimoune dans la misère ». Plusieurs facteurs sont à prendre en considération tels que l’entourage du logement  surtout les facilités aux écoles et aux emplois.  S’intégrer dans un environnement favorise à l’amélioration d’un mode de vie.

Être pauvres et isolés

D’après un constat que le père Labour a mis en exergue, le minimum vital d’une famille composée de deux adultes et deux enfants, est de Rs28 000, incluant l’éducation, la nourriture, le transport et les loisirs. Cependant, seules les familles qui ont un revenu de Rs5000-Rs6000, bénéficieront de ces logements sociaux. Ils sont donc dans une pauvreté extrême et il insiste à dire qu’un logement ne suffise pas pour les aider à mener une vie paisible.

Le père Jean-Maurice Labour conclut en disant que « c’est ene gaspillaze parceki beaucoup logement reste vide akoze bane dimoune pas rode alle rester pou bane raisons qui zot pas ressi integrer zot dan zot nouvo environnement et surtout ceki pli essentiel zot manque bane facilités travail».

Construction de 1 225 nouveaux logements

Région Unité de logement Coût (Rs million)
Goodlands (Madame Azor) 54 77
Goodlands (Madame Azor 2) 54 71, 8
Cottage 82 98, 2
Piton 86 123, 7
Henrietta 165 228, 1
Souillac 50 75
La Brasserie 10 17, 2
Goodlands (Near by pass) 70 98
Camp de Masque 86 120, 4
Montagne Longue 78 109, 2
Notre Dame 37 51, 8
Quatre Bornes (Bassin) 105 147
Chebel 96 134, 4
St. Hubert 48 67, 2
St. Julien 165 231
Seizième Mille 40 56

 

Pravind Jugnauth au Parlement Vendredi

 «  L’intention n’est pas de tout approprier. Nous avons vu ce qui s’est passé avec l’élimination des guidelines. Pour la première année, ce sera 50% et la seconde, de 75%. Pourquoi 50% ? Tout simplement, il y a un segment de la lutte contre la pauvreté qui ne retient pas l’attention des compagnies privées. Je parle du logement social. Il y a des raisons pour expliquer cela. Le logement social impose le recours à des ressources conséquentes. That’s why we need to do that to alleviate the problem of social housing. »