[Propositions budgétaires] Exercice futile, clament des syndicalistes

Le ministère des Finances met en branle sa machinerie en préparation du budget 2024-2025, et comme à l’accoutumée, les différents syndicats sont conviés à une réunion avec le ministre pour faire part de leurs propositions pré-budgétaires, qui demeurent d’une importance capitale pour les syndicalistes. Toutefois, certaines voix s’élèvent pour dénoncer un processus qui semble plus rituel que réellement efficace.

Amar Deerpalsing : « Plus une tradition qu’une démarche utile »

Le porte-parole de l’Association des Petites et Moyennes Entreprises (PME), Amar Deerpalsing, ne mâche pas ses mots concernant les consultations budgétaires récentes avec le ministre des Finances. Depuis 2020, il avance avoir fait des propositions pour résoudre les problèmes administratifs auxquels font face les entrepreneurs, demandant un soutien pour leur permettre de respirer. « Malheureusement, aucune action n’a été prise dans ce sens. L’utilisation continue de l’E-Platform comme moyen de promotion pour les entrepreneurs est un sujet de déception et se fait toujours attendre. De plus, il s’avère que selon les statistiques, le secteur des PME a régressé lamentablement depuis 10 ans, et rien n’a été fait pour y remédier », dit-il. Amar Deerpalsing déplore le manque de concrétisation des mesures annoncées dans les budgets précédents pour soutenir les PME. Il estime que les consultations budgétaires sont plus une tradition qu’une démarche véritablement utile, et souligne également le manque de suivi après ces consultations, ainsi que le fait que même si les propositions sont prises en compte, leur implémentation n’est pas garantie. « Je trouve que c’est ridicule de faire des propositions et de participer à des consultations budgétaires pour voir, par la suite, que nos demandes ne sont pas retenues. L’an dernier, on a même vu le contraire de ce qu’on avait réclamé », déplore-t-il.

Narendranath Gopee : « Discussions, pas seulement consultations »

Narendranath Gopee, de la ‘National Trade Unions Confederation’, met l’accent sur la décentralisation de la ‘Public Service Commission’, une proposition maintes fois avancée. Il souligne l’importance des consultations budgétaires, mais déplore leur brièveté, ainsi que le manque de suivi et de véritables négociations. Il insiste sur la nécessité d’inclure toutes les parties prenantes, nationales et internationales, dans le processus budgétaire, afin que celui-ci résulte d’un processus consultatif approfondi plutôt que du pouvoir discrétionnaire exclusif du ministre des Finances. Selon lui, il est crucial de consulter les confédérations, fédérations et ONG pour orienter le budget, et de le concevoir comme un document élaboré après plusieurs mois de consultations. Il demande également la création d’une ‘Parastatal Service Commission’ pour améliorer le recrutement basé sur les compétences.

Une autre proposition concerne le risque de pénurie d’électricité et la possibilité de “blackouts”, similaire à ceux observés ailleurs, comme à l’île de la Réunion. Le syndicaliste exprime son inquiétude quant à la perspective que Maurice puisse être confrontée à une telle situation dans les années à venir, si des décisions concrètes ne sont pas prises à l’avance. Il souligne également la croissance des investissements dans le pays. « De plus, le gouvernement envisage d’étendre son projet de Metro Express, nécessitant une quantité importante d’énergie », dit-il. Dans ce contexte, le syndicaliste exprime le souhait de voir exploiter d’autres sources d’énergie et s’interroge sur la concentration du gouvernement sur l’énergie solaire au détriment d’autres options. Il estime que cela devrait être pris en considération, d’autant plus que cela ne représenterait aucun coût supplémentaire.

Judex Rampaul : « Réviser la façon dont sont menées les consultations »

Le syndicat des pêcheurs exprime également sa frustration quant aux consultations budgétaires récentes. Son président, Judex Rampaul, souligne que de nombreuses propositions faites dans les budgets précédents n’ont jamais été mises en œuvre, et déplore le manque de suivi et d’engagement à résoudre les problèmes du secteur de la pêche. Il estime que les consultations doivent être plus que de simples formalités et que les propositions des syndicats doivent être sérieusement prises en considération pour des changements concrets. Il exhorte à une meilleure implémentation des projets et des propositions, soulignant que répéter les mêmes problèmes à chaque budget n’est pas viable.

Judex Rampaul exprime son mécontentement face à l’absence de changement dans la situation des pêcheurs malgré les plaintes adressées au ministère de la Pêche et les avertissements lancés. Il constate une détérioration totale du secteur, et souligne que certains développements se sont révélés nuisibles pour les pêcheurs. Revenant sur les consultations budgétaires, il insiste sur la nécessité de se concentrer sur la mise en œuvre des projets et des propositions. « Bien que 70% des propositions aient été prises en compte, cela ne suffit pas. Par exemple, les barachois dans le précédent budget, c’est une mesure annoncée par le ministre des Finances mais qui n’a toujours pas été concrétisée. D’autres secteurs sont impliqués, ce qui ralentit la mise en œuvre de cette annonce. Les consultations sont nécessaires, et la voix des syndicalistes doit être entendue », insiste-t-il.

En conclusion, les syndicalistes demandent plus que des consultations superficielles ; ils réclament des discussions sérieuses, un suivi rigoureux et une réelle volonté d’implémenter les propositions pour améliorer les secteurs économiques et sociaux du pays.