Entre Pravind Jugnauth et Roshi Bhadain le torchon brûle de plus belle. A-t-on atteint le point de non-retour entre le leader du MSM et le ministre de la Bonne gouvernance ? L’affaire Megh Pillay va-t-elle la goutte d’eau qui fera déborder le vase du Sun Trust où l’élu de Belle-Rose/Quatre-Bornes a souvent brillé par son absence ou son silence ces derniers temps, surtout depuis qu’il a laissé des plumes avec le projet à l’allure de mirage nommé Heritage City ?
Alors que tout le monde sait que ce serait Pravind Jugnauth et son proche entourage qui auraient eu le dernier mot dans la décision du conseil d’administration de trancher en faveur de Mike Seetaramdoo, synonyme de révocation de Megh Pillay, Roshi Bhadain a osé venir à la rescousse de ce dernier en évoquant les principes de bonne gouvernance qui n’ont pas été respectés lors de la réunion d’urgence dans le ‘boardroom’ du Paille-en-Queue Court la semaine dernière. Dans le camp du fils de SAJ, on prend très mal la démarche de ce membre du gouvernement, le seul à se manifester publiquement et à rencontrer physiquement l’ex-CEO d’Air Mauritius dans les locaux de son ministère à Ébène à un moment où son chef de parti et prochain Premier ministre est en mission officielle en Chine. Pourquoi cet empressement de prendre position quels que soient les dessous qui ont conduit au débarquement immédiat de ce gestionnaire qui a fait ses preuves et laissé ses empreintes là où ses compétences ont été requises ?
Showkutally Soodhun et Ivan Collendavelloo ont soutenu la décision du Board, donc celle de Pravind Jugnauth, qui a été appelé à trancher le conflit Pillay-Seetaramdoo. Entre le leader du ML et Bhadain, les relations sont en dents de scie et c’est au tour du no 3 du gouvernement maintenant de venir affirmer que le ministre de la Bonne gouvernance, des Services financiers et des Réformes institutionnelles devra assumer la conséquence de ses actes, le dernier étant sa position qui va à l’encontre d’un choix logique et premier-ministériel, à en croire l’entourage de celui qui aspire à succéder à son père à la tête du gouvernement. Ce dernier ne s’est pas fait prier pour afficher son soutien et sa solidarité en faveur de son conseiller Gérard Sanspeur lorsqu’il a fallu trancher, sans faveur ni frayeur, sur le dossier Heritage City, lequel était devenu une obsession quant à sa réalisation seulement quand piloté par Roshi Bhadain. Pour le ministre des Finances, il était hors de question de s’embarquer mains et pieds liés pour que sorte sous terre une nouvelle ville administrative alors même qu’il semblerait qu’il y avait anguille sous roche…
Depuis le retour de Pravind Jugnauth au sein du Cabinet suivant la décision de la Cour suprême de casser le jugement de culpabilité de la Cour intermédiaire dans l’affaire MedPoint, Roshi Bhadain a vu ses illégitimes ambitions de prendre la place de Vishnu Lutchmeenaraidoo à la tête du Trésor public s’envoler. Au lendemain même de la titularisation du fils de SAJ comme Grand argentier, une peau de banane avait été glissée sous ses pieds concernant la défunte Brammer Bank et les plus avertis n’ont pas manqué de rappeler qu’il n’y a pas deux sources de cette fuite d’information sensible visant à nuire au leader du MSM. Au Sun Trust, les réunions du bureau politique surtout devaient confirmer qu’un froid s’était installé entre le duo Pravind-Roshi. Déconfit et désorienté depuis qu’il est sorti déplumé de son rêve nommé Heritage City, Roshi Bhadain a tenté par tous les moyens de se réhabiliter parce qu’il était devenu l’homme perçu comme une épine dans les pieds du gouvernement, dans ceux de l’Alliance Lepep, Ivan Collendavelloo en étant témoin et victime, et dans ceux du MSM, Koomaren Chetty s’étant lui aussi plaint à la direction du parti de la rue Edith Cavell d’un certain comportement dans la circonscription qui ne fait pas honneur aux idéaux leur formation politique.
Megh Pillay pourrait bien avoir été victime d’un complot ou d’un règlement de compte. Mais était-ce le rôle de Roshi Bhadain de venir démontrer publiquement son désaccord sur la façon de faire du Board de MK, sachant pertinemment d’où l’ordre est venu ? En choisissant de donner des leçons de bonne gouvernance à tous ceux qui, au gouvernement ou aux bien placés de l’Executive Floor de l’Air Mauritius Building, le ministre très contesté désormais par un trio composé de Soodhun, Collendavelloo et Lutchmeenaraidoo risque de voir de toutes les couleurs au retour de Pravind Jugnauth au pays. Ce dernier ne se fera pas prier pour lui dire ses quatre vérités parce qu’il a osé défier son autorité. En attendant qu’il prend la place de son père et remanie son Cabinet pour une nouvelle impulsion au travail collectif et à la cohésion qui fait cruellement défaut.