Il n’a cessé de nous briser le tympan depuis les derniers six mois à l’effet qu’il est le seul dirigeant au monde qui a pu réaliser l’exploit de faire de Maurice « Covid-safe ». Il l’a répété une fois de plus, tel un disque rayé, dans sa circonscription jeudi. Sauf qu’au moment même où il le disait, le pays avait déjà enregistré deux nouveaux cas, dont un local. Tout le monde le savait déjà, sauf Pravind Jugnauth. N’avait-il pas été informé par son ministre de la Santé ou son conseiller Zouberr Joomaye alors que ces derniers avaient, eux, été informés depuis la veille ? On n’ira pas jusqu’à rappeler le triste épisode des premiers cas où c’est le Premier ministre qui avait pris au dépourvu son ministre de la Santé alors que c’est tout le contraire qui s’est joué devant la population en cette fin de semaine mouvementée.
Mais restons sur l’essentiel. Maintenant qu’un nouveau cas local, atypique ou pas, a été recensé, on espère ne pas se retrouver avec un autre scandale sur l’achat d’équipements médicaux ou de médicaments. Désormais, le gouvernement ne pourra pas nous faire avaler la même pilule amère. D’autant que les respirateurs artificiels, acquis en urgence auprès de Pack & Blister et qui nous a coûté la somme vertigineuse de Rs 500 millions, sont toujours restés en travers de notre gorge, étant toujours inopérationnels. Heureusement qu’on n’en a pas eu besoin jusqu’ici. En passant, l’on se demande où en est-on avec l’enquête de l’ICAC sur toute cette affaire ? Attirera-t-elle les gros requins dans son filet ou se contentera-t-elle, comme toujours, des tilapias déjà coincés pour voiler les yeux de la population ?
On sait tous que l’arrestation de Bissoon Mungroo et consorts ne visait qu’à détourner l’attention de l’affaire Angus Road. Une opération cosmétique pour donner l’impression que l’ICAC travaille, sans que les grands manitous proches du pouvoir ne soient inquiétés. Pour maintenir cette perception, mais aussi pour renverser la table sur l’Opposition et déjouer leurs accusations dans l’affaire Angus Road, la commission anti-corruption s’active déjà à faire un autre coup. L’opération ‘sappe Lakwizinn’ est en bonne voie. Les enquêteurs de l’ICAC ne sauraient ainsi tarder à interpeller un politicien dont le nom a été cité dans l’affaire Saint-Louis. Le Premier ministre n’avait-il pas averti « atan zot pou koner ? » Voilà, on sera servi. Il pleuvra bientôt des représailles.
Roshi Bhadain en a eu un avant-goût avec les trois défections de son parti en milieu de semaine. Mais ce dernier ne lâche pas prise pour autant. « Wait and see », réplique-t-il à Lakwizinn. Ce qui sous-entend que d’autres éléments surgiront bientôt dans l’affaire Angus Road. Même Ivan Collendavelloo, ancien no. 2 et backbencher du gouvernement, ne comprend pas pourquoi Pravind Jugnauth reste boulonné à son poste. « Demandez à Pravind Jugnauth pourquoi il ne démissionne pas ». Une phrase lourde de sens. Surtout quand il a lui-même été révoqué dans le sillage de l’affaire Saint Louis. Pourquoi devrait-il en être autrement pour Pravind Jugnauth ?