Questions à Akil Bissessur, avocat : « On a voulu m’incarcérer injustement à deux reprises »

Q : Êtes-vous soulagé après le jugement de la cour dans l’affaire qui vous opposait à Sherry Singh ?

Je suis soulagé, mais pas surpris par le jugement. Dès le départ, mon panel d’avocats, composé de Mes. Yusuf Mohamed, Ashley Hurrhangee et Samad Goolamally, et moi-même étions confiants qu’aucune offense n’avait été commise. Je me suis rendu au CCID aussitôt qu’on m’avait convoqué et j’ai justifié, preuves à l’appui, la « truthfulness » des propos que j’avais tenus dans mes cinq vidéos sur les richesses inexpliquées de Sherry Singh.

Avant même que je ne sois convoqué par le CCID, j’avais logé une plainte officielle à l’« Integrity Reporting Services Agency » (IRSA) pour demander qu’une enquête soit initiée sur les richesses inexpliquées de Sherry Singh. Comme toutes les autres institutions qui ne fonctionnent pas à Maurice, l’IRSA n’a donné aucune suite à ma déposition.

Q : Pourquoi avez-vous évoqué un excès de zèle de la police dans cette affaire ?

Il n’y a pas eu qu’excès de zèle ! Avant même que je ne commence à donner mon enquête, mon avocat Samad Goolamally avait dit au ‘Chief Enquiring Officer’ l’ASP Downath – que je vais d’ailleurs poursuivre – que j’étais d’accord pour donner ma déposition, sans observer mon droit de silence, mais qu’il serait souhaitable que la police enquête d’abord sur la véracité de mes propos avant de décider s’il fallait m’arrêter ou pas.

Or, selon lui, même si ce que j’avais soutenu est vrai et même si j’arrivais à le justifier, du moment que Sherry Singh s’était senti « prejudiced », cela sous-entend qu’une offense avait été commise. Ce qui est quand même incroyable ! Cela avait été inclus dans la motion que mon panel d’avocats avait logée en cour, en s’appuyant aussi sur le jugement de la Cour suprême dans l’affaire Seegum contre l’État, pour démontrer à quel point l’enquête était « tainted ».

J’aimerais aussi savoir pourquoi la police avait subitement arrêté d’enregistrer mon enquête le premier jour alors que je justifiais, preuves à l’appui, tout ce que j’avais dit sur Sherry Singh. Et à mon retour au CCID le lendemain, j’ai été arrêté et traduit en cour sans que je ne puisse poursuivre ma déposition puisque celle-ci était clairement en ma faveur. Cette arrestation était survenue au même moment que Sherry Singh animait une conférence de presse au Château Mon Désir à l’hôtel Maritim pour s’autoproclamer prince. D’ailleurs, avant même que je fasse mes vidéos, j’avais déjà sollicité un avis légal.

Q : À peine le verdict de la cour tombé que vous voilà venu avec une nouvelle vidéo contre Sherry Singh. Pourquoi cet intérêt envers ce dernier ?

Parce que c’est lui le chef de Lakwizinn qui pourrit ce pays. Tout passe, pas par le Premier ministre, mais par Sherry Singh. Quand j’ai eu des preuves de tout ce qu’il a commis en utilisant ses pouvoirs en tant que CEO de Mauritius Telecom, qui est l’un des paraétatiques les plus puissants, pour allouer des contrats à des proches, j’ai voulu le démasquer. Est-ce que c’est sa proximité avec le clan Jugnauth qui l’a conduit à obtenir autant de richesses incroyables ?

Q : What next ?

Je poursuivrai l’État et le Commissaire de police en Cour suprême. Quant aux policiers impliqués dans mon arrestation que je considère « ultra vires » (ndlr : illégale), je les poursuivrai individuellement en cour intermédiaire. Je tiens à faire ressortir qu’un policier m’avait confié, lors de mon arrestation, qu’une place avait déjà été nettoyée pour moi à Alcatraz. Si la cour ne s’était pas montrée indulgente envers moi en m’accordant la liberté conditionnelle le même jour, ‘mo ti pou reste endans’. On m’avait aussi arrêté arbitrairement une deuxième fois pour avoir prétendument publié une fausse nouvelle alors qu’une autre personne avait déjà reconnu avoir posté cette vidéo. On a voulu m’incarcérer injustement à deux reprises. Je ne vais pas le tolérer.