[Rapport V-Dem] Censure des médias : ‘Dubious first place’ sur 20 pays

Autrefois salué comme la seule démocratie libérale en Afrique subsaharienne, Maurice a récemment introduit plusieurs réglementations qui restreignent le travail des sociétés de radiodiffusion et des journalistes, tandis que les efforts de censure des médias du gouvernement se sont intensifiés de manière significative depuis 2019. La série d’actions portant atteinte à la démocratie a conduit à la déclassification de Maurice au rang d’autocratie électorale en 2023.

Au sujet de la liberté d’expression, le rapport souligne : “Freedom of expression including freedom of the media is what “aspiring autocrats” attack most often and to the greatest degree. Government censorship of the media takes a dubious first place on the top 20 list. It worsened in 45 countries over the past ten years. Among the worst government offenders when it comes to increasing their efforts to censor the media are El Salvador, India, and notably Mauritius. The latter island nation is a long-standing democracy where several rights and freedoms have deteriorated significantly in the last few years.”

Rajen Narsinghen : « Ce sera pire en 2025 »

Comparativement au rapport précédent, celui de 2024 est très scientifique, et des méthodologies quantitatives et qualitatives ont également été utilisées. Le rapport montre clairement que le pays se dirige vers la dictature, et selon l’analyse de Rajen Narsinghen, il n’y a pas de retour en arrière. Le professeur de droit ajoute que la réputation du pays a pris un sérieux coup et que les conséquences seront visibles dans un futur proche à travers la chute des investissements.

 « C’est un rapport qui est incontestable. D’autant que Maurice a été qualifié comme une ‘liberal democracy’, c’est-à-dire une démocratie où la majorité règne tout en respectant les minorités, non seulement en termes de communauté, mais également en permettant à une opposition représentant 30 à 50% de la population de s’exprimer, avec des élections libres et équitables. Depuis 2014, Maurice était le premier pays du continent africain, mais aujourd’hui, d’autres pays sont en train de le dépasser. Avec le gouvernement actuel depuis 2014, il est inévitable que le pays se dirige vers une autocratie », affirme-t-il. Il insiste également sur le fait que la pandémie de Covid-19 a vu la mise en place de mesures antidémocratiques, et revient également sur les amendements de l’IBA, concernant les pages publicitaires, où certains médias ont été pénalisés. La liberté d’expression des journalistes ainsi que celle des universitaires est bafouée et n’est plus respectée. Il prend pour exemple ce qu’il a vécu à l’Université de Maurice, où on l’a forcé à soumettre sa démission.

 « Ce qui est encore plus grave, c’est que Maurice a été classé parmi les 10 pays qui s’acheminent vers l’autocratisation », lance Rajen Narsinghen. Selon lui, il n’y a pratiquement pas eu de changement entre le rapport de 2023 et celui publié en 2024, et il y a également d’autres atteintes à la démocratie, tout comme à la liberté d’expression. « Malgré les décisions de l’Organisation des Nations Unies, le gouvernement continue de restreindre la liberté des citoyens mauriciens. Il n’y a pas seulement une mainmise sur les institutions, mais avec la ‘Financial Crime Commission’, le gouvernement cherche à usurper le pouvoir du DPP, ce qui va à l’encontre de la section 72 de la Constitution. Et le rapport de 2025 sera encore plus grave pour Maurice. Les répercussions auxquelles le pays devra faire face sont nombreuses : le nombre de touristes foulant le sol mauricien pourrait connaître une baisse, car ces derniers pourraient hésiter à visiter un pays où la liberté d’expression est bafouée. Sans compter que cela pourrait également avoir un impact sur les investisseurs qui souhaitent venir investir dans le pays », conclut-il.