Alors que le gouvernement met l’accent sur la performance économique en général afin d’atteindre un taux de croissance nettement supérieur au taux actuel, certains organismes parapubliques ont du mal à suivre le rythme. Si plusieurs affichent des pertes, dont Air Mauritius et la State Bank of Mauritius, d’autres arrivent à garder la tête hors de l’eau, en réalisant des profits qui sont cependant inférieurs aux attentes, à l’instar de SICOM, la Mauritius Ports Authority (MPA) ou encore la State Investment Company (SIC).  Cependant, ce ne sont pas tous les organismes parapublics qui publient leurs comptes, et on note que les rapports annuels de plusieurs de ces organismes ne sont pas mis à jour. Certains ont des rapports qui datent de… 2014-2015.

 

Air Mauritius

Pas de rapport annuel donc pour la compagnie nationale d’aviation mais un rapport trimestriel.  Malgré un nouveau record au niveau des recettes et de billets vendus, Air Mauritius enregistre des pertes de Rs 596 millions pour le premier trimestre de l’année financière 2018-2019. La raison principale est la hausse du prix du carburant. Pour le trimestre correspondant durant l’exercice précédent, Air Mauritius avait enregistré des pertes de Rs 180 millions. La compagnie aérienne soutient que trois facteurs expliquent cette contre-performance : l’augmentation du prix du carburant, la volatilité des taux de change et la rude concurrence. Air Mauritius a dû faire face à une hausse de 35 % du prix du carburant. Malgré une concurrence grandissante, la compagnie d’aviation enregistre un nouveau record au niveau des recettes, qui passent de Rs 4,6 milliards à Rs 4,9 milliards par rapport au premier trimestre précédent, alors que le taux de remplissage est « presque stable » avec 77,1 points.

State Bank of Mauritius

Les résultats trimestriels de State Bank of Mauritius (SBM) Holdings ont été finalement publiés le lundi 13 août. Pas de grande surprise, le groupe a subi des pertes de Rs 590 millions pour la période allant du 1er avril au 30 juin 2018, contre des bénéfices nets de Rs 728 millions pour la même période en 2017. Ces pertes sont attribuées, selon Kee Chong Li Kwong Wing, le chairman du groupe, à une fraude de Rs 932 millions ($27 millions) commise au préjudice de la banque et impliquant une société de Dubaï, pour laquelle la SBM a dû intégralement faire provision durant le trimestre en question. Le montant total lié aux provisions s’élève à Rs 1,4 milliard pour la même période pour tout le groupe, ce qui implique la prise en compte d’autres charges pour des prêts non performants. Au niveau des résultats du pôle bancaire, les pertes s’élèvent à Rs 103 millions, comparées à des profits après impôts de Rs 676 millions, réalisés l’année dernière. Quant au montant des provisions pour la banque, il se situe à Rs 1,1 milliard.

Mauritius Ports Authority

L’excédent net de Rs 823,1 millions enregistré l’année dernière, qui était à un niveau record, était principalement dû à l’appréciation du dollar américain à la fin de l’année 2015, entraînant un gain de change de Rs 332,7 millions. La dépréciation de la devise au 30 juin 2017 a entraîné une perte de change de Rs 19,4 millions, affectant ainsi l’excédent net déclaré. L’excédent d’exploitation de la MPA pour la période de 18 mois s’élevait à 757,3 millions de roupies au 30 juin 2017 et se comparait bien à l’an dernier, soit Rs 539,4 millions pour une période de 12 mois. L’excédent net a été affecté par le renversement du gain de Rs 332,7 millions en perte de 19,4 millions de roupies. L’excédent net déclaré à la fin de la période de 18 mois terminée le 30 juin 2017 est donc de Rs 692,9 millions.

 

State Investment Corporation

Dans le rapport annuel de la SIC en date de juin 2018, on note que la compagnie a offert plusieurs garanties bancaires en 2016 à trois casinos tombant sous sa houlette mais qu’en 2017, les garanties bancaires affichent zéro. Cependant, pour 2016, la somme totale de garanties bancaires auprès de la SBM et la MCB sont à hauteur de Rs 64 millions.

Par ailleurs, la compagnie a également apporté un support financier à ses subsidiaires pendant l’année 2017 dont Beach Casino, Casino de Maurice, Sun Casino Ltd, le Grand Casino du Domaine et le Caudan Waterfront Casino. Pour l’exercice 2017, la société a enregistré une perte de Rs 172 261 945, accumulée par les casinos. Les chiffres disponibles dans le dernier rapport annuel font alors état d’un retour sur portefeuille d’investissement à hauteur de 2,57 %, très faible selon les observateurs. Le gros morceau des dépenses de la SIC est sans nul doute les salaires, d’autant plus que les Casinos de Maurice ont surtout la réputation d’être un fourre-tout de nominés politiques, ce qui plombe inévitablement les comptes de salaires inutiles, ce qui avait mené au commentaire cinglant de sir Anerood : « Nek dan Moris ki kasino perdi larzan ! ». Depuis plusieurs années, la gestion de ces casinos avait été confiée à des tierces personnes, avec une grosse perte au niveau des revenus à la clef. Actuellement, la SIC opère quatre casinos : le Casino du Caudan, le Grand Casino du Domaine Les Pailles, le Casino de Curepipe et le Casino de Grand-Baie

De l’autre côté…

Jetons un œil sur le classement rendu public dans la revue Top 100 Companies (édition 2018). Il y a du bon et du moins bon, pour ne pas parler de catastrophe…  La State Trading Corporation (STC) se hisse à la première position dans le classement des corps paraétatiques, avec un chiffre d’affaires de Rs 26 milliards, suivie par le Central Electricity Board (CEB) et de la Private Secondary Schools Authority (Rs 3,89 milliards).

L’État grandement responsable

Un déséquilibre qui ronge les caisses de l’État. Celui-ci est en situation de déficit fiscal lorsqu’il enregistre un excès de dépenses par rapport à ses recettes dans une année donnée. Mais un déficit chronique est source de sérieuses difficultés économiques. Le déséquilibre fiscal est l’indicateur par excellence de la santé des finances publiques. Les trous budgétaires sont généralement la conséquence de ces balances négatives qui se sont accumulées dans le passé. Ils témoignent d’une difficulté de l’État à générer suffisamment de revenus pour payer ses dépenses et pour honorer le paiement de ses dettes. Lorsque les rentrées d’argent ne suffisent pas pour absorber la croissance dans les dépenses, l’État est obligé d’emprunter pour balancer son budget. Mais l’incursion sur le marché de la dette n’est pas sans conséquences, tant du point de vue de la fiscalité que celui des secteurs productifs.